Amazones vénitiennes sur l'autoroute A7

LCbeat Ven 10 Déc - 15:36

Je ne suis presque rien
La face dévergondée des murailles abattues
Au creux du silence crucifié

Comme tant de singes suspendus sous le pas des femmes
Je suis un être minuscule, écrasé par les regards aiguisés
De celles dont taire le nom ne suffit plus

La gueule du fantasme me cloue aux piloris directionnels
Girouette de papier vicié, brinquebalant mes idées de poète mon cul !
Je lis dans les journaux ; c'est le jour des morts
Et les poètes sont des visages sans paroles
Leurs yeux ringards, et leurs mains rougies qui tournent encore un peu
Au-dessus de ce qui fut une feuille

Je m'accroche aux chevilles haletantes
Blanches, l'écume aux lèvres et l'œil vissé aux mirages
Carnaval vénitien, bleu et mauve des néons des supermarchés
Ma langue absorbe les restes d'un aile
Déposée là comme un crayon flamboyant

Mes doigts s'écrasent dans la cendre, je suis un masque
Profond, manucuré comme les mains des prostituées de l'autoroute A7
Le vent dégueulasse soulève des jupes dégueulasses
Un vieux journal annonçant le début de nouvelles opérations

Je serai chirurgien le jour où les femmes seront des planètes
Des galaxies sauvages, assassines, des tueuses d'étoiles
Je m'avale les derniers mots, mâchant le mégot rouge du sein tatoué
Amazone tue-mouches, papier citoyen des gares perdues

Je m'enveloppe de leur parfum jusqu'à sentir leurs doigts
Tresser des monstres endormis sur mon corps métallique

Nilo Ven 10 Déc - 18:21

Certains mots me paraissant égarés ou simplement présent pour "faire de l'effet" me sont incompréhensibles dans le contexte. Même s'ils sonnent bien.
Mais le tout "tient la route".
Et quelques belles embardées sont notables, dont ceci
Je serai chirurgien le jour où les femmes seront des planètes
Des galaxies sauvages, assassines, des tueuses d'étoiles
Je m'avale les derniers mots, mâchant le mégot rouge du sein tatoué
Amazone tue-mouches

Nilo, mort à Venise.