Les notes sous le ciel

Les notes sous le ciel


(1)
tu étais pour moi le poème
quand je mourais pour toi
sous les nuages et au-dessus
attachée à un bout de métal
au rayon du quasi-soleil
serrant dans mes pensées ta main et des mots doux

je les hébergeais
en sachant me tourner vers dieu et l’ange
passer de l’autre côté de la lumière
seuls des cailloux sur mes lèvres
sonnaient comme des cymbales
ce n’étaient pas des mots
pas l’inquiétude
juste le temps muet

(2)
je ne repousse pas le lendemain
là-bas le temps se sème autrement
il sent la marjolaine
je récolte
des livres éparpillés et des feuilles
endormies par le pavot

le silence ne s’entend pas
seul le bruit du crayon
et celui du vent qui essaie d’attiser le feu
je deviens l’ouïe l’odorat et l’attente
de notre retour

(3)
je me suis mise à écouter comment poussent tes cheveux
coupés en brosse
je ramasse ceux qui sont tombés
ils me livrent des incantations de papier
racontent nos escapades dans les passages parisiens
je visite le crépuscule
sans peur qu’il me manque de fautes
et aussi toi
j’écoute
comment tes cheveux repoussent
une eau sombre baigne mon inquiétude

(4)
que pourrait le verbe s’il n’existe plus
dieu se tait
sous les paupières le temps s’accroît
tu étais
tu es
l’univers se remplit de toi comme le poème suivant
ou il meurt en silence
et devient encore
la nuit
sur ma feuille
le plus beau étant quand tu entres et que tu lis
ensuite tu ne dis
rien
tu ne veux pas effrayer les mots
qu’il y en a de trop
ou qu’ils n’existent plus

(5)
qu’est-ce qui sépare le ciel de la terre ?
suspendus entre eux
nous ressentons l’angoisse
de l’existence ?
que ressent une feuille qui perd son attachement
et se pose sur l’herbe
ou encore un oisillon quand il tombe du nid ?
qu’est-ce que je ressens quand sur l’aile givrée d’un avion
s’étalent mes pensées
je les protège contre le froid
qu’elles puissent ainsi arriver à toi
telles quelles sont nées entre le ciel et la terre
ne les déshabille pas

Paris-Berlin 26 novembre 2009

un mot me vient "riche"...riche de sens et d'émotions...

Il est clair que comme Lalou, je pense à ce mot "riche"..riche d'idées, d'émotions, d'images et surtout riche de l'auteur qui a une plume inimitable !

C'est un réel plaisir de te lire.

Sylvie

Des mots portés par l'aile givrée d'un avion. La poésie dans sa modernité, la poésie dans la vie, à chaque instant.
Solweig respire et nous insuffle l'esprit de la poésie.

Clic-Dédé et je tombe sur "l'auteur à la une"...

Un bon coup de dé ( Dé")

Sylvie

ensuite tu ne dis
rien
tu ne veux pas effrayer les mots

Bel hommage au Verbe !

Nilo, in excelsis...

Je considère qu'il y a peu d'autres poétesses comme toi.

C'est-à-dire autant investie dans ce que la poésie demande et offre à la fois.

Tu es celle.

Enfin je crois.

Clic-Dédé

Contente de te relire encore solweig



Sylvie

Tu n'as pas craint de faire plus long qu'à l'ordinaire et je trouve cela très réussi quant au fond. Pour ce qui est de la forme mon choix se porterait sur une version moins édulcorée même si ce que l'on peut lire ici ne manque pas d'harmonie Compliments - LOUP.

J'ai ressenti un doux froissement de pensées comme du papier, qui s'envolent ensuite, tes mots sont beaux, Oui dans ce que tu décris il y a l'immensité du ciel.
Merci pour cette lecture.

Les grandes passions sont muettes, le silence est la plus grande des passions. Discret mais efficace. Il faut savoir le faire...

Dam