Derrière un fumigène

Derrière un fumigène


Ils avaient de la gueule
Tous ces mots en bataille
Qui battaient les mensonges
Au poker des nuits blanches
Quand sur les tables rases
Des verres à moitié pleins
Mimaient la grande peur
De s'imaginer vides.

Le jazz se balançait
Des désaccords mineurs
Sur les rêves froissés
D'un bandonéon triste
En parlant de tango
Et de trottoirs crasseux
A des femmes pleurant
Des larmes Rock n' Roll
Flicflaquant sur le zinc
D'un comptoir de clandé.

Le désert est couvert
De tant de pages blanches
Que même les serpents
Se prennent pour des muses
Parsemant de bémols
Les obliques portées
Des restes symphoniques
Mourant au bord des dunes
Où les traces de pas
Dessinent quelques croches
Volées aux partitions
D'un blues bien déjanté.

Le rideau est tombé
Un soir de fin d'hiver
Et puis tu t'es tiré
Derrière un fumigène
Disperser les volutes
De tes ronds de fumée.


Nilo.
______________________________________

Pour Alain. Mais chut, la nuit je mens...

Un bel hommage...ça y'est ça me donne envie de chanter...

"Aucune vapeur ne me fera fondre
Des escalators au chariot ailé
J'ai tout essayé
J'ai tout essayé"

Il manque comme bien d'autres artistes, les vrais, avec le talent


Mots choisis avec délicatesse.

Sylvie

Belle construction.

J'ai pensé à Philémon avec Barthélemy sur un rond de fumée au-dessus des lettres de l'Océan.

Impossible de passer à côté de ce poème. Bashung a véritablement donné un coup de fouet à la chanson française surtout dans les dernières années. On ne peut oublier un tel artiste. J'ai eu la chance d'assister à l'un de ses concerts (Tournée des Grands espaces 2005) et quelle soirée ! Merci pour cet hommage Nilo.

Quand on pense au mal qu'il a eu pour enfin percer... Ce type a reçu plus de canettes de bière que d'ovations pendant de longues années. Le talent triomphe toujours, même trop tard, parfois.

Swann, tribute

Non effectivement, impossible de passer à côté... De la poésie comme on en a peu. Avec toute ta sensibilité Nilo.

Merci à tous.

Nilo, comme un lego.

Oui bel hommage Nilo, avec ces images, les tiennes, toujours reconnaissables mais toujours surprenantes.