L'homme de cent vingt ans

On n'est pas sérieux quand on a cent vingt ans,
N'ayant plus aucun muscle et plus aucune graisse,
Le coeur presque immobile, à peine palpitant,
Et plus aucun cheveu et ni ventre ni fesses.

On ne sait plus du tout comment était le temps
Des premiers pas du corps, de la première messe,
On ne sait ce que c'est que d'être bien portant.
On se sait un vivant, oui, mais de quelle espèce ?

Ne reconnaissant plus ce vieux fils d'une femme,
Les médecins ont pris son encéphalogramme,
Et le signal a dit : « Ça ne va pas très fort. »

Ne pouvant plus manger, ayant un regard vide,
L'homme de cent vingt ans est hélas trop timide
Pour oser demander qu'on débranche son corps.

Même si ceux qui sont soumis à ces machines...ces expériences...n'ont pas cet âge, ils souffrent et ne demandent qu'une seule chose!

Qu'on leur foute la paix!

Sonnet de révolte qui sonne juste.

Sylvie

Une dernière volonté sur un lit de mort technologique... Au retour au naturel qui nous ferait du bien.

Ca faisait un moment que je n'étais pas tombé sur un truc aussi bon, moi, ça me parle. C'est fluide, bien dit et le propos, sans relever du génie, est bien tenu et intelligent.

L'acharnement thérapeutique en sonnet... il fallait oser et savoir en parler comme ça.

En lisant le premier vers, je m'étais attendu à quelque chose d'amusant, d'ironique... et pour finir ça vous laisse un goût amer en bouche, cette lecture.
J'aime le ton, volontairement léger pour ne pas tomber dans l'ornière du dramatique ou du grandiloquent.

"On se sait un vivant, oui, mais de quelle espèce ?"

J'ai aimé.

Et "crac" je retourne chez "l'auteur à la une"

Car merde ( excusez le langage) mais oui...il y a des textes chez cet auteur qui mérite qu'on s'y attarde et celui-ci en fait vachement partie.

Merci IO de ces sonnets si variés et agréable à lire quel qu'en soit le sujet.

Sylvie

Tiens, je n'avais pas laissé de traces ici.
Loué soit le Mur à Dédé qui me permet de combler ce vide.

Nilo, à mi-chemin.