Même le vent est silencieux

Même le vent est silencieux


Un doigt en l'air, vers les oiseaux
Que tu regardes s'envoler
Et dans ta bouche, à demi-mots,
Les mots qu'on dit pour pas pleurer.

Le jour s'en va, le jour descend
Sur cette mer recommencée
Et tu te plantes droit devant
Le lent retour de la marée.

Depuis le port où tu attends
T'as vu partir tant de bateaux
Que tu sais plus lequel tu prends
Une frégate ou un radeau.

Ils sont nombreux qui sont venus
La voir partir, lui dire adieu,
Tu les connais, ils se sont tus,
Même le vent est silencieux.

Comme à l'enfant qui doit partir
On donne un peu, jamais assez,
Tu as pesé tes souvenirs
Et lui as dit "voyage en paix".

Tu restes là sans plus bouger
Comme une plante dans son pot
Qui se languit de voir faner
Sa jeunesse dans si peu d'eau.

C'est le moment, la mer referme
Le trou où tu l'as déposée.
Comme un caillou qu'on met en germe
Tu joins tes larmes à la marée.


Nilo.

J'ai apprécié la libre interprétation de ton poème, comme ces mots t'appartiennent dans leur sens premier.

Dam, une graine dans ton jardin secret

Oui ils t'appartiennent mais poussent dans les profondeurs et m'atteignent, et me touchent.
Les métaphores oniriques utilisées ici sont redoutables, légères mais ultra présentes à en devenir oppressantes et tu sais que j'ai compris et très bien ressenti le fond de ton poème.
Merci pour ces mots.

UN "autre" Nilo, c'est evident .
Je serais tentée de dire , encore un que l'on aime.
Pour ma part, j'aime la simplicité de ces mots posés là et le poids qu'ils transportent.
Touchée , c'est sûr.

"C'est le moment, la mer referme
Le trou où tu l'as déposée.
Comme un caillou qu'on met en germe
Tu joins tes larmes à la marée."

Quatre grains de sable dans la pierre des vies.

En tant que lecteur je me suis approprié ce texte, j'en ai fait ma propre lecture : une homélie lyrique lancée face a la mer presque desesperement : la beauté du poète, seul face a l'immensité salée. J aime beaucoup !

"un autre Nilo" ?

Oui, un autre ton, une autre façon de mettre les mots...
Mais est-ce un autre Nilo ;-)

J'ai aimé !

H.

On enterre, on pleure, on sait et un jour, on disparait.

"Tu restes là sans plus bouger
Comme une plante dans son pot
Qui se languit de voir faner
Sa jeunesse dans si peu d'eau."

J'ai véritablement aimé ce passage qui a une force vraiment écrasante pour déclencher l'émotion de cet instant de poésie.

Sylvie

Un grand merci à toutes et tous car ce texte est important.

Nilo, un jour pas comme un autre.