Je mâche l'addiction des longues brunes taillées dans la guêpière des crins

Je mâche l'addiction des longues brunes taillées dans la guêpière des crins


Qu'elles me sont de frêles vespérales
hantise freudonnée des Possibles innommables
Qu'elles étirent contre le chambranle
leurs tiges de hêtre et de châtaigniers
Qu'elles encore encorbellent les miroirs
longues torpeurs évanescentes et vanités

Je mâche l'addiction des longues brunes
taillées dans la guêpière des crins
des ravines réduites à l'envie et au cœur
comme une langue permise de taire

Qu'elles n'imaginent pas ces immenses rêveries
coulées dans le monde comme un monde de plus
d'homme refondu dans l'enfant d'autrefois
Qu'elles ne sont d'elles-mêmes qu'une idée
chapardée par grand vent, celui des odyssées
celui dont on dit qu'il est l'ultimatum

Poussé à l'inverse des verticales infinies
ces forêts sans arbre plus haut que l'autre
je dérive à mains nues dans la suavité du cocon
larges seins éprouvant la lèvre du poème
qui ose dire encore que le temps nous appartient

Corps-abeille fructueux, sentant délice
chair et sang chavirant dans l'absence d'oxygène
aux ventres assoupis comme des monstres naïfs
déchirent les rangs à peine tisser
aux pieds disposés sur les rails d'un chemin de mer
flûtant le ballast et le cœur transi s'accapare la langueur

Qu'elles n'existent que dans des rêves de môme
même fatiguées, même usées à l'accord abrasif
ces longues brunes à demi masquées par la lune
font des éclipses des ronds de fumée

Voilà une écriture très dense, très esthétique, très habitée.
J'avoue, j'ai eu un coup de coeur de suite pour les premiers vers

Qu'elles me sont de frêles vespérales
hantise freudonnée des Possibles innommables

Une âme perdue mi-lune, ni brune, ni Lacanienne, ni laconique...

Un titre immense, intriguant et assez obscur.

Un texte qui n'a rien d'une promenade tranquille, mais qui s'apparente plutôt à un sentier de haute montagne : il ne se laisse pas aborder du premier coup, on peine et on ahane... et puis au détour du sentier, quelques paysages grandioses qui font qu'on ne regrette pas le détour.

Pour moi, le coup de coeur c'est ici :

"Qu'elles n'imaginent pas ces immenses rêveries
coulées dans le monde comme un monde de plus
d'homme refondu dans l'enfant d'autrefois
Qu'elles ne sont d'elles-mêmes qu'une idée
chapardée par grand vent, celui des odyssées
celui dont on dit qu'il est l'ultimatum

Poussé à l'inverse des verticales infinies
ces forêts sans arbre plus haut que l'autre
je dérive à mains nues dans la suavité du cocon
larges seins éprouvant la lèvre du poème
qui ose dire encore que le temps nous appartient"

Le titre m'a attiré, indéniablement.
Mais je suis resté sur ma faim. Ca arrive de temps en temps.
Cependant la strophe titre
Je mâche l'addiction des longues brunes
taillées dans la guêpière des crins
des ravines réduites à l'envie et au cœur
comme une langue permise de taire
a retenu route mon attention, ce qui devait arriver.
Forcément, il y a là des mots qui ne peuvent m'échapper.

Nilo, quel guépier...

Me voilà heureuse de te lire...

J'ai toujours ce coup de coeur quand je te lis et je crois que je ne le dirais jamais assez.

En passant PC....bonne année à toi avec plein de poésie...oui oui oui

Sylvie