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Comme un semblant d'ordinaire (4)

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Comme un semblant d'ordinaire (4) Empty Comme un semblant d'ordinaire (4)

Message  Epiphyte Lun 25 Jan - 22:45

Les plus perspicaces d’entre vous auront probablement noté que si j’ai, certes, péroré laborieusement à propos du sentiment amoureux, je n’ai pourtant jusqu’ici mentionné aucune des situations qui conduisent bien souvent à s’y soumettre.
Ni pudeur exacerbée, ni omission dans mes propos.
Les émois adolescents ne furent que ponctuations d’apprenti, rencontres furtives avec le sexe opposé qui n’ont jamais eu qu’un intérêt littéraire limité. Si j’en avais encore l’âge, je vous en parlerais au jour le jour dans des poèmes où seule la mièvrerie surpasserait l’incertitude, où seules les fins de vers rimeraient vaguement à quelque chose.

Les plus perspicaces d’entre vous auront probablement noté le paradoxe singulier de mon désintérêt profond pour une période qui me fit pourtant tyranniser des forêts entières à bout de plume, taillant mon cœur comme on le fait bien souvent aux jungles des bouleversements adolescents.
Les périodes où l’on écrit le plus sont celles qui se racontent le moins. Si l’on n’écrit jamais que pour soi-même, si l’écriture n’est jamais qu’un survol angoissé de souvenirs dépassés, écrire ressemble un peu à une soirée diapos sans narrateur.
Pardon, vivons avec notre temps, une soirée power-point sans légende fera l’affaire.

Les plus perspicaces d’entre vous auront probablement noté bien d’autres choses encore, mais je vais devoir leur demander de sortir pour éviter de gâcher davantage le plaisir des autres. Ne faites plus aux truies ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse, non aux gavages à la pomme, non à la tyrannie, non aux débordements de l’esprit, non à la suprématie du mot, non aux délires des phrases sans point, si je ne devais m’engager que dans un seul et unique combat au cours de ma futile existence, que ce soit au moins pour lutter contre cette propension à la juxtaposition qui n’a de sens qu’aux élucubrations d’un Baer en forme, n’est pas Desproges qui veut, et vous comprendrez bien assez tôt que les ersatz de littérature qu’on vous offre jour après jour s’émoustillent à l’insipide autant que je me perds en divagations sitôt qu’il s’agit d’évoquer la lascivité débordante de tout corps adolescent, si l’adolescence n’était au fond qu’un moule changeant que chacun cherche à façonner à sa manière, sans grand talent, sans grand moyen, vous pourriez comprendre mais ne supporteriez plus non plus de tels propos, nous nous comprenons finalement, vous voyez, je suis d’accord avec vous, mettons-y un terme, enfin, je veux dire, un point final…
En suspension… sur le fil du temps, je mets des mots sur le monde pour apaiser mes doutes, je glisse un mot à l’oreille pour séduire madame, un mot dans la boite aux lettres comme une goutte de plaisir à ces plantes qu’on arrose d’amour, des mots sur le souvenir et des mots pour moi, des mots pour vous et des mots pour elles.
Quand aucune femme n’occupait mon esprit, on m’en attribuait une d’office. Une fleur, une guitare, ou un fusil militaire, une société où tout est conditionné pour les couples finit par vous contraindre à faire semblant d’en être.

J’ai connu le désir, la sensualité, l’amour, j’ai connu le plaisir, le frisson, la passion, j’ai découvert l’autre sexe et l’ai nourri de fantasmes, j’ai vibré, j’ai transpiré, j’ai hurlé, j’ai gravi les sommets de libidos exacerbées, sombré aux crevasses des blessures les plus amères, j’ai ri et j’ai pleuré, notre palette de sentiments n’est jamais plus vaste et plus utile que dans la rencontre sentimentale.
Mais en parler davantage n’a pas de sens, hormis bien sûr aux prémices de la folie naissante, celle que j’évoquais plus tôt, car si elle mit du temps à se développer, elle naquit peu avant mon départ sous les drapeaux, sur les bases fécondes de mon premier et dernier coup de foudre.
Qui ne retombe jamais deux fois au même endroit, paraît-il.
Mais mes études vaguement scientifiques m’ont toujours prémuni contre toute logique, j’y ai fait l’apprentissage nécessaire des règles que toute méconnaissance empêche de détourner, vivre, c’est détourner sans cesse le cœur et ses raisons, vivre, c’est détourner l’esprit et détourner le corps, tout arrive, tout peut arriver, le meilleur comme le pire, à tout instant de l’existence tant qu’elle ne se détourne pas d’elle-même, cela viendra bien assez tôt.

Avec le temps, je ne dois qu’à moi-même d’avoir laissé la folie dominer mes pulsions, mais s’il faut revenir à cette époque pour en dépoussiérer les rouages, j’admets surtout que cette femme m’offrit avec passion de doux moments d’extase sur des plateaux d’argent, de ceux qui s’encadrent d’or aux galeries souvenirs du cœur.
Elle fut ma bouée dans un océan de doutes où la vie essayait de me noyer, elle fut mon rayon de soleil aux sombres journées qui m’attendaient, elle fut mon cœur et mes poumons en pleine décomposition humaine, grâce à elle, probablement, je suis sorti de cet enfer. Pour m’endormir entre ses bras, lessivé, à la première des permissions, pour pleurer à son oreille, dépité, au moindre de mes quartiers libres, pour la laisser partir aux bras d’un autre entre deux marches forcées qu’elle n’aurait pas pu suivre plus longtemps, et moi non plus, mais c’est aller trop vite que d’en parler maintenant.

Même le misanthrope le plus enragé reconnaît l’humanisme à certains de ses semblables, il est parfois des instants dans la vie où l’on finit malgré soi par avoir besoin des autres, et alors on ne regrette pas d’avoir soi-même tendu la main bien souvent, avec sincérité, faut-il l’admettre ?
Bien sûr.

Au soir du 2 février, mon sac reposait contre la porte d’entrée du logement familial, bien plus paisible que je ne l’étais moi-même. Je ne pense pas avoir trouvé le sommeil cette nuit-là, le lendemain matin, un train à grande vitesse m’emmènerait sur Montélimar pour y faire mes classes, en plein hiver au pied des Alpes, cela me torturait l’esprit.
Ma sœur passa sa soirée avec moi, discutant une bonne partie de la nuit, elle finit par me demander ce qui lui brûlait les lèvres, comme une évidence.
- Est-ce que tu as peur de partir là-bas ?
Et j’avais peur, bien sûr.
Mais la peur n’évite pas le trajet, les plus perspicaces d’entre vous s’en doutaient probablement.
Epiphyte
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Comme un semblant d'ordinaire (4) Empty Re: Comme un semblant d'ordinaire (4)

Message  Swann Mar 26 Jan - 9:23

Choses vécues... qui me rappelent bien des souvenirs au pied des Vosges et non au pied des Alpes...
A suivre donc,

Swann, sans trompettes ni tambours
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Comme un semblant d'ordinaire (4) Empty Re: Comme un semblant d'ordinaire (4)

Message  Yzaé Lun 1 Fév - 20:52

toujours aussi agréable de te suivre dans tes souvenirs ...
et je trouve que tu écris très bien !
Yzaé
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