A mon frère qui n'est pas mort- F.Léotard

IL aimait la nuit. La nuit l'aidait à vivre. Elle venait sur lui, il la pénétrait.C'etait sa vraie compagne. Lorsqu'elle s'approchait, il tendait les bras, s'accoutumait à elle avec des alcools, recommencait à jouer apres l'entracte du matin, apres ses blessures.
Un jour il m'avait dit, comme pour me prevenir: Qui va à sa perte, se perte l'accueille. J'avais retrouvé cette phrase, ensuite, longtemps apres, dans un de ses livres. Je la prenais pour moi comme il devait la prendre pour lui.Mes nuits etaient celles de tout le monde. Les siennes lui appartenaient en propre.
Les banquiers, les gens isntallés, les epiciers, les notaires, moi certainement, nous faisions de nos nuits des moments d'absence, des parantheses. La fatigue, les soucis, c'est ce qu'il y a de plus desesperant dans la clarté du jour.
Sa vie à lui s'echappait au moment de l'aube.

P37 ...un peu plus que le chapitre 2 mais ça tombait plutot bien.

Très belles lignes.
Et qui me disent tant de choses...

Nilo, noctambule à toute heure.

A moi aussi, c'est exactement ça. Il n'y a pas de raison technique explicable, de pourquoi, mais on sent obscurément que la nuit tombe, même sans la voir ; et ces minuits, deux, trois, cinq heures du matin sont à mon avis une récompense : d'avoir enduré un jour, on gagne le droit de jouir d'une nuit.

Z.