Des anges abattus sur le trottoir

Je notai sur un morceau de papier quelques mots
qui, en apparence, n'avaient aucun lien
elle me demanda à quoi ils correspondaient
je lui répondis tout bas, comme un secret
« ce sont des nœuds, un peu comme des anges
abattus sur le trottoir »

Parfois, le soir, nous évoquions la poésie
s'arrachant les cheveux de n'être jamais d'accord
dans ces moments je mettais sur la platine
un vieux vinyle de Lester Young
ou de Coleman Hawkins, son point de vue
était radicalement différent du mien
je me demandais ce qui la gênait dans la vulgarité
et la liberté, ce sont des chevaux de bataille
des guerres minuscules et d'un seul homme
elle était fière de me réciter des poèmes de Hugo
ou de Baudelaire

Je l'écoutais, je faisais semblant d'écouter
la récitation des vers de Hugo et de Baudelaire
alors que mon esprit se baladait dans les complaintes
de Lester Young et de Coleman Hawkins
je marchais, enveloppé de silence, sur le colimaçon du cuivre
plein à déborder de ces mots sans phrase fixe
à la syntaxe aussi désordonnée qu'un chaos organisé
« ce ne sont que des mots, tu sais, ce ne sont
que des anges abattus sur le trottoir »

Pffffiouuuu ... Le titre à lui seul est un poème, mais tout me plait, tout ...et plus particulièrement la première strophe.

Comment réinventes tu à chaque texte ta plume ? ....


Cend'

J'aime ça, parce que c'est dit simplement, et intelligiblement (ça existe ?) Enfin, ce qui pourrait être impossible à dire, et encore moins à écrire, l'est ici dans les deux formes (orale-écrit) assez clairement, et poétiquement.

Dam, je me suis un peu embrouillé sur le coup...

Y'a de jolies choses dans ce texte. Le titre, la première strophe, les derniers vers.
Le reste est plus "casual", ordinaire. Mais toujours ta jolie plume ^^

Sasvata, c'est la faute à Hugo

D'accord avec Sas, texte moins condensé et hermétique que d'habitude, mais ta plume est là et les évocations jolies. Simplicité ne nuit pas, d'autant que je partage tes avis dans ce texte - de là à ignorer Hugo et Baudelaire, même s'ils sont devenus 'banals' en se vulgarisant, je n'irais peut-être pas aussi loin.

Z.

ce ne sont que des mots, tu sais, ce ne sont
que des anges abattus sur le trottoir

Et il faut faire attention à ne pas les piétiner. Les mots sont susceptibles, et les anges fragiles.

Nilo, pas de côté.

Un ensemble qui rejoint mes pensées.

Ca t'étonne encore?

Sylvie