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Message  vivant Jeu 17 Juin - 13:56

Vous croiserez peut-être Omar si l’idée vous prend de traverser cet immense désert. Il vous sera peut-être donné de jeter votre fatigue et votre sac à l’ombre de ses arbres. Vous saliverez au contact de ses dattes au parfum mielleux et l’eau de sa source, pure et fraîche, vous étourdira de frissons insensés. Le fumet de sa viande grillée vous fera pleurer de bonheur. Vous lui achèterez sans doute quelques breloques de cuir ou de métal martelé en contrepartie de son hospitalité. Mais une chose est certaine : vous passerez à côté de l’essentiel et ne verrez jamais son client mystérieux.

Omar le rencontre très peu, lui-même, et le contact est toujours furtif et lointain. Il se contente de déposer de la nourriture et de remplir les outres vides, à intervalles réguliers. Toujours au même endroit et aux premiers rayons du soleil, en suivant l’ombre du plus élancé de ses arbres. La plupart du temps, l’homme ne se manifeste pas et lorsqu’il agit, c’est en mirage : fuyant comme le vent, louvoyant comme la dune et meuble comme le sable. Il est l’ignoré de tous et le sauveur de chacun. Il est le serpent qui patiente, le fennec qui ruse, le buisson qui supporte sans bruisser le soleil assassin. Sa peau tannée est un cuir noirâtre veiné d’un bleu intense. La couleur des tissus touaregs. Ses yeux verts ont pâli pour prendre peu à peu la teinte du sable, et l’observateur attentif constaterait que jamais ils ne se ferment. Les légendes dévalent les dunes jusqu’aux bleds lointains. On lui prête mille noms et autant de pouvoirs. Il est tour à tour, le perdu maudit, le brûlé des sables, l’œil ouvert, le compagnon du vent, le fou de l’oasis, le prêcheur invisible…

Hamza a grandi avec certains de ces contes et se souvient d’avoir souvent frémi aux récits des ancêtres. Il a passé son enfance, au milieu de ses camarades, à incarner le personnage qu’il est devenu depuis. Il connaît maintenant la part de vérité que recèlent ces histoires ; Il en reste toujours des traces, même dans les plus grands mensonges.

Tous ses amis subsistent dans son souvenir, comme une empreinte fragile sur un sol meuble, dispersée par la brise régulière du temps. Le jeune Hamza a vieilli, lui aussi, et son nom s’est effacé, victime de la même érosion. Il vit où les plus téméraires ne font que passer, où même les fouette-queues ne se hasardent pas et, comme l’impose le culte de la discrétion, il n’a jamais revu le visage de ses anciens compagnons. Quand bien même ces derniers le croiseraient, ils seraient abusés par sa métamorphose. Pour tous, Hamza l’imprudent est parti dans un mauvais vent de sable. On finirait, peut-être, par retrouver ses ossements, blanchis et polis sous un soleil d’ivoire.

Chacun de ses jours, sur la dune intangible, il scrute le périmètre qui lui incombe et le soir venu, ses yeux prennent une teinte orangée pour continuer de percer la profondeur des ténèbres. Le désert lui parle et ce, depuis deux cents lunes au moins. Il est venu le chercher jusque dans son village. Il se souvient de ce grand vent, de ce tourbillon suffoquant d’air brûlant et de sable qui l’a entraîné loin des siens. Cette dune mouvante a roulé son corps au risque d’en disloquer les membres, l’a porté à la manière d’un océan rageur et Hamza s’est retrouvé, hagard, la mort aux lèvres, au pied du temple discret.

Il promène un noyau de datte sous sa langue, lentement. Le temps est une épreuve pour celui qui ne le quitte jamais. Ses yeux ne se fermeront plus, même dans la mort. Le sable seul pourra les recouvrir et les effacera peu à peu quand l’heure du sommeil sera venue. Un autre le regardera mourir comme il l’a fait lors de la première ascension de la dune intangible.
Il se souvient des premiers mots du désert, à l’entrée du temple ; une incantation grave qui dominait le souffle du vent :
— Tu viens de quitter Dunya, le monde des hommes. Tu appartiens désormais à la dune.

Il a essayé de fermer les yeux, de se boucher les oreilles, mais le son résonnait profondément et ses paupières avaient pris la consistance du roc. Il a divagué de longues heures, en proie aux mirages. Le sable se dressait, comme sculpté par le vent. Il prenait des formes diverses pour accompagner le discours du désert, puis retombait en imposantes cascades minérales. Privé d’eau, de nourriture et soumis aux pluies de sables, le jeune Hamza s’est effondré le deuxième soir. Les premières gouttes d’eau dans sa bouche ont eu l’effet de la glace sur un tison, paralysant sa langue avant de s’évaporer.

