Les noires cosmopoles

Les noires cosmopoles


J'ai marché le désert
Des rues de cosmopoles
M'abritant du soleil
Dans des bars interlopes.

Au fond de l'underground
Du haut d'un tabouret
J'ai sondé dans des nuits
A chasser le cafard
Les sous-sols de misère
Sous la terre battue
Arrosée de crachats
Et d'urine fétide.

Dans la moiteur plombée
Des glaces de comptoir
Les visages n'étaient
Qu'images au pochoir
Incrustées dans la crasse
Qui collait à la peau
Et donnait à chacun
Des airs de sueur froide.

La bière se prenait
Pour du whisky sans âge
Dans le verre pilé
Des tessons de bouteille
Tenus à bout de bras
Comme des oriflammes
Par des mecs qui faisaient
Leurs guerres à rebours
En vendant à l'encan
Les souvenirs des cris
Accompagnant la mort
Dans les yeux des enfants
Comme ceux de leurs mères
Qui mettaient dans le viol
Un espoir de survie.

J'ai marché le désert
Des rues de cosmopoles
A voir les cicatrices
Et le sang sur les murs
Et les vitres brisées
Qu'on ne remplaçait plus
Et les portes fermées
Sur les bruits de la rue
Qui claquaient des tac-tac
Des AK 47.

Alors, pour un dollar,
Dans les bars interlopes
Des rues de cosmopoles
Ou de villes mirages
Aux portes du désert
J'ai payé le silence
M'offrant une autre peur
Pour noyer dans la bière
Mes envies de tendresse
En cherchant le regard
D'un voisin de comptoir
Venu vider des verres
Comme on vide un chargeur.

Et puis les yeux cernés
Par les trop longues nuits,
Avant que le sommeil
Ne remplace la peur,
Lorsque le vent retombe
Et laisse en paix le sable
Dans l'écho du silence
Où s'étouffent les cris,
A l'aube de l'espoir
D'un jour enfin meilleur
J'ai regardé les rues
De noires cosmopoles
En me disant toujours :
Dieu que j'aime l'Afrique.


Nilo.

tu sais, Nilo, en te lisant, j'ai des mélodies de Bashung qui remontent ...
je l'aurais bien vu chanter tes textes, ils lui auraient été comme un gant !
trop tard, dommage ...
mais pas trop tard pour te dire et redire que j'aime tes poèmes ...
Yzaé

il y aurait des endroits où on peut deviner le tour que pourrait prendre l'apocalypse. Belle lecture.

J'ai senti l'Afrique et l'homme. Des mots qui me parlent. Indéniablement.

un poème-histoire, un poème-voyage, un poème-amour...

(déjà lu ?)

un écheveau d'images aussi belles qu'elles peuvent être parfois laides
une suite iconoclaste de grande classe
que j'aime te lire dans ces conditions

"Pour noyer dans la bière
Mes envies de tendresse
En cherchant le regard
D'un voisin de comptoir
Venu vider des verres
Comme on vide un chargeur."

Très beau texte, mais... interlope, lope, lopette... la tendresse d'un voisin de comptoir...
Ben je suis désolé, mais j'ai pas pu m'empêcher de penser à ça

Mais plus sérieusement, je regrette pas d'être allé le chercher ce texte là, je l'aime.

Encore un coup dans le Mur à Dédé.
Et pas un coup pour rien.
D'abord parce que j'aime ce texte ( et que ce soit moi qui l'aie écrit n'y change rien).
Ensuite parce que je n'étais pas passé remercier les lecteurs qui avaient laissé un mot ici.

Nilo, ça c'est fait.

T'as bien raison Nilo, surtout qu'en effet, c'est un Up utile!