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De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
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Macadam :: MacadaTextes :: Théâtre
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De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Etude clinique en un acte réalisée conformément à la demande des Pr. H.Lachkar et J.Dieudonné afin de répondre à la question qui nous hante toutes (et tous...) après une lessive : mais qu'est donc devenue la seconde chaussette ?
Les personnages, les situations et les vêtements de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec votre mari ne saurait être que fortuite. L'auteur décline toute responsabilité quand au contenu et conséquences de cette étude.
ACTE I
SCENE I
A JARDIN, UNE CHAMBRE, AU MOBILIER PLUTÔT COSSU, UNE FEMME À L’AIR AGITÉ SEMBLE TERMINER DE S’HABILLER POUR SORTIR. CÔTÉ COUR, UN HOMME SEUL DANS SA SALLE DE BAIN, LA QUARANTAINE, PIEDS NUS, HABILLÉ D’UN PANTALON DE LAINE GRIS ET D’UN PULL LÉGER NOIR À COL ROULÉ. IL SE REGARDE DANS LA GLACE ET SEMBLE PRÉPARER UN DISCOURS IMPORTANT.
CHARLES
Professeur Charles Nyman-Schofield, pychanalyste, psychotérapeute, sophrologue caycédien, relaxologue, médecin homéopathe, titulaire d’un DESS en Sciences Humaines de l’université Paris IV. Je sais, je sais, on se méfie souvent de moi. Quand je me présente ainsi, on a toujours l'impression que j'en sais plus sur vous que vous n’en saurez jamais. Mais non, non… N'allez pas croire que j'analyse tout le monde en permanence, il y a aussi des gens que j'aime. Ah ah ah, j’adore…
CATHERINE
l'interrompt, depuis la chambre
Chéri, veux-tu bien te dépêcher un peu s’il te plait, nous allons encore être en retard.
CHARLES
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien.
Entre temps, il est revenu dans la chambre, ouvre une armoire et fait mine de chercher dans un tiroir
CATHERINE
C’est étrange, on dirait qu’il n’y a que moi qui m’inquiète de savoir si on sera à l’heure. C’est quand même avant tout pour toi que nous allons à ce séminaire.
CHARLES
C’est étrange, où sont mes chaussettes Burlington ? Je ne trouve pas mes chaussette Burlington...
CATHERINE
Elle sourit
Je ne sais pas, cherche un peu.
CHARLES
Ah non, non, j’ai horreur de ça, tu le sais bien… Cette façon de sourire, là… Alors que tu vois bien que je suis en détresse, profonde détresse. Je ne sais pas comment te dire… ça ne me convient pas. Chérie, ça n’est pas la première fois qu’on en parle et il serait bon que ça change. Mais bon, on en reparlera calmement ce soir, c’est préférable… Ah ! Les voilà, elles sont au fond ! C’est toujours la même histoire !
Charles tient dans une main sa paire de chaussettes Burlington et réalise qu’il tient dans l’autre main une autre paire de chaussettes, unies, qu’il avait saisies en cherchant. Il prend un air suspicieux.
Des chaussettes unies ! Mais chérie, c’est quoi ces chaussettes unies ? A qui sont ces
chaussettes unies, là ?
CATHERINE
Mais, mon biquet, ce sont les chaussettes Ralph Lauren unies que je t’ai offertes pour ton anniversaire, il y a huit mois, et que tu n’as jamais mises. Souviens-toi.
CHARLES
il fait semblant de se souvenir, se tient toujours face à elle avec une paire de chaussettes dans chaque main
Ah oui, exact. Bien sûr je m’en souviens.
CATHERINE
Un jour, il faudra bien que tu choisisses définitivement entre les jacquards Burlington de ta mère, vieilles de 17 ans, et les chaussettes Ralph Lauren de ta femme, qui sont peut-être unies mais qui ont le mérite d’être à la mode, sinon je crois bien que je vais finir par…
CHARLES
il repose les Ralph Lauren
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien.
CATHERINE
Non, tout ne va pas bien Charles, tout ne va pas bien… Et, tu le sais bien.
CHARLES
change tout à coup, son visage s’assombri, inquiet, agité, il cherche partout, dans les placards, sous le lit, derrière les rideaux…
Chérie, où as-tu mis les enfants ?
CATHERINE
André, pour la millième fois, nous n'avons pas d'enfant, nous n'avons jamais eu d'enfant, nous n'aurons jamais d'enfant !
CHARLES
Je te défends de m'appeler André, ne m'appelle plus jamais André, tu entends ! Putain, je l’ai bouffée cette vie, il faudra bien qu’on me l’arrache. Où sont-ils ?
CATHERINE
dans un cri de douleur, au bord des larmes
Nous n’aurons jamais d’enfant, André, tu le sais bien.
CHARLES
semble à nouveau apaisé, s’assoit sur le lit et met ses chaussettes
Tu vois, Catherine, ces chaussettes jacquard, elles sont toute ma vie. Sans elles je ne serais jamais devenu ce que je suis, alors tu ne peux pas me demander de m’en séparer. Quand j’étais étudiant, maman m’a offert cette paire de chaussettes. Je me suis longtemps demandé pourquoi, car ce n’était pas du tout son habitude de faire ce genre de cadeau. Puis, j’ai fini par comprendre. Ces chaussettes, elles sont comme maman. Le matin, elles ne savent jamais sur quel pied danser. A midi, elles sont victimes d’hallucinations olfactives. La nuit, chacune est contrainte à dormir emmêlée avec son double, sans qu’elles puissent jamais se dénouer. Et encore, quand elles ne traînent pas au pied du lit, tu sais, avec celle qui part systématiquement en errance et qu’on ne la retrouve que plusieurs jours après, au milieu des moutons. Puis, nos chaussures sont pour elles de véritables camisoles de force, une torture inqualifiable, on les pousse à un repli autistique quotidien insupportable. Et tout ça pourquoi ? Parce que c’est le seul vêtement à être constitué de deux parties distinctes. La longue et minutieuse observation de la vie de ces chaussettes m’a conduit à prendre irrémédiablement conscience du trouble dissociatif dont elles étaient évidemment victimes. Le diagnostic est sans appel, Catherine, mes chaussettes jacquard sont schizophrènes…
Un temps
Comme maman… Lorsqu’elle me les a offertes, elle m’a demandé d’en prendre soin. Il faut que je les soigne, Catherine, il faut que j’y parvienne, il ne me reste plus beaucoup de temps.