Peu après, il s’est senti soutenu par un autre et s’est laissé brinquebaler par le cahot de chacun des pas de son porteur dans le sable. Ses yeux ouverts le trahissaient autant que les autres sens et l’horizon l’étourdissait dans sa danse trépidante et folle. Il s’est senti plus démuni qu’un nouveau-né.

Puis l’autre l’a déposé à l’ombre d’un sommet et s’est accroupi à deux pas d’Hamza. Les éléments l’avaient érodé et asséché. Les muscles de ses bras roulaient sous une peau reptilienne, craquelée et sombre. Ses yeux, toujours ouverts, ressortaient de son visage creusé et osseux. Il s’appelait Samir, venait d’un village dont Hamza n’avait jamais entendu parler auparavant. Comme lui, il avait été enlevé aux siens, un jour de grand vent. Samir communiquait par gestes, sans jamais ouvrir la bouche. Les mots se formaient pourtant dans l’air et parvenaient distinctement aux oreilles d’Hamza. Parfois, des mouvements plus marqués faisaient jaillir des images du sable. Samir avait initié Hamza avec patience et sagesse. Il avait accompli sa tâche à la perfection et le doux repos l’attendait.

Hamza crache le noyau et reprend une datte mielleuse. Il est chaque jour plus proche de Samir et plus loin des siens. Allah l’a créé à partir du limon, mais il ne se sent plus tout à fait homme. Son argile est en miette. Le sable, en s’introduisant dans les interstices, l’a rendue hétérogène. Le feu du soleil l’a cuite. Son apparence est celle d’un tronc sec, mais il sait désormais se servir des éléments et se montre plus agile que n’importe quel être vivant alentour. La nuit tombée, il sillonne les dunes de son territoire immense, celles qui se sont affaissées, celles qui ont grandi. Samir lui a appris à détecter ces infimes variations du paysage, seul le sommet change. La base est inaltérable. Hamza file de relief en relief, sonde discrètement les cimes avant de retourner au petit matin sur la dune intangible. Samir l’avait prévenu. Il était là, en éveil permanent, dans l’attente, un homme issu des siens pour mieux les protéger, une sentinelle d’Allah. Il aurait mille fois l’impression de ne servir à rien, il serait sans cesse soumis à la tentation de renoncer à sa tâche, mais il lui faudrait trouver les ressources nécessaires pour continuer. Contredire son destin serait contredire celui de tous les fils et filles d’Adam car l’ennemi est de taille. Iblis lui-même, génie de feu, le plus orgueilleux des djinns, celui qui refusa de se prosterner devant le premier homme à la demande d’Allah. « Je ne puis me prosterner devant un homme que Tu as créé d'argile crissante, extraite d'une boue malléable » Déchu, ce dernier promit de tenter Adam et ses descendants pour les dévier de leur créateur et les entraîner avec lui dans sa fournaise.

Hamza savait tout cela, mais ne comprenait pas pourquoi il était indispensable de guetter dans le désert. Samir expliqua que ce n’était pas le désert qui importait, même si les djinns apprécient plus particulièrement les endroits isolés. C’était l’oasis qu’il devait protéger. Un concentré de vie, une parenthèse paradisiaque, un lieu d’accueil pour les âmes et les corps usés par le voyage. Y avait-il meilleur endroit et meilleures circonstances en ce monde pour tenter les hommes ? Les djinns se nourrissant de dattes et d’os pourraient fort bien s’accommoder d’un tel environnement pour se reproduire et pervertir les nomades.
Détruire les oasis ? Il est des choses que même le créateur ne peut annuler sans modifier sensiblement l’équilibre du monde. Chaque partie a sa raison d’être. Et pour ce genre d’affaire, Allah ne peut intervenir directement. Samir n’avait jamais vu la moindre manifestation d’Iblis. Sa foi était restée sans faille jusqu’à sa mort. Hamza craignait de n’être pas aussi sage car ce qu’il savait, il le tenait d’un homme qui n’avait rien vu.

