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Rencontre du troisième type.

4 participants

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Rencontre du troisième type. Empty Rencontre du troisième type.

Message  vivant Jeu 17 Juin - 0:41

Atelier d'écriture. La partie en gras était le début d'une nouvelle de l'écrivain Karine Fougeray. Il s'agissait d'en écrire la suite. J'en ai fait 2 la plus polar, c'est celle là :

Manu continuait de sonner à la porte, mais rien ne se passait. Moi j’attendais sur le palier derrière lui, il était 8 heures 10, on venait d’embaucher et on se retrouvait coincés ici, face à cette porte taguée qui ne voulait pas s’ouvrir. On n’était pas d’humeur joyeuse. Comment gagner des heures sur un chantier lorsqu’on ne peut y accéder, au chantier ? De toute façon, avec les HLM, c’était toujours la même histoire. Une fois sur deux on tombait sur des barjos qui nous mettaient des bâtons dans les roues. On leur refaisait leur appart à l’œil et ils n’étaient jamais contents. De vrais tarés.

Manu a commencé à cogner sur la porte de plus en plus fort, à tel point que je lui ai dit de se calmer.

– Arrête Manu, ça sert à rien, si tu défonces la porte on sera pas plus avancés. Allez, va, on retourne à la boîte et on avisera là-bas.

Au moment où on se mettait à nouveau les pots de 15 litres au bout des bras pour faire demi-tour, la porte s’est ouverte et on est entrés. Il n’y avait personne, juste une petite fille haute comme trois pommes qui nous regardait de ses yeux vides comme si on était des ovnis.

– Où sont tes parents ? On vient pour repeindre les chambres et le couloir.

La gamine suçait un nounours marron qui n’avait plus de fourrure à force d’être mâchouillé. Elle a répondu :

– Maman est partie travailler et papa il dort.
– Et toi ? Tu n’es pas à l’école ?
– Moi je regarde la télé. J’attend que papa il se réveille pour aller à l’école.
– Et à quelle heure il se réveille ton papa ?
– Je sais pas, des fois il se réveille pas du tout.


– Ça arrive souvent ?
Les yeux vides se sont plissés, suspicieux.
– Hé, pourquoi vous me posez toutes ces questions, z’êtes des flics, c’est ça ?
– Qu’est-ce que tu vas chercher là ! Appelle ton père. Tu lui dis que les peintres sont là, tu seras mignonne.
– Nan. J’suis sûre que vous êtes des flics !

La gamine s’est barrée illico dans une chambre en claquant la porte derrière elle. Nous, on est resté les bras ballants, comme deux ronds de flan. Le coup des flics, c’était une première. On s’est marrés en se disant qu’au moins, elle allait réveiller son vieux et pouvoir nous laisser bosser, mais quand le type est apparu dans le chambranle pour nous pointer comme des sangliers au bout de son fusil à pompe, on avait plutôt envie de rembobiner le film à son début.

– C’est des flics alors ?
– Ta gueule, reste dans la chambre ! Toi, le petit gros, ferme la porte doucement.

J’ai obéi avec la prudence d’un astronaute en apesanteur. Manu avait hérité des yeux vides de la gosse. Ses jambes tremblaient salement. On a levé les mains en évitant de croiser le regard du type. Putain de HLM, putain de tarés. Sûr qu’il connaîtrait jamais ça, le patron. Il nous envoyait au casse-pipe et pendant ce temps là, il comptait ses biftons, le cul soudé à sa chaise.

– Allez, toi, le grand. Fous-toi en slip et balance tes fringues par ici.
Peu après, c’était mon tour. Manu s’était pissé dessus. Il avait la larme à l’œil, et l’air aussi con qu’un chien en train de chier. Moi, j’ai pensé à ma mère et je me suis retenu.
– Allez, Olivia, ramène-toi et fouille-moi tout ça.

La gamine s’est exécutée. On sentait qu’elle avait du métier malgré sa petite taille. Quelques secondes plus tard, elle pestait de ne rien trouver de confondant dans nos affaires. Elle a tiré la manche du pyjama de son père.

– Y sont malins ceux-là, hein papa ! Y sont venus les poches vides. Mais c’est des flics, j’suis sûre. Y a qu’eux qui sont assez cons pour venir chez nous !

J’avais envie de coller une beigne à la naine pour la faire taire, d’autant que son vieux semblait céder au dernier argument. Manu s’est liquéfié quand la môme a suggéré au père de commencer par le grand con. Il s’est mis à genoux, comme à l’église, implorant avec plus de ferveur que cent nonnes réunies. Moi j’étais n’importe où ailleurs : chez moi, victime d’une panne d’oreiller ; en train de rebrousser chemin dans l’escalier avec mes pinceaux secs ; au bar de la civette, une bière à la main, à commenter la dernière journée de championnat en partageant l’haleine d’un poivrot anonyme, mais surtout pas ici… Le type a balancé un coup de tatanes dans le cul de Manu pour qu’il la boucle.

– J’pense que tu te trompes Olivia. Ça sent pas l’flic dans le coin. Mais il y a un moyen simple d’en être sûr. On va les laisser bosser et voir ce qu’ils valent. A la moindre bavure, je repeins tout en rouge. C’est pigé, les super Mario ? Alors au boulot !