CATHERINE
Elle s’approche de lui, prend ses mains
Oh, Charles, je suis désolée, je ne savais pas. Tu as du me trouver bien égoïste avec mes petites histoires de chaussettes unies, tu dois les trouver bien banales.
CHARLES
Mais non.
CATHERINE
Tu vas y arriver, Charles, tu vas y arriver, je sais que tu es fort.
CHARLES
Tu sais, Catherine, il est des chaussettes schizophrènes qui ont bien plus de sentiments que certains hommes. Et puis, on aurait l’air bien bêtes sans elles. Que ferait-on ? On marcherait sur la tête ?
CATHERINE
On aurait surtout bien froid. Tu es drôle, Charles, tes mots me touchent enfin, je peux sentir ton visage.
Elle met ses mains sur le visage de Charles et l’embrasse. Un temps, ils glissent sous la couette et ce qui suit n’est pas à conseiller aux mineurs, Catherine baisse la lumière, on peut voir des vêtements qui volent, à droite, à gauche, on entend des rires, les petits cris de Catherine comme si on la pinçait,…
Non pas là, Charles, tu es fou.
CHARLES
Si, là.
CATHERINE
Oh Charles, tu es cocasse.
CHARLES
Eh eh !
CATHERINE
soudain
Mais tu as gardé tes chaussettes !
CHARLES
Ben oui, il fait pas chaud.
CATHERINE
Ah non, j’ai l’impression de coucher avec ta mère.
CHARLES
Moi aussi, Catherine.
(NOIR)
SCÈNE II
ON RETROUVE CHARLES ET CATHERINE, DANS LA SALLE DE BAIN, IL Y A UNE MACHINE À LAVER LE LINGE, CATHERINE L’OUVRE, ELLE A DANS SES MAINS LES CHAUSSETTES JACQUARD.
CATHERINE
Qu’est-ce que ça a pu m’énerver cette façon de toujours vouloir les laver à la main.
CHARLES
Je t’ai déjà dit, Catherine, maman m’avait demandé d’en prendre soin.
CATHERINE
Et ton séminaire, tu es bien sûr que tu ne veux pas y aller ?
CHARLES
Catherine, c’est certainement le plus beau jour de ma vie, alors le séminaire, il attendra l’an prochain.
CATHERINE
Tu as raison, Charles, tu te rends compte, aujourd’hui nous allons trouver un remède à la schizophrénie de la chaussette jaquard. C’est un grand jour dans l’histoire de la psychiatrie.
CHARLES
Tu es sûre que ça va marcher ?
CATHERINE
Sûre ? Non, je ne dirais pas ça. Mais il y a des chances, ça arrive souvent.
Elle met les chaussettes dans la machine et verse la lessive liquide dans la boule prévue à cet effet, elle s’apprête à la déposer dans le tambour.
CHARLES
Attends, je préfère prendre quelques précautions supplémentaires.
Il ouvre l’armoire à pharmacie et se sert en médicament, il les dépose un à un dans la boule de lessive.
Alprazolam pour qu’elles ne soient pas trop anxieuses au pré-lavage, Haldol contre le bruit et les mauvaises odeurs, et, pour finir, Noctamide 2mg pour supporter l’essorage. C’est quand même plus sûr comme ça.
il dépose la boule dans le tambour, puis rajoute discrètement un ou deux comprimés d’Haldol
CATHERINE
Mais enfin, Charles, tu n’es pas psychiatre, tu n’as pas le droit de prescrire tous ces médicaments.
CHARLES
Catherine, as-tu pensé au traitement de choc que vont subir mes chaussettes ? J’espérais de toi que éprouves tout de même un peu plus de compassion dans cette épreuve.
CATHERINE
Oui, mais enfin, le dosage me parait quand même un peu fort.
CHARLES
Fais moi confiance Catherine.
Il referme le couvercle, programme la machine, démarre, on entend le bruit de la machine.
(NOIR)
Chérie, où as-tu mis les enfants ?
SCÈNE III
ON RETROUVE CHARLES ET CATHERINE, DANS LA SALLE DE BAIN,ON ENTEND LES DERNIERS TOURS DE TAMBOUR DE L’ESSORAGE. ILS SONT DANS LES BRAS L’UN DE L’AUTRE, SE REGARDENT AMOUREUSEMENT.
CATHERINE
J’ai l’impression d’avoir à nouveau vingt-ans.
CHARLES
Moi aussi, Catherine.
CATHERINE
Tu entends, Charles ?
CHARLES
Ecoute attentivement
Quoi ? Non, je n’entend rien.
CATHERINE
C’est fini, Charles
CHARLES
Comment, c’est fini ? Mais, Catherine, ça ne fait que commencer entre nous, tu viens de le dire, nous avons vingt ans.
CATHERINE
La machine, Charles, c’est fini.
CHARLES
Je n’arrive pas à y croire, toutes ces années sans savoir comment ? Tu ouvres ?
CATHERINE
Non, toi Charles, ce sont tes chaussettes jaquard.
CHARLES
D’accord.
Charles soulève le couvercle, ouvre le tambour, extrait la boule, regarde dans la machine, a l’air inquiet tout à coup
CATHERINE
Alors ? Qu’est-ce qui passe ?
CHARLES
Rien, il n’y a rien, il n’y a plus rien.
