Soeurette

Soeurette,

Non, je ne t’ai pas oubliée ! Si tu l’as ressenti ainsi - car j’ai senti que tu avais besoin de soutien -, je m’en excuse nullement : tu es grande et je te laissais prendre tes marques toute seule. Eh puis bon, comme tu dis : “le passé, c’est passé”. Mais que ça reste le passé, merde ! Excuse-moi c’est sorti tout seul ; je me suis remis à écrire avec cette histoire de vol, voilà qui te suffira peut-être comme explication ?
J’ai informé “le monde” de cette incartade au pays des fous, et maintenant tu peux pas savoir comme j’aimerais écraser la gueule de ces foutus connards ! La haine engendre la haine, je suis meurtrier dans l’âme, mais que cela ne dure, je le deviendrai vraiment.
Te souviens-tu de la fin délirante du concert de Nirvana, la leur ne le sera pas moins, je me suis promis. Un jour... Oh merde ! Je me suis dénoncé tout seul ; tu devras détruire cette lettre - dommage ? T’en fais pas : j’ai fait un double, une photo colique - loufoque ? Non. Je sais ce que je fais.
J’en doute !
Eh bien justement, je sème le doute : qui voudra condamner quelqu’un qui a écrit son crime ? Cela ne te rappelle donc rien ? Et ça se fini bien, non ?
Si un écrivain est tout permis - ce qu’on nomme vulgairement “les prérogatives d’un artiste” -, je serai sûrement plus “permis” que les autres. Dieu sait où cela peut mener.
Changeons de sujet : les cadres.

Où en est-il avec ça ? Pas d’appel... Je dois croire qu’il s’est encadré lui-même ; c’est dangereux ce commerce ! Trêve de plaisanteries, c’est très important que je puisse lui parler.
Changeons de sujet : toi.

Je n’attends pas ta lettre promise pour te demander ce que tu fais. C’est presque aussi tenace comme question que mes cadres - vois comment un artiste peut être buté. Peut-être seulement parce qu’il confie plus qu’on ne peut décemment lui confier ? au risque même de se faire enfermer - mais c’est déjà arrivé par le passé et c’était une erreur (l’histoire ne se répète jamais deux fois). Je pense à un certain Sade, Marquis de son petit nom, qui a passé son temps en prison au nom de la Vertu et des principes morbides d’une société pétrie d’orgueil. Un baille qu’on n’a pas mis un artiste en prison, pour emprise néfaste sur les gens - incitation morbide à la débauche ; on leur a seulement sommé de partir, ne leur laissant même pas le loisir de choisir le lieu de leur exil. Quelle finesse ! Parce qu’on admire une partie d’eux, ce qu’ils représentent pour la patrie : on tient encore à eux. Parce qu’on sait très bien que, parce qu’ils sont artistes et qu’ils s’expriment dans leur langue maternelle, ils reviendront toujours au pays d’origine, pour devenir les héros d’un temps révolu, voire des martyrs. Politique. C’est de la politique. Ce qu’on faisait hier sans le vouloir vraiment et sans directive particulière, on le fait encore aujourd’hui, mais dans un but clairement défini : la promotion.
On appelle ça “ la préférence nationale”. Moi j’appelle ça “Société terroriste”. Tout est bon pourvu que ça ait la forme et la couleur du pays-maître. Ce pays-maître devient le périmètre enfer-rieur des terroristes. Il y a des groupes de musiques dite “moderne” qui causent plus de malheurs que des groupes terroristes avec leurs bombes. La seule différence c’est le temps : les effets ne se voient pas tout de suite, à la différence d’une bombe, mais son ciblés pareillement. La conclusion en est qu’il est interdit de tuer avec une bombe (même à retardement) mais qu’il est permis d’entraîner des jeunes dans la débauche morbide et souvent mortelle avec des drogues douces et dures qui annihilent tout un pan de la population et pas n’importe lequel : celui qui est dans la force de l’âge. Il en découle le chômage, non pas qu’ils ne veulent pas travailler, mais qu’ils ne peuvent rien faire. Parce que la drogue et les autres vices leur ont défendu d’apprendre... à respecter la société.

Mon oeuvre n’aura rien de politique et je ne leur demanderai rien. D’ailleurs, soit dit en passant, c’est eux qui me demandent de récupérer mes textes de la circulation comme s’il s’agissait de produits avariés. Moi je dis qu’ils se trompent et qu’ils se trompent toujours et encore. Je ne regrette pas cette tentative de sortir de l’anonymat, même si je me souviens ne m’être fait aucune espèce d’illusion. Je ne leur demanderai rien. Je suis déjà parti. Ma vie sera toujours dictée par l’inconscient qui échappe au monde - ou le boude-t-il ? ça ne fait rien, je l’assume assez bien, ma chance : toujours battant et les cons toujours derrières, passibles d’une semelle de boue “rafalesque”, comme la Tempête.


Dam.

Une lettre "manifeste".
En fait ce qui en fait une "lettre" c'est que tu t'adresses à ta sœur, comme si tu n'aurais pas pu nous le dire à nous comme tu as l'habitude de le faire dans d'autres catégories de nos forums ici.
Je l'ai lue, et je n'ai rien de plus à en dire puisqu'elle ne m'est pas adressée.

Nilo, par dessus ton épaule.

C’est vrai que je l’ai ‘dit’ aussi, et largement je crois, ailleurs qu’ici. Mais, ici, c’est différent, car c’est adressé à ma soeur.
Il y a deux raisons simples à ce fait : je ne publiais pas avant sur le forum du net (ça n’existait pas encore)
Je ne change jamais rien de mes élans initiaux, juste la forme et encore si peu...

En résumer, je tenais à la rendre publique cette lettre. (Parce que justement j’en avais assez dit ailleurs, ce ne devait plus être ‘caché’, ni une surprise pour personne.)

Dam, rendre à César.