Derniers sujets
Statistiques
Nous avons 448 membres enregistrésL'utilisateur enregistré le plus récent est Marine8316
Nos membres ont posté un total de 56714 messages dans 10705 sujets
Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
+5
Swann
LCbeat
Sylvie
Nilo
sasvata
9 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2
Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Partie 1
Chapitre 1
Un poing lourd écrase l’alarme, qui se tait aussitôt. Ouvrant doucement les yeux, Erika retrouve les neuf mètres carrés qui lui servent d’appartement, sous les lumières artificielles de la rue qui filtrent par la fenêtre. Sans enthousiasme, et malgré la fatigue qu’elle ressent encore, elle s’extirpe de son lit pour atteindre la douche à tâtons. Pendant dix secondes, son corps se réveille sous les jets de vapeur de désinfectant et d’antiseptique qui l’assaillent de toutes parts dans la petite cabine. Elle en ressort, embaumant le tue-microbe puisqu’elle ne peut pas se payer le système avec parfum incorporé, pour se glisser dans sa combinaison « seconde peau » gentiment pliée sur la chaise faisant angle près de la fenêtre. La tenue, censée la maintenir à une température optimale, ne fait plus son office depuis longtemps déjà, mais la jeune femme n’a jamais eu les moyens de s’en acheter une neuve. Elle s’enroule donc dans un vaste châle de laine élimé, histoire de contrer un peu le froid polaire qui s’est abattu sur les hivers de la région depuis quelques années, et enfonce sur sa tête un bonnet à l’effigie de l’équipe de foot du coin qu’elle a trouvé dans une poubelle. Avant d’enfiler de vieilles mitaines, elle attrape son paquet de clopes dans un sac de cuir jaune-pisse usé. Elle en allume une tandis qu’elle referme la porte de son cagibi. Elle attend un instant que le détecteur de mouvement déclenche le système de lumière du corridor, en vain. Une fois de plus, les leds ont dû être volées. Elle réussit malgré tout à glisser la clé dans la serrure, et à enclencher l’alarme devant protéger son intérieur des intrus et autres squatteurs pullulant dans le secteur. Elle soupire, avant de dévaler les escaliers. Trois étages dans la pénombre, seule sa cigarette émettant une faible lumière rouge. Ce n’est pas comme si elle n’y était pas habituée... Elle manque cependant buter dans un corps, à l’entrée de l’immeuble. Un poivrot qui aura trouvé commode ce porche à la serrure brisée pour passer la nuit. Elle râle vaguement avant de s’élancer dans la ruelle déserte en cette heure tardive, le bras verrouillé sur son vieux sac tandis qu’elle tire nerveusement sur sa clope. Les ordures jonchant le sol, les cadavres de bouteilles, les corps inanimés entassés dans le caniveau tandis que les mouches s’en font des festins. Quartier difficile.
Elle force son regard à rester droit et à ne s’attarder sur rien, ignorant les odeurs mêlées d’urine, d’alcool et de putréfaction. C’est le prix d’une tranquillité toute relative, elle le sait. Sous les néons clignotants des différents bouges du quartier, elle accélère le pas, peu rassurée à l’idée que quelqu’un puisse en sortir. Bientôt, elle rejoint l’axe principal, et peut ralentir la cadence. La lumière y est plus vive, presque rassurante. Les rues moins sales et encombrées.
Erika s’engouffre dans la bouche de métro, et vérifie l’heure sur son bracelet argenté avant de le scanner pour ouvrir les portes sécurisées. Vingt-et-une heures quarante-cinq. Dans les temps, tout va bien. Les portes glissent doucement sur le côté, lui laissant le champ libre. Elle sait qu’il ne lui reste plus beaucoup de crédit sur son compte, mais le jour de paye se rapproche. Elle devrait y arriver.
Tandis qu’elle monte dans la rame aux tons passés qui vient d’arriver dans un silence soyeux, son regard noir se pose sur ce bracelet qui se balance à son fin poignet gauche. Obligatoire depuis la naissance, il contient toutes les informations relatives à la personne qui le porte, de son identité à ses comptes en banque. Il sert aussi de montre, et a remplacé il y a bientôt un siècle déjà le téléphone portable. Un GPS y est intégré, ainsi que quelques autres gadgets. Les gens s’encombraient de tant de choses avant, soupire Erika.
La rame file à toute allure dans les vieux tunnels de la ville rose. La jeune femme garde son regard baissé, évitant inconsciemment son reflet dans la vitre en face d’elle. Cela fait longtemps déjà qu’elle ne se regarde plus. Ou plutôt qu’elle fait tout pour ne pas se voir. Elle s’est lassée de haïr ce physique qui est désormais le sien, mais pour autant, elle ne l’assume pas. Difficile en effet d’être fière de cette chair flasque et violacée, cloquée, tâchée de brun par endroits, vestiges d’une brûlure qui a failli lui coûter la vie. Cette silhouette émaciée légèrement voûtée à force de fixer son regard au sol. Ce visage que la chaleur a fait fondre et a horriblement déformé. Ce crâne chauve qu’elle cache tant bien que mal sous un vieux bonnet. Ces doigts éternellement engourdis qui ne répondent à ses impulsions que selon leur bon vouloir. Elle a longtemps pleuré son corps d’antan, jeune et beau, parfait dans sa fraîcheur et son innocence. Mais les larmes ne nourrissent pas, et il ne sert à rien de s’apitoyer sur son sort. Elle a gardé de son père cette force de caractère qui lui a permis de survivre à tous ces drames qui se sont acharnés sur elle alors qu’elle était si jeune.
La rame de métro ralentit, puis s’arrête tout à fait. Sa station. Elle sort bientôt au grand air, le corps frappé par le froid glacial. Elle réprime un frisson avant de s’élancer dans la rue, restant aussi éloignée que possible des autres piétons, glissant telle une ombre le long des façades d’immeubles de la rue Alsace-Lorraine.
Quelques pas encore et elle pénètre dans le café thématique occupant le rez-de-chaussée d’une de ces bâtisses anciennes où elle travaille depuis trois ans déjà, en horaires de nuit. Un vieux rock datant du début des années deux mille l’accueille, comme tous les jours. Les vieux standards ne coûtent rien et plaisent toujours aux nostalgiques.
Elle salue rapidement le cuisinier, accoudé à son passe en attendant que l’unique client présent à cette heure commande à une serveuse d’une soixantaine d’années son hamburger-frites, puis s’enferme quelques instants dans la salle réservée au personnel. Elle range son châle et son sac dans son casier, enfile sur sa combinaison moulante la veste fuchsia qui lui sert d’uniforme, colle le badge de l’enseigne aux messages changeants sur sa poitrine sans seins, et reprend la direction de la salle de restauration, réajustant le bonnet sur sa tête. Son regard évite consciencieusement le reflet que le miroir de la porte lui renvoie. Elle va embrasser rapidement Annie, l’autre serveuse, puis s’attèle à nettoyer les tables avec le désinfectant, comme chaque soir. Elle s’occupe un moment, puis sa tâche accomplie, aucun client n’ayant franchi la porte du fast-food rétro, elle passe derrière le comptoir, se fait couler un café, attrape un donut, et s’installe de l’autre côté sur un haut tabouret. Howard, le cuisinier, ne tarde pas à venir installer son corps bedonnant près du sien tandis qu’elle allume la feuille de journal numérique en libre-service. La date s’affiche : seize novembre deux mille deux cent cinquante-sept.