CATHERINE
Tu veux dire les chaussettes ?
CHARLES
Disparues ! J’ai assassiné ma mère !
CATHERINE
C’est horrible, c'est moi, Charles, c'est moi, tu n'y es pour rien. Tout est de ma faute, c'est moi qui t'ai poussé à le faire. Je ne comprends pas, il n’en disparaît jamais deux à la fois.
CHARLES
Il la prend dans ses bras, il se serrent fort
Ca n'est pas grave Catherine, on la remplacera.
un temps, puis soudainement.
Là, dans la boule de lessive, la chaussette, une seule chaussette ! Une chaussette jacquard, le poinçon Burlington est toujours là, ça a marché, Catherine, ça a marché !
CATHERINE
Je te l’avais dit, je te l’avais dit, c’est un grand jour Charles, une découverte déterminante.
CHARLES
Mes chaussettes jacquard ont retrouvé définitivement leur unité. Merci Freud, Jung, Lacan, vous m’avez montré le chemin. Mais avouez, vous n’étiez que les hérauts qui annonçaient la venue du prophète. Le voici, Charles Nyman-Schofield, votre serviteur ! Je suis le nouvel empereur du royaume des âmes, à moi les honneurs et l’éternité, je suis au sommet de mon art, je suis un pur génie, un génie sans frotter. Quand je me regarde dans la glace, j'ai envie de la manger. Ah ah ah, j’adore…
Catherine se met à pleurer.
Tu ne devrais pas pleurer Catherine, cela ne te rend pas heureuse ?
CATHERINE
Si, mais je suis en train de penser à toutes ces fois où j’ai retrouvé une seule chaussette, toutes ces fois où je me suis demandée où était passé la seconde sans jamais trouver la réponse. Je venais de les sauver, des dizaines, peut être des centaines de chaussettes. Tu te rends comptes de ce que j’ai fait, Charles ?
CHARLES
Oui, mais tu sais, j'ai toujours dit que je n’avais pas le temps de ne pas me réjouir de la réussite des autres. Et bien, de la mienne non plus. Ah ah ah, j’adore…
CATHERINE
Je les ai toutes jetées, Charles, toutes, sans exception. Ô cruel et curieux destin que celui d’une chaussette qui au moment même où elle vient de vaincre ce poids qui l’accablait pendant toutes ces années se retrouve, à l’hiver de sa vie, finissant dans une vulgaire poubelle.
CHARLES
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien.
On entend une sonnette
Qui est-ce à cette heure là ?
CATHERINE
ne l'écoute pas toujours dans ses pensées
Pardon ?
CHARLES
Charles s’approche de la porte et l’ouvre.
Maman !
CATHERINE
Jacqueline ?
il n’y a personne, il referme la porte comme s’il laissait rentrer quelqu’un, on entend une voix de femme
LA VOIX
Charles-André !
CHARLES,
Charles !
CATHERINE
se demande ce qu'il lui prend
Charles ?
LA VOIX
André !
CHARLES
Je te défends de m'appeler André, ne m'appelle plus jamais André, tu entends !
CATHERINE
Mais je t’ai appelé Charles, Charles !
LA VOIX
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien.
CHARLES
Où as-tu mis les enfants ?
CATHERINE
Elle pleure
Nous n’avons pas d’enfant, Charles !
LA VOIX
Dans le placard, je vous ai mis dans le placard, avec ton frère, et ta soeur aussi.
CHARLES
Salope ! Bien sûr je me souviens maintenant. Tu es un monstre, je vais t'étrangler..
CATHERINE
elle hurle, prostrée
Non, Charles, non !
LA VOIX
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien, je t’ai apporté un cadeau.
Charles fait comme s'il ouvrait un cadeau
CHARLES
Des gants ? Quelle drôle d’idée !
il les enfile, les hurlements de Catherine se mêlent à la voix qui répète en boucle Oh, hein, c'est bon, hein...Ça va là, tout va bien. Le noir envahit la scène.
Les personnages, les situations et les vêtements de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec votre mari ne saurait être que fortuite. L'auteur décline toute responsabilité quand au contenu et conséquences de cette étude.
ACTE I
SCENE I
A JARDIN, UNE CHAMBRE, AU MOBILIER PLUTÔT COSSU, UNE FEMME À L’AIR AGITÉ SEMBLE TERMINER DE S’HABILLER POUR SORTIR. CÔTÉ COUR, UN HOMME SEUL DANS SA SALLE DE BAIN, LA QUARANTAINE, PIEDS NUS, HABILLÉ D’UN PANTALON DE LAINE GRIS ET D’UN PULL LÉGER NOIR À COL ROULÉ. IL SE REGARDE DANS LA GLACE ET SEMBLE PRÉPARER UN DISCOURS IMPORTANT.
CHARLES
Professeur Charles Nyman-Schofield, pychanalyste, psychotérapeute, sophrologue caycédien, relaxologue, médecin homéopathe, titulaire d’un DESS en Sciences Humaines de l’université Paris IV. Je sais, je sais, on se méfie souvent de moi. Quand je me présente ainsi, on a toujours l'impression que j'en sais plus sur vous que vous n’en saurez jamais. Mais non, non… N'allez pas croire que j'analyse tout le monde en permanence, il y a aussi des gens que j'aime. Ah ah ah, j’adore…
CATHERINE
l'interrompt, depuis la chambre
Chéri, veux-tu bien te dépêcher un peu s’il te plait, nous allons encore être en retard.
CHARLES
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien.
Entre temps, il est revenu dans la chambre, ouvre une armoire et fait mine de chercher dans un tiroir
CATHERINE
C’est étrange, on dirait qu’il n’y a que moi qui m’inquiète de savoir si on sera à l’heure. C’est quand même avant tout pour toi que nous allons à ce séminaire.