L’ombre grandissante des dunes annonce l’arrivée des ténèbres. Hamza jette le noyau de sa datte et presse le pas, assailli par de mauvaises idées. Courir, grimper les vallons glissants, sonder les sommets et repartir ainsi jusqu’au lever du jour. Hamza termine sa nuit en suivant l’ombre du plus élancé des arbres. Les outres et les dattes sont là. Il mange tout sur place en maudissant son destin absurde. « Je ne suis pas fait pour attendre » se dit-il « Allah, dans sa grandeur, devrait savoir cela » Hamza guette le vent, mais il ne se passe rien. Il rumine toute la journée en omettant les tayammum et les prières. L’empreinte de ses pas s’est effacée des dunes. L’empreinte de Samir se disperse également. Hamza hurle à se rompre les cordes vocales. Au crépuscule, ses muscles secs peinent à le porter. De désespoir, il délaisse ses dunes et commence à descendre vers les lueurs de l’oasis.

Le bonheur l’irradie au premier arbre touché. De la vie, de la sève… Il plonge le visage dans un bassin. Le sable disparaît pour laisser place à l’argile. « Les dunes attendront bien une nuit » se dit-il, torturé par l’odeur de la viande grillée. En suivant le fumet, il distingue le foyer et la silhouette d’Omar. Il progresse discrètement vers les flammes. Le vent glace sa tête humide. Lorsqu’il touche l’épaule d’Omar, celui-ci sursaute en hurlant. Hamza reste immobile, laisse Omar le détailler pour se remettre de l’apparition.

— Tu es celui des dunes n’est-ce pas ? Tu n’es pas un esprit ?
— Je suis bien celui-là. Celui que tu nourris et abreuve chaque matin à l’ombre du plus grand de tes arbres. Je suis venu te rendre visite. J’ai besoin de nourrir mes sens.
Omar se courbe, prend une assiette de terre cuite et offre le meilleur quartier de viande à Hamza. D’un autre récipient, il sort un mélange de légumes aux épices qu’il verse dans un bol. Hamza sent l’argile mollir, et l’homme en lui renaître. Des parfums enfouis, son village, l’air réjoui de sa mère devant son appétit. Il pleure et dévore ce que lui donne Omar. Il maudit ce vent mauvais qui l’a éloigné des joies simples. Accroupi, les mains sur les tempes, Omar est pensif.

— Que fais-tu là, mon bon maître, n’es-tu pas occupé comme chaque jour ?
— Je m’accorde un repos car ma tâche est ingrate. Sers-moi de tes délices, j’ai besoin de me souvenir des douceurs de ce monde. Et d’ailleurs, n’as-tu pas un instrument, un peu de musique. Mes oreilles souhaitent entendre autre chose que le sifflement du vent et le frottement du sable.
— Je n’ai, hélas, qu’une vieille Darbouka mais je peux demander à ma femme et mes filles de m’accompagner.
— Tu n’es donc point seul dans cette oasis ? Bien sûr, convie-les ! Fêtons cette nuit comme si c’était la dernière d’entre toutes.
Hamza sourit aux flammes, ses organes reprennent de l’activité. Il ignore les imposantes crêtes noires des dunes pour replonger dans l’effervescence de son village d’antan. Le contact de la terre sous les pieds, l’excitation autour des jeux improvisés, les confiseries sucrées, les plaisirs innocents, les passions éphémères, les amitiés indéfectibles…
Omar entame les premières mesures de la Darbouka et les souvenirs se font plus présents encore. Il maîtrise bien son instrument et varie les effets de résonance avec talent. Puis les voix sortent de sa maison, l'une grave, les trois autres espiègles et cristallines. C’est un enchantement. Hamza sort de ses souvenirs pour vivre l’instant intense. Bientôt, il n’a d’yeux que pour l’aînée des filles. Elle ondule mieux qu’un serpent, et son regard le fige au point qu’il se sent défaillir au moindre mouvement de ses cils. Elle sourit et c’est une cascade d’eau tiède qui inonde Hamza.

La nuit s’étire. Omar fume. Sa femme est rentrée, mais sa fille aînée Leila est assise au coin du feu. Elle est silence et mystère. Hamza fume à son tour et divague. Son regard oscille entre les flammes, les dunes et Leila. Il s’affaisse en souriant sur les coussins de son hôte. Peu après le départ d’Omar, Leila s’approche et lui parle.
— Je sais que tu dois partir, mais je souhaite que tu restes ici. Ce qui te retient sur ces dunes n’est pas aussi fort que ce qui pourrait se passer entre nous. Je vois clair dans tes yeux, je sens ton feu et le mien n’est pas moins fort. Ne lutte pas contre l’évidence, tu te tromperais. J’ai beaucoup à t’offrir. Ma douceur n’a pas d’égal en ce monde et le parfum de mon cou est un gouffre capiteux sans fin.