- Je comprends pas que tu puisses prendre un petit-déjeuner à cette heure…, remarque Annie. Et ça en plus, ajoute-t-elle avec un air de dégoût en désignant le beignet qu’Erika tient entre ses doigts recroquevillés. Je sais pas moi, on est en France malgré tout, tu pourrais prendre un croissant !
La jeune femme ne répond pas et croque généreusement dans son beignet, toisant Annie
du regard.
- Il faut bien manger, non ? Et les croissants rentrent pas dans mon budget.
- Mais un beignet tout gras à vingt-trois heures trente…
- Ben pour moi, c’est un apport énergétique comme un autre, et y’a pas d’heure pour en manger. C’est comme ça.
- Bon, les news, ça dit quoi ? intervient Howard pour désamorcer le conflit auquel il assiste presque tous les soirs.
- Attends, j’ai pas encore eu le temps de voir, répond Erika. Ah, ils ont envoyé une autre équipe sur Mars, reprend-elle bientôt. Ils en sont à combien maintenant ? Avec tous ceux qui vont là-haut, ils seront bientôt plus nombreux qu’ici…
- Moi j’aimerais bien y aller, commente le vieux cuistot au crâne dégarni auréolé de quelques cheveux blancs, faisant chanter son accent du sud.
- C’est ça, rêve Papi. Ils prennent que des jeunes, les vieux comme nous, ça les intéresse pas du tout, lui rétorque sa femme. Et quand ils seront prêts à coloniser, on sera les derniers de la liste, crois-moi.
- Annie, c’est pas contre vous, corrige Erika, mais c’est logique : les organismes jeunes s’adaptent plus facilement à un nouvel environnement que les vieux.
- Les vieux sont tout à fait capables de s’adapter. Et on a toujours besoin de la sagesse des anciens !
- Oh là, nous traite pas d’anciens, Maman, c’est prématuré ! On n’a que soixante ans, soit le summum de notre force. A peine la moitié de ce que Dieu nous a donné.
- Ça t’en sais rien Howard.
- Bon ça va les jeunes, les interrompt Erika. Revenons aux news, voulez-vous ? Donc une nouvelle équipe. Ils sont dix cette fois, ce qui monte la population de la station à deux cent sept, d’après le journal.
- Ils comptent tous les retours ?
- Sans doute Howie chéri, lance sa femme, les traits fatigués, mais l’œil vif. Les journaleux sont là pour suivre les comptes.
- J’ai pas confiance en ces fouille-merde, répond-il d’un air bourru.
- On te demande pas de leur faire confiance, mais on s’en fout un peu, de s’ils savent compter ou pas. Tout ce qu’on leur demande, c’est de nous tenir informés, rétorque Erika. Et là, ils disent que les dix nouveaux membres arrivent normalement aujourd’hui.
Le cuisinier grommelle dans son éternelle barbe blanche de trois jours, avant de reprendre :
- Mais ils sont partis quand ?
- Y’a une semaine, répond Erika après avoir pris le temps de trouver l’information sur la feuille numérique.
- Wah…, s’extasie Annie, ils se sont améliorés. Ils mettaient trois mois y’a pas deux ans.
- Ouais, mais le téléport a tout changé, ils le disent là.
Les recherches sur la matière, entamée des siècles plus tôt, a permis de développer un système de dématérialisation des cellules, en détournant le fameux champ de Higgs (1) , ce qui a abouti quelques années auparavant à la possibilité de se déplacer à volonté, sur n’importe quelle distance. Sur activation du système, la matière disparait d’un endroit pour se transporter dans un autre, intacte. Après que les militaires et les scientifiques aient seuls bénéficiés de cette fabuleuse avancée technologique très décriée à l’époque, les riches et autres puissants de ce monde ont eux aussi désormais leur « ligne » privée, et depuis dix ans, le grand public commence à y avoir accès, via des téléports communs installés généralement dans les stations de métro. Il suffit de scanner son bracelet, et le crédit nécessaire est prélevé. On peut traverser la planète ou se rendre de l’autre côté de la ville en une demi-seconde. Plus personne n’utilise plus désormais de véhicule personnel, sinon quelques nostalgiques aisés. A quoi bon ? Ils sont tellement moins rapides ! Aussi les rues autrefois grouillantes d’automobiles en tous genres sont devenues le terrain de jeu des piétons, et les pelouses vertes et autres végétaux y foisonnent.
- Ils sont quand même pas au point, bougonne le cuisinier. Parce que nous, il nous faut que quelques secondes pour traverser la Terre, alors qu’à eux, il leur faut quant même une semaine !
- Howard, nous, au maximum, on fait douze mille bornes, intervient Erika avec une certaine lassitude dans la voix. Eux, ils doivent parcourir plus de soixante millions de kilomètres…
La moue du vieil homme exprime tout le désintérêt qu’il porte à ce petit détail, mais il continue néanmoins :
- Mais ils ont pas dit que la distance diminuait en ce moment ?
- Si, peut-être bien, réfléchit Erika. Un truc genre « on n’a pas été aussi près de la planète rouge depuis des millénaires… » C’est sans doute pour ça qu’ils y vont aussi souvent en ce moment.
- Bon, les interrompt Annie, qui vient de s’installer à son tour au comptoir, et qu’est-ce qu’ils vont faire, ceux-là ?
- Ils le précisent pas, répond la jeune femme détenant le journal après une pause. Sans doute comme les autres, être des cobayes qui font des relevés, histoire de voir si on peut vraiment vivre là-haut.
- Ce serait pas pire qu’ici, toute façon, souffle le cuisinier.
- Attends, le corrige Erika, ici, on peut respirer, tandis que là-haut, y’a pas d’oxygène j’te signale… On n’est pas faits pour vivre ailleurs que sur la Terre.
- Quand tu vois dans quel état on l’a mise, moi j’comprends qui y’en ait qui pensent qu’à partir, siffle Annie.
La réflexion pertinente laisse tout le monde d’accord tandis que le sujet glisse vers une actualité plus proche d’eux :
- Ils ont encore mis un politocard en taule, reprend Erika de sa voix monocorde comme elle a changé de page.
- Encore un ?! s’exclame Howard. Ça en fait combien cette année ?
- J’sais pas, j’ai arrêté de compter quand ils ont dépassé la dizaine, répond la jeune femme.
- Y’en aura bientôt plus en prison que de terroristes et de voleurs, sans rire ! s’indigne le cuisinier.
- Au moins, tant qu’ils les mettent en prison, dit Annie, ça veut dire que le système fonctionne…
- N’importe quoi voyons ! C’est des mecs qui nous ont gouvernés depuis plus de vingt ans, avec le résultat que l’on sait, et c’est seulement maintenant qu’ils ont ruiné l’Union qu’on les sort du pouvoir ! Si le système était bien fait, ils y seraient depuis longtemps, derrière les barreaux !