On a remis nos cottes avant de commencer le taf. Le type s’était posté derrière nous, assis sur une chaise. La gamine ne bronchait plus. Elle câlinait son nounours en regardant la télé, le pouce dans la bouche. Manu cherchait dans mon regard le courage qui avait déguerpi du sien. C’était pénible à voir. Il ne nous restait pas grand-chose d’autre à faire que notre boulot. Le hic, c’est que pour faire du chiffre, on s’était spécialisés dans le travail rapide. L’application, la propreté, le respect des temps de séchage, c’était pas notre créneau. Sans compter la tremblote de Manu, qui risquait de nous condamner à la première erreur. J’étais pas Molière, merde ! Je ne voulais pas crever sur scène.
J’ai commencé à brancher le collègue sur la formule 1 pour l’aider à redescendre. Je détestais ça mais c’était le rêve de Manu. Quand je tombais dessus en zappant, ça me rayait les dimanches. Cette bande de couillons publicitaires suant dans leurs bagnoles rutilantes, me déprimait en trois secondes, le temps suffisant pour imaginer leur vie pleine de fric, de femmes siliconées, et de massages aux huiles essentielles. J’avais bombardé Manu de questions. Au début, ses yeux ont eu l’air de me dire : pauvre garçon, t’es en train de perdre les pédales. Mais j’ai insisté et ses tremblements ont cessé à mesure qu’il débitait son savoir en la matière.
Les murs n’étaient pas trop abîmés. En temps normal, on aurait torché ça en cinq sec mais, avec l’autre cinglé dans notre dos, on prenait autant de soin que si l’on avait dû restaurer la Joconde. Le visage grimaçant, le geste saccadé, Manu m’inquiétait presque autant que le fusil à pompe. Je le sentais prêt à l’acte de bravoure imbécile, celui qui effacerait l’image de son slip souillé. Le courage, c’est quand la honte l’emporte sur la lâcheté. J’ai senti qu’il gambergeait sévère pour la jouer fine et, bon sang, j’avais envie de l’assommer pour ne plus voir cette lueur dans ses yeux. Et puis, à force de guetter Manu, c’est arrivé ! J’ai dérapé sur la bâche. Je suis parvenu à rattraper le pot de peinture mais le pinceau m’a glissé des mains pour tournoyer jusqu’aux pieds du type. Il s’est levé d’un bond et j’ai tremblé au son de l’armement du fusil.

– Je vais arranger ça ! y a pas d’souci c’est de la peinture à l’eau.
– Qu’est-ce t’en penses, Olivia ? Je le bute ou je lui laisse une chance ?

La gamine a incliné son pouce vers le bas. Ça a fait marrer son père. Il y avait de la fierté dans sa voix.

– Elle est pas géniale, ma môme ? Elle vaut bien dix petits cons dans ton genre !

J’ai acquiescé mollement en fixant le canon. J’aurais payé cher pour pouvoir le tordre, façon youri Geller. J’ai pas compris ce qui se passait dans mon dos mais le canon s’est brusquement incliné vers la gauche et lorsque j’ai finalement tourné la tête, j’ai vu Manu qui se servait de la gamine comme bouclier humain. A genoux derrière elle, il la maintenait fermement par la gorge et gueulait au type de lâcher son arme. J’espérais qu’il aimait sa gosse autant qu’il le disait. Elle hurlait, balançait bras et jambes au hasard et Manu serrait de plus en plus fort. Quand le type a posé son fusil, elle avait changé de couleur et respirait à peine. J’ai ramassé l’arme et inversé les rôles. La crosse en main, je leur ai dit de se foutre à poil. La pisseuse y est allée de sa goutte. Son père était rongé par la rage. Il avait un tatouage de pitbull sur le bide qui contrastait avec sa queue en berne. La sueur me dégoulinait dans le dos. Je me suis demandé si j’allais pas tirer. Manu m’a finalement pris par l’épaule et on a dévalé l’escalier en se débarrassant du fusil dans la poubelle du hall.

Deux heures plus tard, on avait vidé la moitié du bar de Manu. J’ai appelé le patron pour lui dire qu’un client souhaitait le voir en personne pour porter réclamation. Il s’est emporté, nous a traités de sales pochetrons et a dit que c’était sans doute la dernière fois qu’il nous adressait la parole. En cela, il n’avait pas tort.

Le soir même, il a longuement sonné à la porte, passablement énervé à l’idée de devoir constater les dégâts. Personne. Il a haussé les épaules et a commencé à descendre l’escalier quand une gamine, haute comme trois pommes, a fini par ouvrir. Elle tenait un nounours dans les bras et le regardait avec des yeux vides, comme s’il était un ovni.

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Message  Nilo Jeu 17 Juin - 16:35

Ah putain, c'est Rock n' Roll.
J'adore.
Tu as mis du temps à revenir mais tu nous gâtes.

Nilo, peintre en Joconde, c'est moins risqué.

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Message  vivant Jeu 17 Juin - 18:28

oui hein ?
L'autre version est plus tendre...
Ben... parait qu'il faut que j'mette plus de textes... je m'exécute. Merci Neutral

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Message  Lalou Jeu 17 Juin - 19:55

Oh oui !! Contente de te retrouver Vivant et de te relire..comme dit Nilo,
cest Rock and roll et c'est bon!

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Message  Nilo Ven 16 Juil - 10:01

Cette contribution me semble injustement ignorée.
L'Auteur à la Une me permet de la remettre en avant et je ne vais pas m'en priver.
Parce qu'il ne faut pas que l'eau ne fasse que passer sous les ponts.

Nilo, constructeur d'acqueduc.

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Message  vivant Sam 17 Juil - 23:19

meuh non, c'est normal... Je ne lis pas assez les autres (sauf toi que je lis sur papier ce soir même)

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Message  Sylvie Lun 19 Juil - 5:10

Rassure toi Vivant, je suis sure que tu es lu mais je pense qu'il est toujours plus délicat de lire les "nouvelles" car ça demande + de temps Wink

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