Hamza s’approche, promène son nez le long du cou de Leila. Elle ne lui ment pas. Il perd pied, se sent choir dans le désir urgent et brutal. Il veut la posséder aussi bien qu’elle le possède lui-même. Il l’entoure de ses bras, la couvre de baisers. Elle se dégage mollement.
— Tu vas rester ?
— Oui. Je ne peux plus m’éloigner de toi à présent, Oasis de mon cœur. Je ne peux fuir cette chaleur. Je me sens homme, pour la première fois. Je m’étourdis. Mes sens explosent à ton contact.
Leila l’entoure, le caresse jusqu’au lever du jour. Hamza pour la première fois depuis longtemps vient de fermer les paupières.

La tête bourdonne encore à son réveil. Il a fermé les yeux. Il s’exerce encore, et constate qu’il les contrôle comme avant le grand vent. Leila lui a rendu sa condition d’homme ! La Maison d’Omar est close. Il déambule entre les canaux de l’oasis, se sent léger et libre, s’enivre de parfums et de saveurs qui le ramènent à Leila. Plus de carcan, plus de tâche ingrate… Par acquit de conscience, il veut faire un petit tour du côté des dunes, mais à peine est-il sorti de l’oasis qu’une nausée le fait chanceler. Ses jambes flageolent. Il rebrousse chemin tant bien que mal. Hamza pense immédiatement à une punition d’Allah. Curieusement, il s’en moque. Tout est ici, se dit-il. Quel autre lieu pourrait mieux me satisfaire ?

Lorsqu’il revient vers la maison d’Omar, elle est encore close. Il frappe. Personne. À l’intérieur, aucune trace de la famille d’Omar. Le temps que ses yeux s’habituent à l’obscurité, il détaille chaque meuble avant de découvrir une trappe sous un tapis. Il l’ouvre et descend l’escalier qui débouche sur un couloir. Il règne une grande chaleur sous terre. Hamza poursuit étonné, intrigué. Une autre porte l’attend au bout. Il frappe, crie le nom de Leila. Il entend de l’agitation puis Leila apparaît dans la pénombre, plus belle encore que dans son souvenir.
— Tu restes parmi nous finalement ?
— Oui, j’ai essayé d’aller voir les dunes, mais Allah semble m’avoir rejeté. Que dirais-tu d’une promenade et d’un bain à l’ombre des arbres ?
— Je ne peux m’y rendre en journée. Je dois rester ici. Seul Omar est capable d’affronter la lumière. Je t’en dirai plus ce soir, près du feu.

Hamza s’ébroue paisiblement dans un bassin tiède. Les yeux de Leila, les épaules de Leila, les hanches de Leila, les jambes de Leila… Une source d’ivresse et d’oubli à laquelle il veut s’abreuver. Une fois sec, il retourne vers les coussins. Omar a déposé des fruits à son intention.
— Ma maison est la tienne Hamza.
— Je souhaite te parler de Leila. J’ai des sentiments pour elle.
— Je sais. Je suis parti hier soir pour vous laisser deviser entre vous. Ce soir, tu seras seul avec elle. Elle se prépare en ce moment même pour cela. Leila est la plus grande de mes filles. Combien de touristes de passage ont eu l’esprit perturbé par sa présence ! Elle semble t’avoir choisi la nuit dernière. C’est une chance immense, en as-tu conscience ?
— Oui. J’ai renoncé à ma tâche pour rester auprès d’elle.
— Quelle est donc cette tâche qui te gardait prisonnier des dunes ?
— Je ne puis en parler. J’ai déjà suffisamment dérogé au culte de la discrétion. Je ne voudrais pas que la colère d’Allah s’abatte plus encore sur ma personne. Je ne peux déjà plus sortir de cette oasis. J’ai essayé ce matin et mes jambes ont refusé de me porter. Dis-moi Omar, cette trappe, ce couloir sous terre, quel est son usage.
— A mon tour, il est des secrets que je ne peux éventer. Leila le fera.

