Ravir

Ravir
Il aura fallu le temps d’un souffle
ce temps-là
pas plus
Les bras de la nuit sont soyeux
J’ignorais cela
comme effrayée d’avance par le ravissement
comme si ravir ne portait que le sens de la perte
Alors toujours je le frôlais
je le fuyais

Gravir
Gravir gravement
Porter sans relâche la gravité à bout de bras
pour échapper à l’autre
celle qui grave la course des planètes

Il aura suffi d’un souffle
sur la paume ouverte de ma main
Le g s’est envolé
et j’ai tenté de le suivre des yeux
flotter n’est pas si facile
même sur la terre ferme
surtout sur la terre ferme

Demain je me laisserai ravir
ou ravir
tant pis
tant mieux



Balthus, Nu sur une chaise longue

Entre se faire gravir ou se faire ravir, c'est certain que cela fait une différence;
Même si dans les 2 cas la finalité est parfois la même.
Enfin, ça dépend.

Heureux de te lire pour la première fois.

J'ai accroché là :

autre gravité

Ce vers, je le trouve un peu pourri.

une écriture certainement , un univers?

Nous verrons.


En tout cas, bel écrit.

Entrée en matière intéressante.
Je te relirai avec plaisir.
Mais quand même, je trouve que ce vers
celle des gravats sous mes grolles
ces "grolles" surtout ne sont pas dignes du reste. Et encore moins dignes dans les mots d'une femme.

Nilo, je ne me referai pas.

Merci pour la franchise, j'apprécie !
Je réfléchirai à ces deux vers. Surtout que pour le premier ("autre gravité"), je ne l'avais pas écrit au départ, et puis il m'a semblé que c'était confus. Pourtant, je sais qu'entrer dans l'explicatif est en général une mauvaise route...

"encore moins dignes dans les mots d'une femme"

Ouais, Papy est assez vieille France et il n'aime pas que les mots d'une femme sortent des clous d'une langue maniée avec élégance.
Mais tu t'y feras. Enfin j'espère que tu t'y feras.

Dédé.

"Les bras de la nuit sont soyeux" - joli !

G mis du temps à comprendre pour le g - G cogité.

Au plaisir de te lire.

Dam.

Intéressant, et belle plume même si je suis d'accord avec certaines remarques plus haut..

En plus, j'aime bien Balthus vénéneux et ambigüe.

Swann,

Le nombre des sonorités en g dans la deuxième strophe rend la lecture difficile, mais c'est voulu, alors je le prends comme un passage obligé.
Un poème que j'ai apprécié.

Bon... j'ai supprimé "autre gravité, celle des gravats sous mes grolles", remplacé par "celle qui grave la course des planètes".