CHARLES
C’est étrange, où sont mes chaussettes Burlington ? Je ne trouve pas mes chaussette Burlington...
CATHERINE
Elle sourit
Je ne sais pas, cherche un peu.
CHARLES
Ah non, non, j’ai horreur de ça, tu le sais bien… Cette façon de sourire, là… Alors que tu vois bien que je suis en détresse, profonde détresse. Je ne sais pas comment te dire… ça ne me convient pas. Chérie, ça n’est pas la première fois qu’on en parle et il serait bon que ça change. Mais bon, on en reparlera calmement ce soir, c’est préférable… Ah ! Les voilà, elles sont au fond ! C’est toujours la même histoire !
Charles tient dans une main sa paire de chaussettes Burlington et réalise qu’il tient dans l’autre main une autre paire de chaussettes, unies, qu’il avait saisies en cherchant. Il prend un air suspicieux.
Des chaussettes unies ! Mais chérie, c’est quoi ces chaussettes unies ? A qui sont ces
chaussettes unies, là ?
CATHERINE
Mais, mon biquet, ce sont les chaussettes Ralph Lauren unies que je t’ai offertes pour ton anniversaire, il y a huit mois, et que tu n’as jamais mises. Souviens-toi.
CHARLES
il fait semblant de se souvenir, se tient toujours face à elle avec une paire de chaussettes dans chaque main
Ah oui, exact. Bien sûr je m’en souviens.
CATHERINE
Un jour, il faudra bien que tu choisisses définitivement entre les jacquards Burlington de ta mère, vieilles de 17 ans, et les chaussettes Ralph Lauren de ta femme, qui sont peut-être unies mais qui ont le mérite d’être à la mode, sinon je crois bien que je vais finir par…
CHARLES
il repose les Ralph Lauren
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien.
CATHERINE
Non, tout ne va pas bien Charles, tout ne va pas bien… Et, tu le sais bien.
CHARLES
change tout à coup, son visage s’assombri, inquiet, agité, il cherche partout, dans les placards, sous le lit, derrière les rideaux…
Chérie, où as-tu mis les enfants ?
CATHERINE
André, pour la millième fois, nous n'avons pas d'enfant, nous n'avons jamais eu d'enfant, nous n'aurons jamais d'enfant !
CHARLES
Je te défends de m'appeler André, ne m'appelle plus jamais André, tu entends ! Putain, je l’ai bouffée cette vie, il faudra bien qu’on me l’arrache. Où sont-ils ?
CATHERINE
dans un cri de douleur, au bord des larmes
Nous n’aurons jamais d’enfant, André, tu le sais bien.
CHARLES
semble à nouveau apaisé, s’assoit sur le lit et met ses chaussettes
Tu vois, Catherine, ces chaussettes jacquard, elles sont toute ma vie. Sans elles je ne serais jamais devenu ce que je suis, alors tu ne peux pas me demander de m’en séparer. Quand j’étais étudiant, maman m’a offert cette paire de chaussettes. Je me suis longtemps demandé pourquoi, car ce n’était pas du tout son habitude de faire ce genre de cadeau. Puis, j’ai fini par comprendre. Ces chaussettes, elles sont comme maman. Le matin, elles ne savent jamais sur quel pied danser. A midi, elles sont victimes d’hallucinations olfactives. La nuit, chacune est contrainte à dormir emmêlée avec son double, sans qu’elles puissent jamais se dénouer. Et encore, quand elles ne traînent pas au pied du lit, tu sais, avec celle qui part systématiquement en errance et qu’on ne la retrouve que plusieurs jours après, au milieu des moutons. Puis, nos chaussures sont pour elles de véritables camisoles de force, une torture inqualifiable, on les pousse à un repli autistique quotidien insupportable. Et tout ça pourquoi ? Parce que c’est le seul vêtement à être constitué de deux parties distinctes. La longue et minutieuse observation de la vie de ces chaussettes m’a conduit à prendre irrémédiablement conscience du trouble dissociatif dont elles étaient évidemment victimes. Le diagnostic est sans appel, Catherine, mes chaussettes jacquard sont schizophrènes…
Un temps
Comme maman… Lorsqu’elle me les a offertes, elle m’a demandé d’en prendre soin. Il faut que je les soigne, Catherine, il faut que j’y parvienne, il ne me reste plus beaucoup de temps.
CATHERINE
Elle s’approche de lui, prend ses mains
Oh, Charles, je suis désolée, je ne savais pas. Tu as du me trouver bien égoïste avec mes petites histoires de chaussettes unies, tu dois les trouver bien banales.
CHARLES
Mais non.
CATHERINE
Tu vas y arriver, Charles, tu vas y arriver, je sais que tu es fort.
CHARLES
Tu sais, Catherine, il est des chaussettes schizophrènes qui ont bien plus de sentiments que certains hommes. Et puis, on aurait l’air bien bêtes sans elles. Que ferait-on ? On marcherait sur la tête ?
CATHERINE
On aurait surtout bien froid. Tu es drôle, Charles, tes mots me touchent enfin, je peux sentir ton visage.
Elle met ses mains sur le visage de Charles et l’embrasse. Un temps, ils glissent sous la couette et ce qui suit n’est pas à conseiller aux mineurs, Catherine baisse la lumière, on peut voir des vêtements qui volent, à droite, à gauche, on entend des rires, les petits cris de Catherine comme si on la pinçait,…
Non pas là, Charles, tu es fou.
CHARLES
Si, là.
CATHERINE
Oh Charles, tu es cocasse.
CHARLES
Eh eh !
CATHERINE
soudain
Mais tu as gardé tes chaussettes !
CHARLES
Ben oui, il fait pas chaud.
CATHERINE
Ah non, j’ai l’impression de coucher avec ta mère.
CHARLES
Moi aussi, Catherine.