- T’emballe pas, Howie, l’apaise Erika en lui posant la main sur le bras. C’est pas bon pour ton cœur.
L’autre se contente d’un vague grognement sans rien ajouter.
- De toute façon, constate la jeune femme sans enthousiasme, ils font qu’enlever la merde à la surface, ça n’empêche pas les autres d’être tout aussi corrompus et avides de pouvoir. Y’en a pas un qui soit là pour s’occuper de nous. Ils en ont que pour leur gueule, et nous, on peut crever.
Elle glisse doucement l’index de sa main droite sur la feuille numérique, faisant ainsi apparaître la page suivante.
- Ah… Les Fox ont gagné.
- Les Fox ? répète Annie.
- L’équipe de gamers de Londres. Ça doit être le premier match qu’ils gagnent en plus de dix ans, pas vrai Howie ?
- Au moins ! renchérit celui-ci, qui s’y connait autant en jeux vidéos dernière génération qu’un violoniste en composés chimiques.
Dans une atmosphère décontractée, la conversation passe ainsi d’un titre à un autre sans que le moindre client ne vienne les déranger.
(1) Théorie du XXème siècle expliquant la masse de la matière. La matière traverse le champ de Higgs, et se retrouve par interaction dotée d’une masse. En parvenant à détourner ce champ scalaire, la matière redevient pur rayonnement, et donc déplaçable plus facilement.
[Pour Cend']
Chapitre 1
Un poing lourd écrase l’alarme, qui se tait aussitôt. Ouvrant doucement les yeux, Erika retrouve les neuf mètres carrés qui lui servent d’appartement, sous les lumières artificielles de la rue qui filtrent par la fenêtre. Sans enthousiasme, et malgré la fatigue qu’elle ressent encore, elle s’extirpe de son lit pour atteindre la douche à tâtons. Pendant dix secondes, son corps se réveille sous les jets de vapeur de désinfectant et d’antiseptique qui l’assaillent de toutes parts dans la petite cabine. Elle en ressort, embaumant le tue-microbe puisqu’elle ne peut pas se payer le système avec parfum incorporé, pour se glisser dans sa combinaison « seconde peau » gentiment pliée sur la chaise faisant angle près de la fenêtre. La tenue, censée la maintenir à une température optimale, ne fait plus son office depuis longtemps déjà, mais la jeune femme n’a jamais eu les moyens de s’en acheter une neuve. Elle s’enroule donc dans un vaste châle de laine élimé, histoire de contrer un peu le froid polaire qui s’est abattu sur les hivers de la région depuis quelques années, et enfonce sur sa tête un bonnet à l’effigie de l’équipe de foot du coin qu’elle a trouvé dans une poubelle. Avant d’enfiler de vieilles mitaines, elle attrape son paquet de clopes dans un sac de cuir jaune-pisse usé. Elle en allume une tandis qu’elle referme la porte de son cagibi. Elle attend un instant que le détecteur de mouvement déclenche le système de lumière du corridor, en vain. Une fois de plus, les leds ont dû être volées. Elle réussit malgré tout à glisser la clé dans la serrure, et à enclencher l’alarme devant protéger son intérieur des intrus et autres squatteurs pullulant dans le secteur. Elle soupire, avant de dévaler les escaliers. Trois étages dans la pénombre, seule sa cigarette émettant une faible lumière rouge. Ce n’est pas comme si elle n’y était pas habituée... Elle manque cependant buter dans un corps, à l’entrée de l’immeuble. Un poivrot qui aura trouvé commode ce porche à la serrure brisée pour passer la nuit. Elle râle vaguement avant de s’élancer dans la ruelle déserte en cette heure tardive, le bras verrouillé sur son vieux sac tandis qu’elle tire nerveusement sur sa clope. Les ordures jonchant le sol, les cadavres de bouteilles, les corps inanimés entassés dans le caniveau tandis que les mouches s’en font des festins. Quartier difficile.
Elle force son regard à rester droit et à ne s’attarder sur rien, ignorant les odeurs mêlées d’urine, d’alcool et de putréfaction. C’est le prix d’une tranquillité toute relative, elle le sait. Sous les néons clignotants des différents bouges du quartier, elle accélère le pas, peu rassurée à l’idée que quelqu’un puisse en sortir. Bientôt, elle rejoint l’axe principal, et peut ralentir la cadence. La lumière y est plus vive, presque rassurante. Les rues moins sales et encombrées.
Erika s’engouffre dans la bouche de métro, et vérifie l’heure sur son bracelet argenté avant de le scanner pour ouvrir les portes sécurisées. Vingt-et-une heures quarante-cinq. Dans les temps, tout va bien. Les portes glissent doucement sur le côté, lui laissant le champ libre. Elle sait qu’il ne lui reste plus beaucoup de crédit sur son compte, mais le jour de paye se rapproche. Elle devrait y arriver.
Tandis qu’elle monte dans la rame aux tons passés qui vient d’arriver dans un silence soyeux, son regard noir se pose sur ce bracelet qui se balance à son fin poignet gauche. Obligatoire depuis la naissance, il contient toutes les informations relatives à la personne qui le porte, de son identité à ses comptes en banque. Il sert aussi de montre, et a remplacé il y a bientôt un siècle déjà le téléphone portable. Un GPS y est intégré, ainsi que quelques autres gadgets. Les gens s’encombraient de tant de choses avant, soupire Erika.
La rame file à toute allure dans les vieux tunnels de la ville rose. La jeune femme garde son regard baissé, évitant inconsciemment son reflet dans la vitre en face d’elle. Cela fait longtemps déjà qu’elle ne se regarde plus. Ou plutôt qu’elle fait tout pour ne pas se voir. Elle s’est lassée de haïr ce physique qui est désormais le sien, mais pour autant, elle ne l’assume pas. Difficile en effet d’être fière de cette chair flasque et violacée, cloquée, tâchée de brun par endroits, vestiges d’une brûlure qui a failli lui coûter la vie. Cette silhouette émaciée légèrement voûtée à force de fixer son regard au sol. Ce visage que la chaleur a fait fondre et a horriblement déformé. Ce crâne chauve qu’elle cache tant bien que mal sous un vieux bonnet. Ces doigts éternellement engourdis qui ne répondent à ses impulsions que selon leur bon vouloir. Elle a longtemps pleuré son corps d’antan, jeune et beau, parfait dans sa fraîcheur et son innocence. Mais les larmes ne nourrissent pas, et il ne sert à rien de s’apitoyer sur son sort. Elle a gardé de son père cette force de caractère qui lui a permis de survivre à tous ces drames qui se sont acharnés sur elle alors qu’elle était si jeune.
La rame de métro ralentit, puis s’arrête tout à fait. Sa station. Elle sort bientôt au grand air, le corps frappé par le froid glacial. Elle réprime un frisson avant de s’élancer dans la rue, restant aussi éloignée que possible des autres piétons, glissant telle une ombre le long des façades d’immeubles de la rue Alsace-Lorraine.
