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Louise accuse

2 participants

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Louise accuse Empty Louise accuse

Message  LCbeat Jeu 28 Mar - 18:35

Nous sommes méprisables !
crie-t-elle. Nous sommes merdiques !

Louise accuse les inspecteurs des finances, les banquiers, les ours polaires dont la mort ne fait que la mettre dans un état de perplexité rageuse, les nageurs d'eau de mer, les marins d'eau douce, les princes héritiers boursoufflés de considération et les princesses aux virginités plus que litigieuses, les mères qui foutent le camp dès qu'on a le dos tourné, les miséreux qui lui renvoient sa crasse réalité, les joueurs de keno, les files d'attente dans les supermarchés, les cartes de fidélité, elle accuse sa crise adultérine de lui avoir entraver le protocole utérin, les discours mous des consensus allez vous faire foutre !, l'envie, le désir, l'illusion mercantiliste, la société défonçant l'ordre naturel des choses, les impôts locaux, la médiocrité contemporaine, la vérité qui ne sort plus de la bouche des enfants, les cimetières éclairés comme des zones commerciales.

Louise accuse en se faisant les ongles des pieds.

Manucure virtuelle puisqu'il faut cheminer bravement dans le monde. J'irai loin, dit-elle, si loin que même l'horizon ne saura me trouver.

Où le soleil est un tempérament. Où les femmes montrent leurs culs en se disant, nous sommes des reines, des duchesses, des volontés matriarcales.
Où le chant des forêts fait vibrer les cierges de la vanité. Et le silence, après. Silence incorruptible.

Louise dessine des mots circulaires, comme un cirque ouvert sur le vaste délire laïque des religions crevées par la faim et la soif. À l'intérieur des mots, se décident des luttes armées, des horreurs militarisées mais nécessité fait loi, disait un quelconque politicien levé du bon pied.
J'irai où l'horizon ne me trouvera pas, répète-t-elle.

Le crépuscule des légendes sent le soufre et la mauvaise conscience. Il faut de la lumière, de la lumière de l'air et de la terre fraiche. Comme une peau que l'on rend oisive à force de confusion. Toute conviction possède son reflet négatif : faire taire l'animal. Tout système théorique, son excès de ménagerie naïve.

À vous également. Pour vous servir madame.

Le corps est une image ontologique. En plus d'être ce paradoxe fumigène dont le monde obscurcit la beauté à force de mode et de baux non renouvelables. Le corps est devenu un algorithme psychanalysé, médicamentalisé. Pensé par de sournois informaticiens inexistants, le corps remue l'orage pour en évacuer la poudre.

Folle à relier les points invisibles du cosmos. La bonhommie des dieux est un leurre, un méprisant pied de nez à la fourmilière humaine.

Louise, que diriez-vous de votre père qui est aux cieux ce que la temporalité est à l'être humain ?

Louise applaudit comme on fouette le vent dans l'espoir d'en voir paraître l'infâme laideur.
La laideur nous possède. La laideur entretient ce que nous sommes devenus.

Dans le secret de ses vœux inavouables, elle polissonne le gré à gré des guets à guets. Que l'on me prenne à jouir, je n'en dirais que la valeur calorifique de l'orgasme.

Orgasme : gare de triage de la chair et du ressentiment.

Nous avons vécu, m'écrivait-elle alors que je ne pensais plus à elle. Nous avons fait ce que nous avions à faire. Comme des paroles exsangues, comme des creux de malnutrition dans le ventre des politesses. Nous ne pouvions guère faire mieux, dit-elle. Je pense : si seulement j'étais capable de l'oublier.

Louise s'accuse d'être elle-même jurée, juge, avocate de la défense, multinationale, lobby, journaliste n'abattant plus ses cartes de peur de se retrouver à défendre un point de vue. Systémique de l'automate gavé de confort et d'ambivalence. Louise s'accuse de n'être meilleure que lorsqu'elle s'offre toute entière à la solitude.

Et la solitude est une prière.

Détective privé de sa propre dégénérescence psychologique, Louise suspend le temps au-dessus des corps condamnés à la déroutante flottaison des barques fracassées.
Comment comprendre ce que je sais déjà ?, se demande-t-elle en s'admirant dans un miroir.

Surveiller et punir ; Châtier et amender. Pour survivre dans les eaux troublées de son marasme, Louise utilise des subterfuges : écrire et se réciter ses histoires. Mais, Louise, toutes nos histoires sont obsolètes dès lors qu'on les raconte.
ici naquit une fille à la beauté déjà prépondérante, jeune fille sauvage recouverte d'une crème illusoire, les anges qui se perchèrent au-dessus de son berceau n'avaient pour toute bienveillance qu'un œil égaré et mélancolique...
Toute nos histoires sont obsolètes. Louise mise sur un futur blanc, comme une souffrance obligatoire, mise sur une volonté de perdre quiconque viendrait la trouver.
ses premières années furent l'égal d'un monde courroucé, pleurant comme des champignons violets, brisant les chaînes pour fabriquer d'autres chaînes, il faut du temps pour comprendre ce qui ne se dit pas, beaucoup de temps, et la jeune fille sait que le temps viendra fatalement à lui manquer, alors elle mange la pomme, les pépins et la branche qui la supportait...
Toutes nos histoires sont obsolètes. Louise fait des figurines avec ce qui s'apparente le plus à un corps masculin, des trombones. Et les positionne en escadrons meurtriers, sanglants. De sorte que l'art du jeu devient art de la guerre.
il fallut attendre sa maturité pour qu'elle ose glisser un œil dans la cave, attendre encore pour qu'elle permette à sa langue la prononciation de mots injurieux, sifflant comme une madone devant un parterre de femmes sans cœur ni joie, alors quelle ne fut pas sa surprise de s'entendre dire : je suis tellement meilleure qu'elles !

Je serai infirmière, proclame-t-elle, ou institutrice.

Tunique blafarde des lendemains de sérum.
Jonction du beau indicible à la laideur magnifique.
Méprise totale des codes de bonne conduite. Je serai celle que l'on désire, celle que l'on aime, celle que l'on comprend.

Le rouge s'arrache des rideaux pour découper le ciel en deux parties égales. D'un côté les sourcils des cimes prennent feu, de l'autre une pornographie dont elle refuse l'existence.
Sur l'échiquier des valeurs, nous errons dans ce ventre mou des désirs oubliés, à peine conscients de ce qui se joue hors de nous.

Nous sommes obsolètes
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Louise accuse Empty Re: Louise accuse

Message  Sylvie Sam 6 Avr - 15:31

"Et la solitude est une prière.

Détective privé de sa propre
dégénérescence psychologique, Louise suspend le temps au-dessus des
corps condamnés à la déroutante flottaison des barques fracassées.
Comment comprendre ce que je sais déjà ?, se demande-t-elle en s'admirant dans un miroir."

Aucun doute, ça vient du profond comme dans ton livre.

hé les braves gens et si vous aussi vous alliez lire son bouquin, ça en vaut la peine Smile

http://www.editionschloedeslys.be/recherche?orderby=position&orderway=desc&search_query=les%20r%C3%AAves%20de%20louise&submit_search=

Si si, j'vais pas géner !!
Sylvie
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