(NOIR)
SCÈNE II
ON RETROUVE CHARLES ET CATHERINE, DANS LA SALLE DE BAIN, IL Y A UNE MACHINE À LAVER LE LINGE, CATHERINE L’OUVRE, ELLE A DANS SES MAINS LES CHAUSSETTES JACQUARD.
CATHERINE
Qu’est-ce que ça a pu m’énerver cette façon de toujours vouloir les laver à la main.
CHARLES
Je t’ai déjà dit, Catherine, maman m’avait demandé d’en prendre soin.
CATHERINE
Et ton séminaire, tu es bien sûr que tu ne veux pas y aller ?
CHARLES
Catherine, c’est certainement le plus beau jour de ma vie, alors le séminaire, il attendra l’an prochain.
CATHERINE
Tu as raison, Charles, tu te rends compte, aujourd’hui nous allons trouver un remède à la schizophrénie de la chaussette jaquard. C’est un grand jour dans l’histoire de la psychiatrie.
CHARLES
Tu es sûre que ça va marcher ?
CATHERINE
Sûre ? Non, je ne dirais pas ça. Mais il y a des chances, ça arrive souvent.
Elle met les chaussettes dans la machine et verse la lessive liquide dans la boule prévue à cet effet, elle s’apprête à la déposer dans le tambour.
CHARLES
Attends, je préfère prendre quelques précautions supplémentaires.
Il ouvre l’armoire à pharmacie et se sert en médicament, il les dépose un à un dans la boule de lessive.
Alprazolam pour qu’elles ne soient pas trop anxieuses au pré-lavage, Haldol contre le bruit et les mauvaises odeurs, et, pour finir, Noctamide 2mg pour supporter l’essorage. C’est quand même plus sûr comme ça.
il dépose la boule dans le tambour, puis rajoute discrètement un ou deux comprimés d’Haldol
CATHERINE
Mais enfin, Charles, tu n’es pas psychiatre, tu n’as pas le droit de prescrire tous ces médicaments.
CHARLES
Catherine, as-tu pensé au traitement de choc que vont subir mes chaussettes ? J’espérais de toi que éprouves tout de même un peu plus de compassion dans cette épreuve.
CATHERINE
Oui, mais enfin, le dosage me parait quand même un peu fort.
CHARLES
Fais moi confiance Catherine.
Il referme le couvercle, programme la machine, démarre, on entend le bruit de la machine.
(NOIR)
Chérie, où as-tu mis les enfants ?
SCÈNE III
ON RETROUVE CHARLES ET CATHERINE, DANS LA SALLE DE BAIN,ON ENTEND LES DERNIERS TOURS DE TAMBOUR DE L’ESSORAGE. ILS SONT DANS LES BRAS L’UN DE L’AUTRE, SE REGARDENT AMOUREUSEMENT.
CATHERINE
J’ai l’impression d’avoir à nouveau vingt-ans.
CHARLES
Moi aussi, Catherine.
CATHERINE
Tu entends, Charles ?
CHARLES
Ecoute attentivement
Quoi ? Non, je n’entend rien.
CATHERINE
C’est fini, Charles
CHARLES
Comment, c’est fini ? Mais, Catherine, ça ne fait que commencer entre nous, tu viens de le dire, nous avons vingt ans.
CATHERINE
La machine, Charles, c’est fini.
CHARLES
Je n’arrive pas à y croire, toutes ces années sans savoir comment ? Tu ouvres ?
CATHERINE
Non, toi Charles, ce sont tes chaussettes jaquard.
CHARLES
D’accord.
Charles soulève le couvercle, ouvre le tambour, extrait la boule, regarde dans la machine, a l’air inquiet tout à coup
CATHERINE
Alors ? Qu’est-ce qui passe ?
CHARLES
Rien, il n’y a rien, il n’y a plus rien.
CATHERINE
Tu veux dire les chaussettes ?
CHARLES
Disparues ! J’ai assassiné ma mère !
CATHERINE
C’est horrible, c'est moi, Charles, c'est moi, tu n'y es pour rien. Tout est de ma faute, c'est moi qui t'ai poussé à le faire. Je ne comprends pas, il n’en disparaît jamais deux à la fois.
CHARLES
Il la prend dans ses bras, il se serrent fort
Ca n'est pas grave Catherine, on la remplacera.
un temps, puis soudainement.
Là, dans la boule de lessive, la chaussette, une seule chaussette ! Une chaussette jacquard, le poinçon Burlington est toujours là, ça a marché, Catherine, ça a marché !
CATHERINE
Je te l’avais dit, je te l’avais dit, c’est un grand jour Charles, une découverte déterminante.
CHARLES
Mes chaussettes jacquard ont retrouvé définitivement leur unité. Merci Freud, Jung, Lacan, vous m’avez montré le chemin. Mais avouez, vous n’étiez que les hérauts qui annonçaient la venue du prophète. Le voici, Charles Nyman-Schofield, votre serviteur ! Je suis le nouvel empereur du royaume des âmes, à moi les honneurs et l’éternité, je suis au sommet de mon art, je suis un pur génie, un génie sans frotter. Quand je me regarde dans la glace, j'ai envie de la manger. Ah ah ah, j’adore…
Catherine se met à pleurer.
Tu ne devrais pas pleurer Catherine, cela ne te rend pas heureuse ?
CATHERINE
Si, mais je suis en train de penser à toutes ces fois où j’ai retrouvé une seule chaussette, toutes ces fois où je me suis demandée où était passé la seconde sans jamais trouver la réponse. Je venais de les sauver, des dizaines, peut être des centaines de chaussettes. Tu te rends comptes de ce que j’ai fait, Charles ?
CHARLES
Oui, mais tu sais, j'ai toujours dit que je n’avais pas le temps de ne pas me réjouir de la réussite des autres. Et bien, de la mienne non plus. Ah ah ah, j’adore…
CATHERINE
Je les ai toutes jetées, Charles, toutes, sans exception. Ô cruel et curieux destin que celui d’une chaussette qui au moment même où elle vient de vaincre ce poids qui l’accablait pendant toutes ces années se retrouve, à l’hiver de sa vie, finissant dans une vulgaire poubelle.
