Parallaxe

j'ai sept ans je suce des fonds de culotte
dans la chambre close de ma mère
à chaque ombre je tourne le pas
et je crois voir des fantômes

Je lui ai raconté l'histoire de l'enfant
qui s'enivrait des odeurs de sa mère
alors qu'on regardait la mer en contrebas
elle n'en revenait pas du paysage
et de mes confessions de puceau

elle me demande pourquoi je lui raconte tout ça
je lui dis c'est normal c'est comme ça qu'on fait, non ?
on dit tout on cache rien, les secrets c'est pour les familles
et la politique, elle acquiesce mais son regard est de biais
ce n'est plus l'homme qu'elle voit mais l'enfant
avaleur des parfums culottés
les vagues font des ricochets contre la falaise

je voudrais lui en dire plus, aller plus loin
dans l'écheveau complexe de ma sexualité infantile
mais ses yeux se sont perdus dans la pente
nous sillonnons dans le passé de l'autre
raconte-moi aussi, on n'a rien à dissimuler
elle me sourit alors et murmure
tu sais les filles c'est pas pareil

nous jetons un dernier regard en bas vers la mer
et nous rentrons le corps refroidi par le vent
les nuages s'amoncellent et dessinent des choses
que je ne comprends pas, je ne suis plus l'enfant
qui lisait dans le ciel des histoires de dragons
et de chevaliers courageux, je suis l'homme
qui narre timidement ces mystères honteux

je prends ses seins entre mes mains
mais je n'arrive plus à discerner son corps
de l'image fantasmée de ma mère
je caresse son ventre et ses cuisses
elles ont l'odeur de ce que j'imagine
cessant de croire pouvoir m'échapper au souvenir
nous faisons l'amour, elle à un homme
moi à ma mère
c'est étrange et surnaturel

Tu nous racontes un rêve (cauchemar ?) ?

Un nouveau voyage sur "l'absence" si tenace.

Sylvie

Non lalou, un poème

Merci Sylvie de ton passage

ça m'a vraiment fait cette impression..c'etait pas du tout ironique.

Merci de ta réponse.

J'ai apprécié cette lecture LC, même si la fin est dérangeante.
Mais elle a raison
tu sais les filles c'est pas pareil

Nilo, Prince héritier.

Un coup dans le Mur à Dédé et il en tombe ça.
Je fais passer, comme il se doit.

Nilo, par ici.

Etrange, soit, mais pas du tout surnaturel,
Ce qui l'est, surnaturel, c'est de l'écrire
Et de vouloir le voir comme tel

Et cela, c'est du mensonge
Et de la maladresse, qui vont très bien avec l'enfant que tu narres

Dam, on lui donnerait le bon dieu...

J'aime bien l'avant-dernière strophe sur l'atrophie du monde.

Oedipe en poésie.
"Non, mon chéri, ce n'est pas avec maman que tu te marieras !"
Amour de la mer(e)-terre qui nous a vu être.
Un poème qui se lit bien, même s'il étonne.