Le mot du mois de Décembre : TOUPIE.

Fin 2010, le cerveau toupie, en vrille, étourdi, malmené par le tourbillon de la vie.

En rotation stagnante, des kilomètres de pensées grises défilent, s'enroulent en bobine, s'empêtrent dans les liaisons synaptiques, obstruent les dendrites et étouffent les neurones.

Impossible d'entrevoir l'horizon dans cette tornade molle qui englue. Ça turbine dur, mais ça ne tourne pas rond quoi qu'on fasse, alors on finit par ne plus rien faire. On s'enferme, tandis que la pointe de la toupie continue de vous labourer en microsillons stériles d'un disque rayé.

Fin 2010. La roue ne tourne plus. Le bateau à aube, plonge dans le crépuscule d'un long fleuve noir. Il navigue à vue, avance au trouble, se perd dans les bras morts et marécageux. Le capitaine manoeuvre une barre reliée aux rêves, rêves qui cheminent dans la cheminée puis qui s'évaporent au loin, insaisissables. Toute la vie est en réserve, à fond de cale, oubliée.

Fin 2010, le monde continue de tourner, déphasé, femmes girouettes, tandis que j'oscille culbuto, toupie, jouet brisé entre les doigts du destin, qui me balade d'un claquement de doigts en spirales insensées. Peut-être qu'à force de me perdre, je finirai par me trouver. Peut-être que le tournant viendra d'avoir trop tourné.