CHARLES
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien.
On entend une sonnette
Qui est-ce à cette heure là ?
CATHERINE
ne l'écoute pas toujours dans ses pensées
Pardon ?
CHARLES
Charles s’approche de la porte et l’ouvre.
Maman !
CATHERINE
Jacqueline ?
il n’y a personne, il referme la porte comme s’il laissait rentrer quelqu’un, on entend une voix de femme
LA VOIX
Charles-André !
CHARLES,
Charles !
CATHERINE
se demande ce qu'il lui prend
Charles ?
LA VOIX
André !
CHARLES
Je te défends de m'appeler André, ne m'appelle plus jamais André, tu entends !
CATHERINE
Mais je t’ai appelé Charles, Charles !
LA VOIX
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien.
CHARLES
Où as-tu mis les enfants ?
CATHERINE
Elle pleure
Nous n’avons pas d’enfant, Charles !
LA VOIX
Dans le placard, je vous ai mis dans le placard, avec ton frère, et ta soeur aussi.
CHARLES
Salope ! Bien sûr je me souviens maintenant. Tu es un monstre, je vais t'étrangler..
CATHERINE
elle hurle, prostrée
Non, Charles, non !
LA VOIX
Oui, bon, ben… Oh, hein, c’est bon, hein… Ça va là, tout va bien, je t’ai apporté un cadeau.
Charles fait comme s'il ouvrait un cadeau
CHARLES
Des gants ? Quelle drôle d’idée !
il les enfile, les hurlements de Catherine se mêlent à la voix qui répète en boucle Oh, hein, c'est bon, hein...Ça va là, tout va bien. Le noir envahit la scène.
Dernière édition par Nicolas Gleyze le Mar 9 Mar - 23:15, édité 1 fois (Raison : Merci à Sylvie pour la correction toujours utile.)
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Bon, je n'ai pas encore pris le temps de le lire. J'y reviendrai.
Mais je tiens à saluer cette initiative que l'on te doit et la patronne qui l'a mise en œuvre.
Nilo, côté cour.
Mais je tiens à saluer cette initiative que l'on te doit et la patronne qui l'a mise en œuvre.
Nilo, côté cour.
Dernière édition par Nilo le Jeu 4 Mar - 5:46, édité 1 fois
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
belle initiative, en effet, je me suis bien amusée ...
j'y penserai quand je rangerai les chaussettes, et j'arrêterai de m'énerver quand il en manque une ...
Yzaé, côté jardin
j'y penserai quand je rangerai les chaussettes, et j'arrêterai de m'énerver quand il en manque une ...
Yzaé, côté jardin
Yzaé- MacadAccro
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Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Oui Nicolas !!
Drôle et aussi, limite angoissant sur la fin.
et cette analyse psychologique de la chaussette ! mémorable!
Clap clap clap!
Drôle et aussi, limite angoissant sur la fin.
et cette analyse psychologique de la chaussette ! mémorable!
Clap clap clap!
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LaLou
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Bon, ça marche... Je vais donc donner de l'Haldol à mes vielles chaussettes psychotiques...
Mais si je m'en fais prescrire pour mes chaussettes, mon médecin risque de me faire interner pour de bon... Ah! vie cruelle!
Swann,
Mais si je m'en fais prescrire pour mes chaussettes, mon médecin risque de me faire interner pour de bon... Ah! vie cruelle!
Swann,
Swann- MacadAccro
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Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Comme promis je sui [re]venu; j'ai lu, et je n'ai pas été déçu.
Remarque tu jouais gagnant d'avance avec moi parce que dès qu'il s'agit de se foutre de la gueule des psy en tous genres je suis TRES bon public.
Au demeuran c'est bien écrit, léger, plein d'humour.
Bref, tu l'auras compris, je suis preneur et j'en redemande.
Nilo, pas très sain de corps mais tout va bien dans la tête.
Remarque tu jouais gagnant d'avance avec moi parce que dès qu'il s'agit de se foutre de la gueule des psy en tous genres je suis TRES bon public.
Au demeuran c'est bien écrit, léger, plein d'humour.
Bref, tu l'auras compris, je suis preneur et j'en redemande.
Nilo, pas très sain de corps mais tout va bien dans la tête.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Merci pour vos petits billets, sans lesquels la cure ne fonctionnerait pas.
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Passé, et lu en diagonale. J'y reviendrai.
Z, feu follet.
Z, feu follet.
Zlatko- MacadAccro
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Localisation : Centre
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
J'ai pensé à la santé mentale de mes chaussettes avant de te dire combien j'avais apprécié ton texte. C'est chose faite!
Swann, étourdi
Swann, étourdi
Swann- MacadAccro
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Localisation : entre deux cafés
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
J'ai bien aimé l'histoire des enfants qui allait comme un gant à cette intrigue chausse-pieds.
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Je reviens... ;-)
Jeoffrey Stiernon
Jeoffrey Stiernon
jeoffrey stiernon- MacadAdo
- Messages : 85
Date d'inscription : 11/09/2009
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Je n'avais pas eu le temps de m'y coller avant:
L'histoire, si on s'arrête aux chaussettes, peut être drôle, ça aucun doute, mais si on s'arrête en particulier sur "Monsieur" et bien il est touché d'un sérieux problème qui, c'est sur, devrait l'amener à consulter! J'ai même été jusqu'à penser à l'influence de "Maman" et la cuisine de leur femme qui n'est et ne sera jamais aussi bonne, aussi réussie, aussi POSSESSIVE que celle de maman !
Ce type a aussi un sérieux problème d'identité !
