Dreamharem (2008)

En plein jour il est nuit, au velours des boudoirs.
Une fumée graisseuse occulte la vision
Et confère au décor à la moindre occasion
Le visage d’un mort ou les hanches d’un soir.

Un gris-bleu se mélange aux prunelles absentes,
Hésitante figure aux reflets tournoyants.
L’on regarde mousser le vice pétillant
D’une garce aux seins lourds - à la bouche béante ;

Sous une peau fanée que les ans désagrègent,
Le sang palpite, chante et l’on se sent si libre...
Plus d’envers ou d’endroit, et le seul équilibre
S’ébroue nonchalamment aux cuisses de Nadège.


Nadège est cette enfant qui vit à quatre pattes.
Roulée, vilain chiffon sur le tapis Persan,
Elle offre aux membres lourds, aux hommes frémissants,
Les charmes de l’Orient - le sucre de ses dattes ;

Nadège est la chaleur d’une fesse écarlate,
Le galbe des résilles en losanges de sang,
Le cadavre du chien raillé par les passants.
Nadège est cette enfant qui vit à quatre pattes.


La main gifle au hasard les souvenirs trop forts...
Le jardin en hiver, les murs aux cheveux gris,
Et le soir, sur la table en chêne plein, vernis,
Le père, un fond de vin, qui parlent de la mort.

Les vestiges épars d’un hangar silencieux
Où dorment les trésors - premiers amours, espoir,
Ces monstres oubliés qui se mêlent au noir,
Ces machines prostrées comme des chats frileux !

J’écoute respirer ce qui reste de faune,
Les pies sur le gazon, le rossignol crooner.
Le temps a effacé le parfum de mes fleurs
Et sur la terre nue, les traces du chien jaune...

En plein jour il est nuit, au velours des boudoirs.
Une fumée graisseuse occulte la vision
Et confère au décor à la moindre occasion
Le visage d’un mort, ou les hanches d’un soir.


Z.

eh bien je l'ai dit et redit
mais je le redis encore ...
je suis FAN !!!
Yzaé

Ambiance lourde et "1900", lumière rouge-orangée, tu nous invites dans ce décor bizarre chargé en épices et images oniriques et on t'y suit avec curiosité et plaisir.

Oh putain !
Ca fait peur. C'est noir de noir.
Noir de fumée, noir de nuit malsaine.
Noir de neige, Nadège. Pénombre et ombres sombres.
Lumières tamisées aux reflets d'yeux de braise.
Mais comme toujours c'est écrit avec cette touche qui n'appartient qu'à toi.
Et ici le jeu des rejets est une arme à double tranchant.

Nilo, passe au salon.

ça balance rouge et noir d'un rythme sans accroc même pas aux bas résille. Chapeau.

un très beau poème en tout point.

Cet Auteur à la Une est un enchantement qui permet de redécouvrir des textes riches.
J'en profite.
Profitez-en !

Nilo, profiteur.

Mur à Dédé, pour ma pomme cette fois (m'excuse, pour une fois que j'y tape --').

Z, retapera demain pour compenser.

C'était déjà fort bien maîtrisé, en 2008...Vénéneux, juste ce qu'il faut.

Swann,

"... Si vous la rencontrez, bizarrement paréé, et la tête et l'oeil bas comme un pigeon bléssé..."