Quelques pas encore et elle pénètre dans le café thématique occupant le rez-de-chaussée d’une de ces bâtisses anciennes où elle travaille depuis trois ans déjà, en horaires de nuit. Un vieux rock datant du début des années deux mille l’accueille, comme tous les jours. Les vieux standards ne coûtent rien et plaisent toujours aux nostalgiques.
Elle salue rapidement le cuisinier, accoudé à son passe en attendant que l’unique client présent à cette heure commande à une serveuse d’une soixantaine d’années son hamburger-frites, puis s’enferme quelques instants dans la salle réservée au personnel. Elle range son châle et son sac dans son casier, enfile sur sa combinaison moulante la veste fuchsia qui lui sert d’uniforme, colle le badge de l’enseigne aux messages changeants sur sa poitrine sans seins, et reprend la direction de la salle de restauration, réajustant le bonnet sur sa tête. Son regard évite consciencieusement le reflet que le miroir de la porte lui renvoie. Elle va embrasser rapidement Annie, l’autre serveuse, puis s’attèle à nettoyer les tables avec le désinfectant, comme chaque soir. Elle s’occupe un moment, puis sa tâche accomplie, aucun client n’ayant franchi la porte du fast-food rétro, elle passe derrière le comptoir, se fait couler un café, attrape un donut, et s’installe de l’autre côté sur un haut tabouret. Howard, le cuisinier, ne tarde pas à venir installer son corps bedonnant près du sien tandis qu’elle allume la feuille de journal numérique en libre-service. La date s’affiche : seize novembre deux mille deux cent cinquante-sept.
- Je comprends pas que tu puisses prendre un petit-déjeuner à cette heure…, remarque Annie. Et ça en plus, ajoute-t-elle avec un air de dégoût en désignant le beignet qu’Erika tient entre ses doigts recroquevillés. Je sais pas moi, on est en France malgré tout, tu pourrais prendre un croissant !
La jeune femme ne répond pas et croque généreusement dans son beignet, toisant Annie
du regard.
- Il faut bien manger, non ? Et les croissants rentrent pas dans mon budget.
- Mais un beignet tout gras à vingt-trois heures trente…
- Ben pour moi, c’est un apport énergétique comme un autre, et y’a pas d’heure pour en manger. C’est comme ça.
- Bon, les news, ça dit quoi ? intervient Howard pour désamorcer le conflit auquel il assiste presque tous les soirs.
- Attends, j’ai pas encore eu le temps de voir, répond Erika. Ah, ils ont envoyé une autre équipe sur Mars, reprend-elle bientôt. Ils en sont à combien maintenant ? Avec tous ceux qui vont là-haut, ils seront bientôt plus nombreux qu’ici…
- Moi j’aimerais bien y aller, commente le vieux cuistot au crâne dégarni auréolé de quelques cheveux blancs, faisant chanter son accent du sud.
- C’est ça, rêve Papi. Ils prennent que des jeunes, les vieux comme nous, ça les intéresse pas du tout, lui rétorque sa femme. Et quand ils seront prêts à coloniser, on sera les derniers de la liste, crois-moi.
- Annie, c’est pas contre vous, corrige Erika, mais c’est logique : les organismes jeunes s’adaptent plus facilement à un nouvel environnement que les vieux.
- Les vieux sont tout à fait capables de s’adapter. Et on a toujours besoin de la sagesse des anciens !
- Oh là, nous traite pas d’anciens, Maman, c’est prématuré ! On n’a que soixante ans, soit le summum de notre force. A peine la moitié de ce que Dieu nous a donné.
- Ça t’en sais rien Howard.
- Bon ça va les jeunes, les interrompt Erika. Revenons aux news, voulez-vous ? Donc une nouvelle équipe. Ils sont dix cette fois, ce qui monte la population de la station à deux cent sept, d’après le journal.
- Ils comptent tous les retours ?
- Sans doute Howie chéri, lance sa femme, les traits fatigués, mais l’œil vif. Les journaleux sont là pour suivre les comptes.
- J’ai pas confiance en ces fouille-merde, répond-il d’un air bourru.
- On te demande pas de leur faire confiance, mais on s’en fout un peu, de s’ils savent compter ou pas. Tout ce qu’on leur demande, c’est de nous tenir informés, rétorque Erika. Et là, ils disent que les dix nouveaux membres arrivent normalement aujourd’hui.
Le cuisinier grommelle dans son éternelle barbe blanche de trois jours, avant de reprendre :
- Mais ils sont partis quand ?
- Y’a une semaine, répond Erika après avoir pris le temps de trouver l’information sur la feuille numérique.
- Wah…, s’extasie Annie, ils se sont améliorés. Ils mettaient trois mois y’a pas deux ans.
- Ouais, mais le téléport a tout changé, ils le disent là.
Les recherches sur la matière, entamée des siècles plus tôt, a permis de développer un système de dématérialisation des cellules, en détournant le fameux champ de Higgs (1) , ce qui a abouti quelques années auparavant à la possibilité de se déplacer à volonté, sur n’importe quelle distance. Sur activation du système, la matière disparait d’un endroit pour se transporter dans un autre, intacte. Après que les militaires et les scientifiques aient seuls bénéficiés de cette fabuleuse avancée technologique très décriée à l’époque, les riches et autres puissants de ce monde ont eux aussi désormais leur « ligne » privée, et depuis dix ans, le grand public commence à y avoir accès, via des téléports communs installés généralement dans les stations de métro. Il suffit de scanner son bracelet, et le crédit nécessaire est prélevé. On peut traverser la planète ou se rendre de l’autre côté de la ville en une demi-seconde. Plus personne n’utilise plus désormais de véhicule personnel, sinon quelques nostalgiques aisés. A quoi bon ? Ils sont tellement moins rapides ! Aussi les rues autrefois grouillantes d’automobiles en tous genres sont devenues le terrain de jeu des piétons, et les pelouses vertes et autres végétaux y foisonnent.
- Ils sont quand même pas au point, bougonne le cuisinier. Parce que nous, il nous faut que quelques secondes pour traverser la Terre, alors qu’à eux, il leur faut quant même une semaine !
- Howard, nous, au maximum, on fait douze mille bornes, intervient Erika avec une certaine lassitude dans la voix. Eux, ils doivent parcourir plus de soixante millions de kilomètres…
La moue du vieil homme exprime tout le désintérêt qu’il porte à ce petit détail, mais il continue néanmoins :
- Mais ils ont pas dit que la distance diminuait en ce moment ?
- Si, peut-être bien, réfléchit Erika. Un truc genre « on n’a pas été aussi près de la planète rouge depuis des millénaires… » C’est sans doute pour ça qu’ils y vont aussi souvent en ce moment.
- Bon, les interrompt Annie, qui vient de s’installer à son tour au comptoir, et qu’est-ce qu’ils vont faire, ceux-là ?
- Ils le précisent pas, répond la jeune femme détenant le journal après une pause. Sans doute comme les autres, être des cobayes qui font des relevés, histoire de voir si on peut vraiment vivre là-haut.