Ouf! je ne suis pas mariée à ce personnage et ça soulage
Pour l'autre face que j'ai pu y découvrir, j'irai jusqu'à dire que pour certains patients, et bien on leur colle des tas de médicaments merdiques qui ne vont PAS arranger la "chose" mais juste l'enterrer un peu profond pour faire comme si! Au final, l'être reste avec ses problèmes et rien n'est résolu si ce n'est qu'en apparence.
Donc, cette histoire, est elle réellement si drôle que ça?
Bien écrite ça, ça ne fait aucun doute
Sylvie
PS: "CATHERINE
Si, mais je suis en train de penser à toutes ces fois où j’ai retrouvé une seule chaussette, toutes ces fois où je me suis demandéE ( vu que c'est la femme qui parle )
L'histoire, si on s'arrête aux chaussettes, peut être drôle, ça aucun doute, mais si on s'arrête en particulier sur "Monsieur" et bien il est touché d'un sérieux problème qui, c'est sur, devrait l'amener à consulter! J'ai même été jusqu'à penser à l'influence de "Maman" et la cuisine de leur femme qui n'est et ne sera jamais aussi bonne, aussi réussie, aussi POSSESSIVE que celle de maman !
Ce type a aussi un sérieux problème d'identité !
Ouf! je ne suis pas mariée à ce personnage et ça soulage
Pour l'autre face que j'ai pu y découvrir, j'irai jusqu'à dire que pour certains patients, et bien on leur colle des tas de médicaments merdiques qui ne vont PAS arranger la "chose" mais juste l'enterrer un peu profond pour faire comme si! Au final, l'être reste avec ses problèmes et rien n'est résolu si ce n'est qu'en apparence.
Donc, cette histoire, est elle réellement si drôle que ça?
Bien écrite ça, ça ne fait aucun doute
Sylvie
PS: "CATHERINE
Si, mais je suis en train de penser à toutes ces fois où j’ai retrouvé une seule chaussette, toutes ces fois où je me suis demandéE ( vu que c'est la femme qui parle )
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Une histoire de bouts de ficelle tirée au cordeau (ou à quatre épingles) et à prendre avec des pincettes.
Dam, aiguille dans une botte en foin.
Dam, aiguille dans une botte en foin.
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
un psychiatre fou
un médecin malade
un juge coupable
un bourreau décapité
...
Sinon me ramène aux Burlington de l'adolescence.
Jeoffrey Stiernon
un médecin malade
un juge coupable
un bourreau décapité
...
Sinon me ramène aux Burlington de l'adolescence.
Jeoffrey Stiernon
jeoffrey stiernon- MacadAdo
- Messages : 85
Date d'inscription : 11/09/2009
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Le Mur à Dédé vient de terminer son essorage alors je viens étendre le linge.
Nilo, torchons et serviettes.
Nilo, torchons et serviettes.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
C'est quand Nico que tu en remets une ???
_________________
LaLou
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
J'essaie d'écrire une pièce, une vraie..., alors je ne publie plus trop car le peu de temps que j'ai pour l'écriture, je préfère le mettre sur ce projet.
Allez, un petit extrait de l'horreur :
EDDY
(...) Les vermines. Demain, je vais m’en payer un, le convoquer dans mon bureau de merde et lui donner une bonne leçon. Tiens, j’ai choisi William, ce jeune con. Ah, ce qu’il me ressemble le morveux !
NINA
Je t’en prie, épargne William. Il t’as toujours été loyal, et,… il n’est pas mauvais.
EDDY
Il le deviendra ! Il n’y a guère plus que les imbéciles à avoir un peu de dignité ici. On vit dans un pays de trouillards, pleutres corrompus jusqu’à l’os, usés, rances, un pays pourrissant si vite que ses jeunes sont vieux et ses vieux déjà morts, un pays où on n’est jamais aussi seul qu’avec les autres… Il doit tout de même y avoir, même en enfer, surtout en enfer, un peu de douceur pour supporter tout ça.
NINA
Mais je t’aime Eddy.
... ainsi de suite !
Allez, un petit extrait de l'horreur :
EDDY
(...) Les vermines. Demain, je vais m’en payer un, le convoquer dans mon bureau de merde et lui donner une bonne leçon. Tiens, j’ai choisi William, ce jeune con. Ah, ce qu’il me ressemble le morveux !
NINA
Je t’en prie, épargne William. Il t’as toujours été loyal, et,… il n’est pas mauvais.
EDDY
Il le deviendra ! Il n’y a guère plus que les imbéciles à avoir un peu de dignité ici. On vit dans un pays de trouillards, pleutres corrompus jusqu’à l’os, usés, rances, un pays pourrissant si vite que ses jeunes sont vieux et ses vieux déjà morts, un pays où on n’est jamais aussi seul qu’avec les autres… Il doit tout de même y avoir, même en enfer, surtout en enfer, un peu de douceur pour supporter tout ça.
NINA
Mais je t’aime Eddy.
... ainsi de suite !
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Là tu nous donnes trop envie !!!!
Sylvie
Sylvie
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
encoooooooooooooooooooooooooooore !!!
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LaLou
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Ce n'est pas bien ce que tu fais là.
Tu viens avec un sac de bonbons dans les mains, tu en jette deux à la cantonade et tu te casses.
Non, vraiment ce n'est pas bien.
On les aime nous tes bonbons.
Nilo, prévention des caries.
Tu viens avec un sac de bonbons dans les mains, tu en jette deux à la cantonade et tu te casses.
Non, vraiment ce n'est pas bien.
On les aime nous tes bonbons.
Nilo, prévention des caries.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Bon ok, il me reste un bonbon pour Nilo.
On retrouve Nina qui compose un numéro de mobile. Sonnerie. Eddy décroche. Silence. Un temps d’hésitation entre chaque réplique.
EDDY
Allo… Nina ?
NINA
Nina…
EDDY
…
NINA
Eddy ?
EDDY
Eddy…
NINA
…
EDDY
Seule ?
