Les mots inachevés

Les mots inachevés


Le hasard vous fera
Par un jour de ciel gris
Fouiller les étagères
Du rayon poésie
D'un libraire nantais.
Et vous découvrirez,
Parmi d'autres plus gais,
Parmi d'autres plus tristes,
Les feuillets reliés
De mes mots souvenirs.

Vous verrez la Toscane
Sur le papier glacé
D'une première page
Marquée du filigrane
Des lettres de mon nom.

Vos doigts hésiteront
Pour ne pas trop brusquer
La lointaine présence
D'une inutile absence
Passée au fil du temps
Sur l'enclume des ans.

Mais vous avancerez
Malgré tout vers ces pages
La main un peu tremblante
Et le regard humide.
Et vous repenserez,
En touchant le papier,
A ces mots du passé
Qu'autrefois vous lisiez
Quand je les accrochais
A ce fil bien ténu
Que nous avions tissé.

Vous oserez pourtant
Tourner la couverture
Et poser sur les titres,
A l'ombre de vos cils,
Un peu de ce regard
Que je n'ai jamais vu.

Une larme viendra,
Peut être, à votre joue
Pour, coulant sur vos lèvres,
Vous redonner l'envie,
Que nous n'avons pas eue,
Des souvenirs de nous.

Puis vous lirez mes mots
Une nouvelle fois
Avec la nostalgie
Que ne connaissent pas
Ceux qui n'ont jamais eu
De rendez-vous manqués.

Je ne le saurai pas
Mais vous repenserez
A ce jour de septembre
Où, vous citant Ferré,
Le cœur un peu serré
J'essayais de cacher
Derrière un "Je m'en fiche…"
Le nom sur une affiche
Que j'aurais échangé
Sans doutes ni regrets
Contre ces mots de Vous
Que vous n'avez pas dits.

Mais soyez rassurée,
Je garderai de Vous
Le souvenir sucré
Des baisers-composés
Que nous nous échangions
Sans les avoir goûtés.

Ecrits ou à écrire,
Un jour je publierai
Les mots inachevés
De mes "Poèmes à Vous".


Nilo.

...soupir ...

Une promesse d'edition qui chavire le coeur !

Emouvant..

Hyper touchant à en donner des frissons....

T'es con d'écrire des trucs pareils, ça fait pleurer mais j'espère encore lire ces mots ....

Sylvie

j'suis dac avec Sylvie : t'es con décrire des trucs pareils !

Sans blague, c'est très fort.

La lecture du texte interpelle en ce style Aoc même si le risque d'encombrer l'étagère du libraire est faible, signe des temps où les mots s'essoufflent sous leur porte cochère.
Poèmes à vous côtoyant ceux à Lou...L'idée sous jacente est raffraîchissante en terme de reconnaissance pour l'assemblage de ces crus formant un concentré de millésimes, à l'heure où il fait bon encrer les mots de la mémoire et du coeur.
Amicalement,

Je suis venu, j'ai lu et aimé.

Commé d'hab quoi !

Je me dépêche d'y poser une trace, d'autant que je l'avais déjà lu... Magnifique poème, peut-être l'un des plus personnels que j'ai lu de toi. Juste bravo.

Z.

Un joli poème de vécu, sur ce qu'ont partagé ensemble le noyau dur des macadamiens, et sur ce qu'ils partagent, et ce qu'ils partageront encore en leur mémoire dans dix ans, dans vingt ans quand nos vers dormirons dans les recueils ou au fond des greniers...

Bon, il va peut-être falloir que je mette quelques mots de côté pour l'avenir...

Nilo, merci.

Quelques larmes qui roulent...sur "Les mots inachevés" !

H.

J'ai mis des mots de côté. Et la Toscane est toujours belle.

Nilo, âme mort-née.

L'un de mes nombreux avatars trop tard disparus t'avait déjà signifié que tu hexagérais.

Le contentement malsain qui pourrait secouer le vulgaire à la lecture de ce qu'il prendrait pour une erreur orthographique affirmerait l'indifférence saupoudrée de pitié que tout anachorète des forums se doit d'éprouver face aux esprits imperméables aux subtilités polysémiques permises par un maniement adroit des néologismes homophones.

( Relisez attentivement cette phrase, y'a une vilaine faute de derrière les dicos...)

Une écriture vallonnée, piquée de cyprès, structurée de cultures saines, sobres, diverses et variées, sucrées salées
Un paysage grandiose façonné par l'homme, harmonieux où règne une quiétude à nulle autre pareille, magique, simple et beau comme un rêve.
Alors ton texte, il a du caractère, il est empreint de cette Nature.

Dam.