La route de Mopti

La route de Mopti


La route défile,
Jaune, rouge, et noire.
Faite de sable et de pierres.

On y croise des hommes,
Des ânes,
Et des enfants
Qui vendent des oranges
Ou les donnent
En riant à pleines dents,
Inconscients de leur misère
Et ne sachant pas
Le goût des jours meilleurs.


La route défile,
Jaune, rouge, et noire.
Faite de sable et de pièges.

On y voit des bâtisses,
Maisons de banco,
Et bistros d'infortune
Qui vendent de l'alcool
A l'ombre des mosquées.
On n'y a que le choix
Entre la bière tiède
Ou une eau
A filer la courante.
Alors on avale une canette.


Et on reprend la route,
Jaune, rouge, et noire.
Faite du sable et du vide
D'un silence de mort.

On traverse Ségou,
Grandiose
Dans ses habits coloniaux
Ocres, verts, jaunes, rouges.
Et blancs,
A l'ombre des palmiers.
Une halte sur le port
Pour une autre chope
En regardant le désert
A un jet de pierre
De l'autre côté du fleuve.

Ecouter le muezzin,
Mordre dans une orange,
Entendre les rires des enfants
Que vient interrompre
Le cri tacatacacant
D'un AK 47.


La route défile,
Jaune, rouge, et noire.
Faite de silence et de vie.

Chaude, lente, et longue.
Jusqu'à Mopti,
Là où le désert se gagne,
Nous perd,
Et qu'on oublie.


Nilo.

"Ecouter le muezzin,
Mordre dans une orange,
Entendre les rires des enfants
Que vient interrompre
Le cri tacatacacant
D'un AK 47."

Je me prend ma claque et je me tais.

Tu ne t'es pas blessée au moins.

Nilo, éclat de voix.

Un autre morceau de vie !

Que j'aime vous lire, ne dites pas que je radote ;-)

H.

c'est le mur à Dédé qui m’amène sur la route de Mopti !

et il vise bien le mur, je ne l'avais pas lu !

Merci Lalou. J'y pense avec beaucoup d'affection et d'émotion.
Surtout qu'en ces jours la route s'avère très dangereuse vers le nord au-delà de Mopti.
Alors, vivement qu'on puisse revivre heureux à Tombouctou, cette perle du désert.

Nilo, et mourir.

même impression (en beaucoup plus condensé) à la lecture, que la lecture d'une description de Jean Lacouture

Je suis la route !