- Ce serait pas pire qu’ici, toute façon, souffle le cuisinier.
- Attends, le corrige Erika, ici, on peut respirer, tandis que là-haut, y’a pas d’oxygène j’te signale… On n’est pas faits pour vivre ailleurs que sur la Terre.
- Quand tu vois dans quel état on l’a mise, moi j’comprends qui y’en ait qui pensent qu’à partir, siffle Annie.
La réflexion pertinente laisse tout le monde d’accord tandis que le sujet glisse vers une actualité plus proche d’eux :
- Ils ont encore mis un politocard en taule, reprend Erika de sa voix monocorde comme elle a changé de page.
- Encore un ?! s’exclame Howard. Ça en fait combien cette année ?
- J’sais pas, j’ai arrêté de compter quand ils ont dépassé la dizaine, répond la jeune femme.
- Y’en aura bientôt plus en prison que de terroristes et de voleurs, sans rire ! s’indigne le cuisinier.
- Au moins, tant qu’ils les mettent en prison, dit Annie, ça veut dire que le système fonctionne…
- N’importe quoi voyons ! C’est des mecs qui nous ont gouvernés depuis plus de vingt ans, avec le résultat que l’on sait, et c’est seulement maintenant qu’ils ont ruiné l’Union qu’on les sort du pouvoir ! Si le système était bien fait, ils y seraient depuis longtemps, derrière les barreaux !
- T’emballe pas, Howie, l’apaise Erika en lui posant la main sur le bras. C’est pas bon pour ton cœur.
L’autre se contente d’un vague grognement sans rien ajouter.
- De toute façon, constate la jeune femme sans enthousiasme, ils font qu’enlever la merde à la surface, ça n’empêche pas les autres d’être tout aussi corrompus et avides de pouvoir. Y’en a pas un qui soit là pour s’occuper de nous. Ils en ont que pour leur gueule, et nous, on peut crever.
Elle glisse doucement l’index de sa main droite sur la feuille numérique, faisant ainsi apparaître la page suivante.
- Ah… Les Fox ont gagné.
- Les Fox ? répète Annie.
- L’équipe de gamers de Londres. Ça doit être le premier match qu’ils gagnent en plus de dix ans, pas vrai Howie ?
- Au moins ! renchérit celui-ci, qui s’y connait autant en jeux vidéos dernière génération qu’un violoniste en composés chimiques.
Dans une atmosphère décontractée, la conversation passe ainsi d’un titre à un autre sans que le moindre client ne vienne les déranger.
(1) Théorie du XXème siècle expliquant la masse de la matière. La matière traverse le champ de Higgs, et se retrouve par interaction dotée d’une masse. En parvenant à détourner ce champ scalaire, la matière redevient pur rayonnement, et donc déplaçable plus facilement.
[Pour Cend']
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Je suis passé, très vite, sur ton "projet". parce que c'est bien de venir saluer un premier envoi d'un nouvel auteur, surtout quand on la connait et qu'on sait qu'elle écrit très bien.
Mais passé trop vite pour t'en dire plus.
Je reviendrai, promis.
Nilo, chose due.
Mais passé trop vite pour t'en dire plus.
Je reviendrai, promis.
Nilo, chose due.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
On peut dire que tu plantes bien le décor !
C'est prenant dès les premières lignes. Et pourtant je ne suis pas spécialement fan de ces ambiances no-futuriste nimbée de vapeurs de fin du monde.
Mais tu m'as tout de suite mis dans l'ambiance et petit à petit le malaise qui s'insinuait s'est atténué et je me suis pris au jeu de cette conversation de comptoir intemporelle, avec de belle trouvailles et passerelles trans-générationnelles.
Bref, encore une fois en te lisant je ne me suis pas ennuyé.
Nilo, qui te parle d'un temps...
_____________________________________________
PS. Un peu de science antédiluvienne, pour ceux qui ne seraient pas totalement familiarisés avec le bonson de Higgs.
C'est prenant dès les premières lignes. Et pourtant je ne suis pas spécialement fan de ces ambiances no-futuriste nimbée de vapeurs de fin du monde.
Mais tu m'as tout de suite mis dans l'ambiance et petit à petit le malaise qui s'insinuait s'est atténué et je me suis pris au jeu de cette conversation de comptoir intemporelle, avec de belle trouvailles et passerelles trans-générationnelles.
Bref, encore une fois en te lisant je ne me suis pas ennuyé.
Nilo, qui te parle d'un temps...
_____________________________________________
PS. Un peu de science antédiluvienne, pour ceux qui ne seraient pas totalement familiarisés avec le bonson de Higgs.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Merci Nilo! ^^
Le hasard a voulu (mais je dois dire que je ne crois pas au hasard...) que pendant que j'écrivais le Projet E-19.3, et au moment même où je me posais la question de la possibilité réelle de la téléportation, il y ait une série de documentaires sur la Cinquième sur la physique de l'Univers. J'ai trouvé ça passionnant... et je me la suis appropriée à ma manière Je suis allée un peu plus loin que les physiciens, mais pas au-delà du possible, j'en suis convaincue ^^
Mais ton explication est largement au-dessus de mes pauvres 3 lignes explicatives, et je t'en remercie chaudement!
D'ici quelques jours, je te présenterai Eris, l'autre personnage principal de l'histoire (my fav je crois bien... bien que j'adore Erika quand elle se lâche dans la 2ème partie ^^ ... mais je doute que vous arriviez jusque là ) Tu vas voir, changement de décor garanti
Merci de ton passage
Sasvata, retour vers le futur
Le hasard a voulu (mais je dois dire que je ne crois pas au hasard...) que pendant que j'écrivais le Projet E-19.3, et au moment même où je me posais la question de la possibilité réelle de la téléportation, il y ait une série de documentaires sur la Cinquième sur la physique de l'Univers. J'ai trouvé ça passionnant... et je me la suis appropriée à ma manière Je suis allée un peu plus loin que les physiciens, mais pas au-delà du possible, j'en suis convaincue ^^
Mais ton explication est largement au-dessus de mes pauvres 3 lignes explicatives, et je t'en remercie chaudement!
D'ici quelques jours, je te présenterai Eris, l'autre personnage principal de l'histoire (my fav je crois bien... bien que j'adore Erika quand elle se lâche dans la 2ème partie ^^ ... mais je doute que vous arriviez jusque là ) Tu vas voir, changement de décor garanti
Merci de ton passage
Sasvata, retour vers le futur
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Une Toulouse affectée par un modernisme moribond.
Une héroïne loin des clichés du héros.
Un monde qui paraît aussi désincarné qu'une menu best-of.
Affaire non classée, affaire à suivre.
Une héroïne loin des clichés du héros.
Un monde qui paraît aussi désincarné qu'une menu best-of.
Affaire non classée, affaire à suivre.
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Finalement en 2257, bien des choses sont semblables à 2011...surtout les politiciens.
J'aime bien cette atmosphère qui me rappelle Bilal. A suivre donc.
Swann,
J'aime bien cette atmosphère qui me rappelle Bilal. A suivre donc.