Le crépuscule, enfin. Hamza entretient le feu et fait cuire la viande déposée par Omar. L’air est doux et parfumé. Son corps est souple, hydraté par l’eau des bassins et ses yeux sont clos quand Leila passe la porte de la maison. Elle le réveille par un baiser. Ils s’étreignent, s’embrassent, se brûlent au désir de l’autre puis se désassemblent timidement pour boire un peu d’eau. Leila le prend par les mains
— Je vais te répondre maintenant. Je te connais bien. Tu es celui qui a été choisi pour régner sur la dune intangible et protéger l’oasis d’Iblis. Je suis désolée de t’apprendre que cela ne sert plus à rien. L’un de tes prédécesseurs s’est mal acquitté de la tâche et les esprits ont pu ramper jusqu’à l’oasis depuis longtemps. Cela s’est fait à l’insu de tous. Allah lui-même a été abusé par la manœuvre. Nous sommes tous faits de feu ici, et depuis que tu t’es uni à moi, tu fais désormais partie des nôtres. Le monde des djinns n’est pas tel qu’on le décrit. Tu trouveras le bonheur et le plaisir là où on te promettait des tourments infernaux.
— Tu m’as envoûté ! Tu as volé mon âme ! Cette punition est bien trop grande, Allah, mon orgueil ne valait pas tant de haine !
— Tu es maudit d’Allah. T’adresser à lui, c’est parler au désert. Qui pardonnerait au père qui vient de le renier ? Il y a mille choses que nous devons faire ensemble. Viens, mon homme, viens griller de plaisir, rôtir de bonheur. Nos deux essences ne demandent qu’à se mêler ensemble. Pourquoi te mentirai-je alors que tu sais tout ?
— Parce qu’il existe sans doute un moyen de revenir en arrière ! Laisse-moi maintenant !

Hamza court vers les dunes mais s’effondre, comme dans la matinée, à quelques mètres de l’oasis. Il hurle dans la nuit. Leila l’appelle, le supplie. Il sent qu’il va mourir avec sa malédiction. Le parfum de Leila frôle ses narines. Il pleure en rebroussant chemin. Omar l’accueille en lui tapant le dos. Lui, le voyageur choisi par sa femme de feu pour devenir le gardien de cette oasis.
— Notre monde est autre, empli de magie et de mystères occultes, mais il n’est pas plus dur pour les hommes que celui d’Allah. Ton destin t’a conduit ici et te demande d’y demeurer. Ne le contredis plus et tu seras heureux.

Voyageur, toi qui cherches à te protéger du soleil implacable, toi que l’eau fuit par tous les pores, toi que la faim torture, toi qui apercevras cette oasis foisonnante de verdure et de promesses. Entre sans crainte. Profite de l’hospitalité d’Omar et d’Hamza, de leur sourire séculaire et bienveillant. Le soir venu, profite des mets qui te seront offerts, laisse courir ton œil sur la beauté des femmes qui sortiront se promener. Ton destin te poussera à partir au petit matin, au cœur du véritable mirage, celui de l’existence humaine, à moins que tu ne plaises à l’un de ces êtres de feu amateurs d’os et de dattes…

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Message  Nilo Mar 22 Juin - 17:26

Pfff...
C'est super long et là je n'ai pas le temps.
Mais tu sais que j'aime te lire et que je reviendrai.
C'est juste pour remettre ce texte, qui doit être bon, en piste pour la lecture avant qu'on l'oublie.

Nilo, remise à flot.

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Message  Zlatko Mar 22 Juin - 17:57

Un peu plus mitigé que d'habitude, mais je t'ai lu. Disons que j'avais l'impression d'avoir déjà lu tout ça, l'homme solitaire, la demi-mort, l'initiation, l'histoire d'amour déchirante, la "morale" finale... La qualité de tes textes habituels m'oblige à le souligner.

Z, pinailleur.
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Message  vivant Mar 22 Juin - 21:54

ben tu vois, j'suis pas loin d'être d'accord... j'ai pris ça comme un exercice de style, mais l'ensemble ne m'a jamais vraiment convaincu... Il a plu à d'autres, pourtant. écrit pour un concours, mais finalement gardé dans un tiroir...

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Message  Nilo Lun 26 Juil - 17:02

Chose promise.
En fait c'est grâce à l'Auteur à la Une que j'y suis revenu.
Et moi aussi j'ai trouvé cette fois-ci un texte un peu "long" à la lecture, je n'y ai pas éprouvé le plaisir que j'ai en général à te lire. Sans doute un peu comme Z. à cause de cette impression de déjà lu ailleurs. Et mieux lu.

Nilo, chose due.

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Message  Nilo Mer 21 Aoû - 17:34

Lire du Vivant me manque.
Alors quand le Mur, dans sa hasardeuse bienveillance, me renvoie une de ces clef de voute essentielle je dis ENCORE.

Nilo, et encore.

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