Sonnerie aux Morts

Sonnerie aux Morts


Les souvenirs tricotent
Des mailles pour l'hiver
Mettent des gants de soie
Aux gerçures du temps.

Le marbre prend des pauses
Aux collines toscanes
Lorsque hurle la scie
Au fond de ses entrailles;

La nuit pare les ombres
Des pâleurs délétères
Que tissent les halos
De quelques astres morts.

Les chênes s'imaginent
En parterres d'automne
Évadés du brasier
Des terres qu'on déboise.

Les arbres qui radotent
Des flammes éphémères
Se demandent pourquoi
Le feu les aime tant.

Les larmes se déposent
Comme des fleurs qui fanent
Quand sonne l'hallali
Sur les champs de bataille.

Les croix poussent en nombre
Aux carrés militaires
Quand bombent sous les mots
Les torses qu'on décore.

Les pendules déclinent
Leur tic-tac métronome
Au bout des balanciers
De leur bière comtoise.


Nilo.

J'ai retenu l'humanisme dans cette poésie. C'est la première depuis un long moment, peut-être un tournant ?...

Dam vie rage !

La nature et l'homme soumis aux mêmes outrages, aux mêmes souffrances...et le temps et la mort. - .Les questions sans réponses et la stupeur du poète lorsqu'il voit les torses qui "bombent sous les mots"...