Swann,
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Manque le joueur de Blues !
Ils auront disparu tu crois?
Ils auront disparu tu crois?
_________________
LaLou
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Ben j'en reviens pas que vous ayez pris la peine de lire ça! Merci, vraiment!
Je vous empoisonnerai pas trop longtemps, juste un chapitre encore, pour une question d'équité (vous savez comment c'est les persos, c'est super susceptible ^^)
Si on regarde le passé, l'homme n'a pas vraiment changé au fil des âges, tout au plus la technique et les moyens de transports ont évolué, mais pas lui. Aussi je ne crois pas que tout d'un coup il va se montrer généreux, ou honnête (en ce qui concerne les politiques notamment). Ca se saurait Malgré ce qu'on peut en penser, c'est une histoire qui reste réaliste
Et Lalou, je suis plutôt rock , ça doit être pour ça que la BO c'est pas du blues ^^
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Me too !!
C'etait pour rimer avec Toulooooooooooooooose
C'etait pour rimer avec Toulooooooooooooooose
_________________
LaLou
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Je l'aurais bien imaginé, moi, le joueur de blues, accroupi à un mur défoncé par les affiches et les mitrailles.
Avec pas grand chose de chicots ni de cheveux, et le clopo dans le bec.
Enfin ce que j'en dis...
Avec pas grand chose de chicots ni de cheveux, et le clopo dans le bec.
Enfin ce que j'en dis...
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Chapitre 2
Le souffle coupé par le paysage magnifique qui s’offre à elle, Eris laisse courir ses yeux sur la brume qui dévale la falaise abrupte de la Chasma Boreale, telle une rivière de vapeur caressant les chutes de glace avant de se fondre dans l’océan gelé. Seule la poussière d’un brun-rouge perçant par endroits le flot aux reflets bleutés rappelle aux scientifiques qu’ils se trouvent au pôle Nord de cette mystérieuse planète qu’est restée Mars malgré les nombreuses missions qui l’ont déjà étudiée. Absorbée par le spectacle de cette fraîche matinée d’hiver boréal, la jeune femme au regard du même rose-saumon que le ciel n’entend pas ses collègues lui rappeler leur mission. Las de se répéter, ils finissent par l’abandonner là tandis qu’ils commencent leurs prélèvements et relevés de la journée.
Ses longs cheveux noirs dansent dans la douce brise qui se lève à peine, tandis que le soleil la baigne de ses rayons qui peinent à la réchauffer. Sans cette fine combinaison thermique blanche qui épouse chacune de ses formes, elle serait certainement déjà gelée, mais sa faculté à s’adapter à son environnement est phénoménal, au dire de tous, et les paris vont bon train, à la station, quant au moment où elle pourra s’en passer totalement. Eris s’en amuse autant que les autres, aussi ne s’inquiète-t-elle guère des rumeurs folles qui courent à son sujet. On la dit dotée de supers-pouvoirs, fille d’une union mixte entre un martien et une terrienne, mutante créée par quelque savant fou l’ayant exilée quand il en aurait perdu le contrôle, etc. A la vérité, la jeune femme ne se sent pas différente de ceux avec qui elle partage cette mission sur la planète rouge. Elle se sent humaine jusqu’au bout des ongles, même si elle ne garde aucun souvenir de sa vie sur Terre : un accident a effacé toute trace des dix-sept premières années de son existence. Bien sûr, au début, elle a cherché à savoir qui elle était, mais peu à peu, elle a fini par abandonner. Trop d’obstacles, trop de difficultés à obtenir des renseignements. Et puis, elle aime sa vie au centre, elle aime cette planète qui l’émerveille chaque jour davantage, alors pourquoi se battre pour connaître quelqu’un qu’elle n’est plus ?
Eris se penche légèrement au-dessus de la falaise vertigineuse, suivant la course folle de ce lourd brouillard matinal qui glisse sur ses chevilles, jusqu’à l’immense océan de glace qui s’étend à ses pieds, plusieurs kilomètres plus bas. Pour un peu, elle déploierait ses ailes et s’envolerait pour parcourir l’ensemble de cette faille gigantesque défigurant telle une balafre géante la calotte glacière. Mais les ailes ne font pas partie de son équipement, hélas. Elle pousse un long soupir avant de détourner son regard et de rejoindre ses collègues, un peu plus bas.
- Alors Princesse, on se décide à bosser un peu ?
Eris répond d’un large sourire.
- Qui le saura, si je passe dix minutes à admirer le paysage, au lieu de cinq ? Je crois pas que mon travail s’en ressente particulièrement. Je prendrai une pause plus courte pour le déjeuner, si ça te rassure Papapoulos. Qu’est-ce que t’as pour moi ?
- Te vexes pas chérie, Papa te taquine, lui répond son collègue avec un léger accent grec. Tiens, continue l’homme moulé dans une fine combinaison spatiale surmontée d’un imposant casque à visière anti-uv tandis qu’il lui montre une fiche. Ça, c’est pour toi.
- Et le secteur ?
- Tu vois la crevasse là-bas ? fait-il en désignant un renfoncement à fleur de glace, neuf kilomètres plus bas. C’est là.
Elle le toise un instant de ce regard qui lui avait valu ce surnom de « Princesse » avant de reculer de quelques pas.
- Hey ! intervient un scientifique qui a assisté à la scène sans rien dire jusqu’à présent. Fais pas de connerie !
Elle lui sourit malicieusement avant de s’élancer… et finalement sauter dans le vide.
- Putain Papa ! Tu sais qu’elle est susceptible ! Quand elle t’appelle par ton nom, tu sais que c’est pas bon signe… Joue pas avec elle, merde ! S’il lui arrivait un truc un jour ?!
Derrière sa visière, l’autre se remet de sa surprise comme Eris atteint la falaise pour prendre un appui avant de repartir dans le vide.
- Elle me tuera, j’te jure…, fait-il en portant la main à son cœur, le souffle court. Cette fille-là me tuera, murmure-t-il encore.
Riant aux éclats, la jeune femme fait encore quelques bonds en profitant de la faible gravité avant d’atteindre la zone qui lui a été attribuée. Les pieds dans la glace polaire, elle se penche pour prélever les échantillons habituels, creusant légèrement la surface friable dont les nuances dessinent un millefeuille géant au-dessus d’elle. Elle s’arrête tout à coup, ébahie par un phénomène auquel elle n’avait encore jamais assisté.
- Elle pourrait quand même utiliser le système de téléport dont elle est équipée, continue Papapoulos, dit ‘Papa’, quelques kilomètres plus haut. C’est une vraie gamine, je comprends pas qu’elle ait été engagée pour une telle mission.
- C’est la seule à être aussi à l’aise avec l’environnement ambiant, alors je suppose que ça explique tout, lui répond Johnson, son collègue, engoncé dans le même scaphandre encombrant. Ce que j’aimerais pouvoir gambader comme elle en me jouant de la gravité…
- Rêve pas Johns’, aucune chance. Ceux qui s’y sont risqués l’ont payé au prix fort. Cette planète nous est hostile, y’a que cette fille pour s’y sentir bien.
