J'ai grandi.

Ce soir, au tribunal : ma conscience, mes mots.
Ils m’ont donné la vie quand maigre, le coeur gros
J’inventais ces ailleurs béats dont on se moque...
Écrivain ! vagabond ! Je pleurais mon époque.

Aujourd’hui je me hais, je souffre de me lire ;
- A moi ! Pour moi ! Par moi ! Je crève, je transpire
Les mots du Bien-aimé ! Je m’adoube Narcisse !
Je suis Dieu-né ! Je suis le créateur d’abysses !

Dites-moi de cesser... Les rimes sont faciles,
Je n’ai plus de beauté que des effets de style,
Allez ! J’avoue bien fort : les rêves sont partis.
Je pleure sur mon sort, je saigne : j’ai grandi.


Z 2 05 10

Il est difficile de lire ses vieux textes. Les goûts et les aspirations artistiques changent. On se relit, et on se dit "c'est moi qui ai écrit ça?" Celui qui écrivait il y a deux ans n'est déjà plus.

Raphaël a écrit:Il est difficile de lire ses vieux textes. Les goûts et les aspirations artistiques changent. On se relit, et on se dit "c'est moi qui ai écrit ça?" Celui qui écrivait il y a deux ans n'est déjà plus.

Et ouais, en même temps, tant mieux... je serais assez peu fier de toujours trouver bonnes les merdes que j'écrivais à quinze ans.

Sinon, le texte est bien, l'idée y est bien traitée.

Nos vieux poèmes dénouent les vers tortueux qui nous lient à nos cheveux bientôt blanc

Je ne comprend pas vos références aux "vieux poèmes"... Je ne parle pas de mes vieux textes mais de la difficulté de parler de soi en permanence (ce que nous faisons tous) et de la difficulté d'être, en plus, complimenté pour ça. Un égo applaudi se renforce, alors qu'écrire demande une remise en question permanente et de l'humilité.

Cela dit, merci de votre passage.

Z, bavard.

Je m’adoube Narcisse !
Je suis Dieu-né ! Je suis le créateur d’abysses !

Alors que Pénélope aux jours qui l'amoindrissent
Remet sur le métier au balcon des abysses
Le temps qui se repaît de l'ennui qu'elle tisse,
Le poète s'en va, se prenant pour Ulysse.

Et Z. en mal de mots nous fait une Odyssée.

Nilo, l'aventure c'est l'aventure.

"Dites-moi de cesser... "

Compte pas sur moi.

Zlatko a écrit:Je ne comprend pas vos références aux "vieux poèmes"... Je ne parle pas de mes vieux textes mais de la difficulté de parler de soi en permanence (ce que nous faisons tous) et de la difficulté d'être, en plus, complimenté pour ça. Un égo applaudi se renforce, alors qu'écrire demande une remise en question permanente et de l'humilité.

Cela dit, merci de votre passage.

Z, bavard.

"Je n’ai plus de beauté que des effets de style," Cette phrase, pour un lecteur extérieur à ta pensée propre, évoque l'évolution de l'écriture de l'auteur bien avant des difficultés de parler de soi.

Ce que nous ne faisons pas toujours, ce que nous faisons nous rejoint avant de nous ressembler.

Au delà du style que j'ai reconnu et bien apprécié, il y a le sens profond qui est un cri d'angoisse, du seul appel à une quelconque sollicitude qui est une trahison !
Puisque le dialogue qui compte chez le poète ne saurait être réduit à une masse indifférente, le poète n'est pas un moule à foule qui se défoule ainsi de sa prétendue différence ! Le poète n'est pas un fourbe jaloux. Le poète vise plus haut et plus large. Quand il tombe, c'est de haut et ça écrase grave ! Hors le monde et hors les modes. Il regarde ailleurs, tel un magicien, pour mieux vous éblouir. Le nombril n'est pas un terrain d'inspiration fertile.
Mais, voulu ou non, il est bon de se tester parfois, même si ça fait mal.
Il est heureux de nous le dire, même si c'est Thésée

Dam.

J'ai lu ton poème et j'y ai trouvé de la profondeur mêlée au doute que souvent les artistes mettent en avant.

Je ne saurais dire si c'est un poème qui date ou pas...Mais ce que je sais c'est qu'il a été puisé au centre des idées et j'ai réellement aimé l'authentique accroché au talent de l'auteur

Sylvie

Tu as grandi, en effet, Zlat. Et cette remise en question n'affecte pas tes rimes, celles que j'aimais. Alors poursuis, du romantisme tu viendras au nihilisme, la poésie sera juste derrière, comme une délivrance.

Content de te, de vous retrouver.

Pourquoi on regrette (peur ?) de grandir, de prendre de la distance, d’aller en avant – même en perdant dans nos yeux cette magie d’enfant.
Oui, si on sait déjà avouer cela – on a fait un pas, petit ou grand, qui sait ? J’entends battre le tambour…
Solweig