À toi

À toi



Quand l’envers de tes yeux
Me laisse apercevoir
De ton âme, la noire épaisseur d’un aveu

Lorsque se glisse, lisse et doux, le paysage
Des ces tabous qu’Ulysse, enfant, avait rêvé
Venant à bout des maléfices… Quand t’aimer
Aux hasard mystérieux de tes sombres voyages

Est un délice, une âpreté
Un pont qui sépare les rives
Un chemin qui rejoint l’eau vive
De ton iris, rare beauté…

Quand tu abdiques et te rends
Je viens quérir en toi, l’histoire
De tes chagrins, de tes soleils.

Le lendemain de ton sommeil
Je viens mourir dans ta mémoire
M’éteins, curieuse, puis errant
Parmi tes songes
Imaginés
Et le reflet
De tes mensonges.

Le soir venu, sous ma liseuse
Avec un livre entre les mains
Où se livrent des écrivains
Je t’attends, je suis en veilleuse.

Vas-tu enfin parler de toi ?
Sinon ton désir sur mon corps
Que je prends, bonheurs et remords.
Viennent tes mots ! Je reste là.

Mon pote, mon copain, compagnon de galère
Amant l’ombre venue, solidaire destin

Ami devant un verre

Amoureux le matin
D’un geste de ma main

Et dès midi, en guerre
Adversaire mutin

Reclus dans ton silence
Ou caché sous ta science

Amant l’ombre venue, solidaire destin
Mon pote, mon copain, compagnon de galère
Où irons nous demain ? Que sera notre vie ?

Une chambre de bonne aux persiennes écloses ?

Un bouquet de parfums sur la table de nuit
Où se mêlent les sens du lys et de la rose ?


Une barque flottant au gré des marécages
Venant dire les ans qui passent sur notre âge
Et charrient des regrets ?

Aurons nous le courage
D’amarrer à bon port, pour un autre virage ?
D’aller dans la cohue chercher sur un visage

Les éclats inconnus de nos nus souvenirs

Perles de nos soupirs ?

*

Messaline, mars 2010