Leurs regards convergent tous deux vers un point blanc, neuf mille mètres plus bas, visiblement concentré sur sa tâche.
(Voilou, maintenant vous connaissez -presque- tout le monde. Le topo de l'histoire -mais j'ai jamais été douée en résumés- c'est qu'on suit ces deux personnages en parallèle. Un autre perso apparaît sur Mars, mystérieux et visiblement intéressé. C'est par lui que tout va commencer: les questions enfouies vont ressurgir, et il y trouvera des réponses pour le moins singulières. Les 3 persos principaux vont peu à peu s'ouvrir à leur humanité. Et bien sûr à un moment donné, on comprend le lien entre les 2 femmes ^^
Le contexte SF n'est qu'un contexte )
Le souffle coupé par le paysage magnifique qui s’offre à elle, Eris laisse courir ses yeux sur la brume qui dévale la falaise abrupte de la Chasma Boreale, telle une rivière de vapeur caressant les chutes de glace avant de se fondre dans l’océan gelé. Seule la poussière d’un brun-rouge perçant par endroits le flot aux reflets bleutés rappelle aux scientifiques qu’ils se trouvent au pôle Nord de cette mystérieuse planète qu’est restée Mars malgré les nombreuses missions qui l’ont déjà étudiée. Absorbée par le spectacle de cette fraîche matinée d’hiver boréal, la jeune femme au regard du même rose-saumon que le ciel n’entend pas ses collègues lui rappeler leur mission. Las de se répéter, ils finissent par l’abandonner là tandis qu’ils commencent leurs prélèvements et relevés de la journée.
Ses longs cheveux noirs dansent dans la douce brise qui se lève à peine, tandis que le soleil la baigne de ses rayons qui peinent à la réchauffer. Sans cette fine combinaison thermique blanche qui épouse chacune de ses formes, elle serait certainement déjà gelée, mais sa faculté à s’adapter à son environnement est phénoménal, au dire de tous, et les paris vont bon train, à la station, quant au moment où elle pourra s’en passer totalement. Eris s’en amuse autant que les autres, aussi ne s’inquiète-t-elle guère des rumeurs folles qui courent à son sujet. On la dit dotée de supers-pouvoirs, fille d’une union mixte entre un martien et une terrienne, mutante créée par quelque savant fou l’ayant exilée quand il en aurait perdu le contrôle, etc. A la vérité, la jeune femme ne se sent pas différente de ceux avec qui elle partage cette mission sur la planète rouge. Elle se sent humaine jusqu’au bout des ongles, même si elle ne garde aucun souvenir de sa vie sur Terre : un accident a effacé toute trace des dix-sept premières années de son existence. Bien sûr, au début, elle a cherché à savoir qui elle était, mais peu à peu, elle a fini par abandonner. Trop d’obstacles, trop de difficultés à obtenir des renseignements. Et puis, elle aime sa vie au centre, elle aime cette planète qui l’émerveille chaque jour davantage, alors pourquoi se battre pour connaître quelqu’un qu’elle n’est plus ?
Eris se penche légèrement au-dessus de la falaise vertigineuse, suivant la course folle de ce lourd brouillard matinal qui glisse sur ses chevilles, jusqu’à l’immense océan de glace qui s’étend à ses pieds, plusieurs kilomètres plus bas. Pour un peu, elle déploierait ses ailes et s’envolerait pour parcourir l’ensemble de cette faille gigantesque défigurant telle une balafre géante la calotte glacière. Mais les ailes ne font pas partie de son équipement, hélas. Elle pousse un long soupir avant de détourner son regard et de rejoindre ses collègues, un peu plus bas.
- Alors Princesse, on se décide à bosser un peu ?
Eris répond d’un large sourire.
- Qui le saura, si je passe dix minutes à admirer le paysage, au lieu de cinq ? Je crois pas que mon travail s’en ressente particulièrement. Je prendrai une pause plus courte pour le déjeuner, si ça te rassure Papapoulos. Qu’est-ce que t’as pour moi ?
- Te vexes pas chérie, Papa te taquine, lui répond son collègue avec un léger accent grec. Tiens, continue l’homme moulé dans une fine combinaison spatiale surmontée d’un imposant casque à visière anti-uv tandis qu’il lui montre une fiche. Ça, c’est pour toi.
- Et le secteur ?
- Tu vois la crevasse là-bas ? fait-il en désignant un renfoncement à fleur de glace, neuf kilomètres plus bas. C’est là.
Elle le toise un instant de ce regard qui lui avait valu ce surnom de « Princesse » avant de reculer de quelques pas.
- Hey ! intervient un scientifique qui a assisté à la scène sans rien dire jusqu’à présent. Fais pas de connerie !
Elle lui sourit malicieusement avant de s’élancer… et finalement sauter dans le vide.
- Putain Papa ! Tu sais qu’elle est susceptible ! Quand elle t’appelle par ton nom, tu sais que c’est pas bon signe… Joue pas avec elle, merde ! S’il lui arrivait un truc un jour ?!
Derrière sa visière, l’autre se remet de sa surprise comme Eris atteint la falaise pour prendre un appui avant de repartir dans le vide.
- Elle me tuera, j’te jure…, fait-il en portant la main à son cœur, le souffle court. Cette fille-là me tuera, murmure-t-il encore.
Riant aux éclats, la jeune femme fait encore quelques bonds en profitant de la faible gravité avant d’atteindre la zone qui lui a été attribuée. Les pieds dans la glace polaire, elle se penche pour prélever les échantillons habituels, creusant légèrement la surface friable dont les nuances dessinent un millefeuille géant au-dessus d’elle. Elle s’arrête tout à coup, ébahie par un phénomène auquel elle n’avait encore jamais assisté.
- Elle pourrait quand même utiliser le système de téléport dont elle est équipée, continue Papapoulos, dit ‘Papa’, quelques kilomètres plus haut. C’est une vraie gamine, je comprends pas qu’elle ait été engagée pour une telle mission.
- C’est la seule à être aussi à l’aise avec l’environnement ambiant, alors je suppose que ça explique tout, lui répond Johnson, son collègue, engoncé dans le même scaphandre encombrant. Ce que j’aimerais pouvoir gambader comme elle en me jouant de la gravité…
- Rêve pas Johns’, aucune chance. Ceux qui s’y sont risqués l’ont payé au prix fort. Cette planète nous est hostile, y’a que cette fille pour s’y sentir bien.
Leurs regards convergent tous deux vers un point blanc, neuf mille mètres plus bas, visiblement concentré sur sa tâche.
(Voilou, maintenant vous connaissez -presque- tout le monde. Le topo de l'histoire -mais j'ai jamais été douée en résumés- c'est qu'on suit ces deux personnages en parallèle. Un autre perso apparaît sur Mars, mystérieux et visiblement intéressé. C'est par lui que tout va commencer: les questions enfouies vont ressurgir, et il y trouvera des réponses pour le moins singulières. Les 3 persos principaux vont peu à peu s'ouvrir à leur humanité. Et bien sûr à un moment donné, on comprend le lien entre les 2 femmes ^^
Le contexte SF n'est qu'un contexte )
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Bien, et nous devrons donc rester sur notre faim si j'ai bien compris.
