Les dernières voluptés du condamné à mordre

Les courbes femmes, sillonnées d'orgueil las
ouvrent à la voix, la traversée des ténèbres
que ne joindrai-je tes pieds pour en baiser la forme
tant des crinières déhanchant l'air raréfié
tant de ces postures d'assassines irrévérences

A crayonner les reins et les reines dissoutes
dans des rêves trop larges, et d'épaisses meurtrières
la moiteur des mots enlace l'horizon talisman
égarés dans les creux et les yeux maraudeurs
je saurais t'admirer dans la plus noire des nuits
à m'y trouver refuge et périphéries vulgaires

Je brandis mes mains en forme de voilage
tenant là l'obole du riche et la frontière minimale
des vices remués par des vagues imberbes
je note l'esprit de ne vivre qu'ainsi
que vivent nichés les oiseaux migrateurs

Alors, de ses doigts tatoués de reptiles
elle écarte le monde de mon admiration sacrifiée
et je plonge là-bas où la lumière s'éteint dans le vent
et je me noie misérable bienheureux
d'enfin découvrir les friches désertes des déserts chimériques
riant de pleuvoir les dernières voluptés du condamné
à mordre la touffeur des savanes

N'ayant pas accroché (m'y étant même accroché) aux deux premières strophes je m'en tiendrais à louer les deux dernières qui sont empruntes de lourde (l'adjectif n'est pas ici péjoratif) poésie, celle que tu sais faire quand tu t'en tiens aux mots et au sens sans jouer avec les tournures et circonvolutions sémantiques et lexicales auxquelles tu nous as également habitués.
Bref, j'ai aimé ces deux dernières strophes qui se suffisent à elles mêmes.

Nilo, damné aux désordres.

De jolies évocations, de jolies images... Tu nous emmènes loin, j'ai aimé le tout qui me parle.