NINA
Seule… (un temps) Seul ?
EDDY
Seul…
NINA
Je vous rejoins, j’ai trop besoin.
(elle raccroche)
On retrouve Nina qui compose un numéro de mobile. Sonnerie. Eddy décroche. Silence. Un temps d’hésitation entre chaque réplique.
EDDY
Allo… Nina ?
NINA
Nina…
EDDY
…
NINA
Eddy ?
EDDY
Eddy…
NINA
…
EDDY
Seule ?
NINA
Seule… (un temps) Seul ?
EDDY
Seul…
NINA
Je vous rejoins, j’ai trop besoin.
(elle raccroche)
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Oui mais quand même, c'est peu...
Nilo, l'eau à la bouche.
Nilo, l'eau à la bouche.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Si on n'a pas des chaussettes Burlington à 50 ans, alors c'est qu'on a raté sa vie ...
Cette pièce surréaliste et fort intelligente m'a surpris du début à la fin, et il est certain que son auteur connaît fort bien son sujet et la "logique" freudienne... J'aurais peut-être aimé une petite scène bonus sur certaines névroses très répandues tels les trous au bout des orteils...
Mais sinon ça va, tout va bien!
Cette pièce surréaliste et fort intelligente m'a surpris du début à la fin, et il est certain que son auteur connaît fort bien son sujet et la "logique" freudienne... J'aurais peut-être aimé une petite scène bonus sur certaines névroses très répandues tels les trous au bout des orteils...
Mais sinon ça va, tout va bien!
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Bon jour Nicolas Gleyze,
Une paire de chaussettes qui n’a pas froid aux cors : un jeu à double identité, il n’y qu’un pas même si le cas de l’unijambiste n’est pas traité, il apparaît que les pieds marchent trop souvent le visage masqué si je puis m’exprimer ainsi. Le cas de la seconde chaussette dans cette pièce a pris une valeur que nous pouvions soupçonner avant de la lire : qu’elle était schizophrène. La chaussette à miroir. Ce miroir que l’on redoute et qui du conte à donner tout son maléfice et de son reflet toute sa cruauté. Ce regard inversé, la chaussette en son double n’admet pas cette réflexion et la voilà qui disparaît dans la machine à laver. Et à chaque lavage, il en est ainsi. Cependant, il n’en est pas de même des chaussettes Burlington qui sont lavées à part. Garder l’unité du binôme et la transitivité apparaît : préserver l’unité de Charles et de sa mère, parce que ce couple infernal : mère/fils est inséparable. La mère dans tout cela tire les ficelles. Catherine n’est qu’un faire-valoir. Pourtant, après des lustres de mariages, elle applique enfin la méthode. Charles s’en remet mais en prenant le soin de médicamenter ses chaussettes. Car au fond de lui, sa liberté le secoue comme un prunier. Sa mère castratrice, possessive, tyrannique, n’est pas l’idéal féminin, elle n’est que la matonne de son bien le plus précieux : son fils. Ces chaussettes disparaissent comme son frère et sa sœur. Il a coupé le cordon ombilical mais cela va créer un traumatisme fatal. Tel le ciseau, il n’est rien sans sa moitié et pourtant, il peut devenir poignard à lui seul. Le voilà devenu une âme errante avec des gants imaginaires. L’irréversible est en marche.
Tout cela pour dire que j'aime cette pièce, diantre !
Max-Louis
Une paire de chaussettes qui n’a pas froid aux cors : un jeu à double identité, il n’y qu’un pas même si le cas de l’unijambiste n’est pas traité, il apparaît que les pieds marchent trop souvent le visage masqué si je puis m’exprimer ainsi. Le cas de la seconde chaussette dans cette pièce a pris une valeur que nous pouvions soupçonner avant de la lire : qu’elle était schizophrène. La chaussette à miroir. Ce miroir que l’on redoute et qui du conte à donner tout son maléfice et de son reflet toute sa cruauté. Ce regard inversé, la chaussette en son double n’admet pas cette réflexion et la voilà qui disparaît dans la machine à laver. Et à chaque lavage, il en est ainsi. Cependant, il n’en est pas de même des chaussettes Burlington qui sont lavées à part. Garder l’unité du binôme et la transitivité apparaît : préserver l’unité de Charles et de sa mère, parce que ce couple infernal : mère/fils est inséparable. La mère dans tout cela tire les ficelles. Catherine n’est qu’un faire-valoir. Pourtant, après des lustres de mariages, elle applique enfin la méthode. Charles s’en remet mais en prenant le soin de médicamenter ses chaussettes. Car au fond de lui, sa liberté le secoue comme un prunier. Sa mère castratrice, possessive, tyrannique, n’est pas l’idéal féminin, elle n’est que la matonne de son bien le plus précieux : son fils. Ces chaussettes disparaissent comme son frère et sa sœur. Il a coupé le cordon ombilical mais cela va créer un traumatisme fatal. Tel le ciseau, il n’est rien sans sa moitié et pourtant, il peut devenir poignard à lui seul. Le voilà devenu une âme errante avec des gants imaginaires. L’irréversible est en marche.
Tout cela pour dire que j'aime cette pièce, diantre !
Max-Louis
Max_Louis- MacaDeb
- Messages : 34
Date d'inscription : 20/11/2010
Re: De l'importance du transfert et du contre-transfert dans la cure psychanalytique de la chaussette jacquard
Une farce qui tourne au cauchemar. L'épisode Burlington m'a bien fait rire ; il m'a rappelé le temps où j'arpentais les rues de Paris à la recherche des vraies Burlington au meilleur prix ! J'avais la fièvre. J'en ai constitué une collection telle que je pouvais en offrir à tout le monde à Noël (celles que j'avais en double bien sûr !) Je me souviens encore des réactions et des commentaires.
Dam, peut-être un jour...
Dam, peut-être un jour...
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