Tant pis pour toi, quand tu te décideras à poster la suite tu n'auras plus comme lecteurs que des ombres décharnées venues hanter tes paysages rouges et tes fast-food impersonnels et inoxydés.
Nilo, confidence pour confidence.
Tant pis pour toi, quand tu te décideras à poster la suite tu n'auras plus comme lecteurs que des ombres décharnées venues hanter tes paysages rouges et tes fast-food impersonnels et inoxydés.
Nilo, confidence pour confidence.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Au pire on organise une espèce de sit-in merdique, jusqu'à ce que tu nous envoie la suite.
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
LOL Un sit-in sur internet, ça va donner!
Non mais je veux pas polluer le forum... elle est longue cette histoire, et de toute façon je doute que vous dépassiez le chapitre 4 ^^ Pour ceux qui veulent aller plus loin, je poserai un lien dans quelques temps, et y'aura plus qu'à Au moins vous vous sentirez pas forcés
Non mais je veux pas polluer le forum... elle est longue cette histoire, et de toute façon je doute que vous dépassiez le chapitre 4 ^^ Pour ceux qui veulent aller plus loin, je poserai un lien dans quelques temps, et y'aura plus qu'à Au moins vous vous sentirez pas forcés
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Comme promis, j'ai pris le temps de te lire et je n'ai aucun regret, aucun.
La première partie me parle mieux que la seconde mais bon, c'est normal, je suis encore sur terre moi.
Ceci dit, si l'on me proposait d'aller sur une autre planète, je crois bien que j'aurais la trouille !
Remarque avec toutes les conneries que c'est gros bourges font sur notre terre, il faudrait bien vite penser à où s'installer pendant qu'on est encore en vie.
Je lirai la suite dès qu'elle sera disponible.
Sylvie
La première partie me parle mieux que la seconde mais bon, c'est normal, je suis encore sur terre moi.
Ceci dit, si l'on me proposait d'aller sur une autre planète, je crois bien que j'aurais la trouille !
Remarque avec toutes les conneries que c'est gros bourges font sur notre terre, il faudrait bien vite penser à où s'installer pendant qu'on est encore en vie.
Je lirai la suite dès qu'elle sera disponible.
Sylvie
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Le problème c'est que ceux qui s'installeront loin de la désolation, ce seront encore les bourges...
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
J'ai apprécié ta description de Toulouse, enfin de ses rues, qui ne m'a pas trop dépaysé je dois dire (99,9% de jeunes - en perdition ; pas surprenant qu'on les envoie faire un p'tit tour sur Mars, histoire de leur rendre la vie moins morose ! - je plaisante à peine) Ceci dit, c'est bien mené, et j'irai lire la suite, ici ou ailleurs, c'est promis.
Dam.
Dam.
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
@ LC: t'en connais toi, des sociétés où les bourges pleins de tunes préfèrent rester les pieds dans la merde? :p
Merci à vous tous d'avoir lu ce texte Promis je vous donnerai la suite
Merci à vous tous d'avoir lu ce texte Promis je vous donnerai la suite
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
C'est pas une histoire de "pieds dans la merde" sasvata mais une histoire de "monopole"....
Remarque si on les fout tous ailleurs, nous, les pauvres, on reste ici et on remet tout en ordre avec nos petits moyens et de la main d'oeuvre, je peux te dire qu'on en aura et des sourires aussi en +
Remarque si on les fout tous ailleurs, nous, les pauvres, on reste ici et on remet tout en ordre avec nos petits moyens et de la main d'oeuvre, je peux te dire qu'on en aura et des sourires aussi en +
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Rebaptisons Toulouse en Toulouse la ville moRose.
S'il n'y avait pas autant de riches, il y aurait tout autant de riches.
S'il n'y avait pas autant de riches, il y aurait tout autant de riches.
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Disons que là, j'ai choisi pour cadre le Mirail, qui est un quartier qui existe déjà en zone de non-droits, où mm les flics n'entrent pas. Il n'y avait qu'à noircir un peu le tableau
Ceci dit, si vous voulez vous faire piquer votre bagnole (genre parce que vous y avez un cadavre un peu encombrant) c'est le lieu idéal pour la garer ^^ Effet garanti, en moins d'une heure (ouh les vilains clichés! et pourtant que c'est vrai...)
Il vous faudrait attendre la fin du roman (si j'ose appeler ce texte ainsi) pour voir quelques changements dans cette société...
Sasvata, qui vivra verra
Ceci dit, si vous voulez vous faire piquer votre bagnole (genre parce que vous y avez un cadavre un peu encombrant) c'est le lieu idéal pour la garer ^^ Effet garanti, en moins d'une heure (ouh les vilains clichés! et pourtant que c'est vrai...)
Il vous faudrait attendre la fin du roman (si j'ose appeler ce texte ainsi) pour voir quelques changements dans cette société...
Sasvata, qui vivra verra
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Moi j'te promets qu'j'irai les lire tes pages qui parlent de la zone et des planètes. J'te remettrai tout ça d'équerre avec la platitude de l'univers et le bozon de Higgs n'aura qu'à bien s'tenir (ouais moi j'le connais le bozon de Higgs, Papy m'en a parlé quand j'avais pas encore deux ans, c'est te dire).
Dédé.
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
Je ne suis pas ici par hasard mais guidé par Le Printemps de la Prose de Dédé.
Mais comme j'aime les groupies de Dédé je ne pouvais pas faire autrement.
Nilo, projets à court terme dont je vous parlerai bientôt.
Mais comme j'aime les groupies de Dédé je ne pouvais pas faire autrement.
Nilo, projets à court terme dont je vous parlerai bientôt.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Projet E-19.3 [Classé Confidentiel]
sasvata a écrit:
Le hasard a voulu ...
C'est vrai qu'il y a des coïncidences troublantes parfois, qu'on a du mal à y croire ! pour ma part, car ça m'arrive aussi (parfois) je le vis comme un encouragement (naïf ?) et je le prends comme un présent.
Dam, signe prometteur.
Page 1 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires
» Classé X
» Après la classe
» Épouvantail de classe exceptionnelle
» Souvenirs de classe prépa
» projet I
» Après la classe
» Épouvantail de classe exceptionnelle
» Souvenirs de classe prépa
» projet I
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|
Aujourd'hui à 8:26 par Io Kanaan
» Quartefeuille de mars
Hier à 8:45 par Io Kanaan
» Poisson qui danse
Mar 26 Mar - 8:24 par Io Kanaan
» C'est la guerre
Mar 26 Mar - 7:18 par Dimitryet
» Oiseau bavard
Lun 25 Mar - 9:15 par Io Kanaan
» Rongeur vert
Dim 24 Mar - 8:45 par Io Kanaan
» Coups de plume
Sam 23 Mar - 7:58 par Io Kanaan
» Planète amorphe
Ven 22 Mar - 8:24 par Io Kanaan
» Les animaux des fables
Jeu 21 Mar - 7:44 par Io Kanaan