Faudrait

Faudrait


C’est trop pour un seul homme de s’entendre vieillir, à s’inventer des vies, des rôles sous les rides en dedans de la tête…

Faudrait ne plus céder à ses débordements, l’ordinateur facile en prévision de l’âge, qui guette sous la peau…

Faudrait se voir au loin, ne plus parler d'un autre, de tous ses comédiens, leurs os roués de coups, à fleur de caresses…

Faudrait, pour avancer, éteindre ses lumières, s’éloigner des miroirs, réinventer le temps, prendre le train de la relève, amnistier son passé…

Faudrait tout oublier !
Oublier l'autre rive, où y’a même plus d’aiguilles pour arrêter les heures…

Faudrait ne plus s’écrire, désapprendre les peurs…

Faudrait ne plus parler de ce vent qui dessine, dans l'ivresse des roses l’illusion de marées. Le transparent des murs et leurs voix clandestines qui nous hantent le cœur…

Faudrait si je pouvais, ne plus tenter le diable et des anamorphoses, éthériser le verbe. À tant d'éclats de vers, aux silences des pierres, contourner les miroirs, l'autre reflet de l'eau.

Il faudrait l'impossible…
Ne plus creuser le vide, au ventre des statues…

et faudrait pas croire que c'est facile de s'en foutre, même si on lui doit tout, comme l'essentiel est ailleurs...

Dam, ne rien renier, mais s'en foutre.

Beaucoup de trés belles images et une musique presque parfaite. Presque parce que "Prendre le train de la relève" m'écorche un peu l'oreille.



Swann,

Dam a écrit:et faudrait pas croire que c'est facile de s'en foutre, même si on lui doit tout, comme l'essentiel est ailleurs...

Dam, ne rien renier, mais s'en foutre.

Merci Dam pour ton passage et ton commentaire, mais je n'ai pas saisi l'idée du "s'en foutre ou pas". En fait, je ne vois pas ou cette question se pose, puisqu'elle n'esti pas le sujet pas dans le texte.

Merci de m'éclairer, si possible.

Jacques

C'est ce que j'ai ressenti (personnellement) après lecture ; c'est peut-être exagéré, approprié et déplacé.. une extrapolation assumée quoi qu'il en soit.
Sur le sens, j'ai ressenti un besoin d'évasion, de tranquillité, une aspiration à la légèreté sans régression. Mon 's'en foutre' n'est pas péjoratif même si c'est un trait d'humeur qui se réclame du point d'honneur. Il signifie 'la paix' 'c'est pas le moment', 'chaque chose en son temps'.
Pardon Cbello si, d'aventure, j'ai dérapé sur tes mots ?

Dam.

C'est la deuxième fois aujourd'hui que je te lis et cette fois encore la fin de ton texte me met en arrêt. Rien que cela est une leçon de poésie et je t'en remercie (ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas sensible à l'ensemble du poème).

Un ressenti qui fait croire que le passé pourrait empêcher le temps d'avancer.

Je n'ai qu'un seul et unique regret ( mais je suis assez pointilleuse sur ça je l'avoue )

Le titre qui aurait pu être autre et qui aurait mis en valeur le mot "faudrait"