C’est la cire qui coule au seuil du repentir

C’est la cire qui coule au seuil du repentir


C’est l’ombre de l'oubli sous les pas des passants
Qui laisse transpirer l’espérance des fous
Dont les rêves de gloire passés au feu des lunes
Nourrissent les rancœurs, les remords, les rancunes
Des éclopés du cœur bien seuls aux rendez-vous
Que leur fixe l’amour à l’aube du néant.

C'est une voix lointaine éteinte par le doute
Qui passe sous les cintres au chœur des cathédrales
Dans le silence abstrait des cantiques qui montent
Du fond des labyrinthes où naissent tant de contes,
Quand ne reste plus rien sous les pierres tombales
Que les cris étouffés des damnés en déroute.

C’est la cire qui coule au seuil du repentir
Laissant aux pieds des suppliciés les fines gouttes
D’un cierge sur les clous tombés des croix qu’un Dieu
Plein de miséricorde a planté comme un pieux,
Balisant d’intentions bienveillantes la route
Quand sonne le tocsin douloureux du partir.

C’est dans le flot discret des larmes impatientes
Que se fond le mystère au creuset de la foi
Quand la mémoire passe au tamis des violences
Les souvenirs jaunis, écornés, de l’enfance
Et qu’il ne reste plus qu’à entendre les voix
Qui murmurent les cris des âmes innocentes.


Nilo.

Entre "l'espérance des fous" et les "larmes impatientes", je laisse tes mots me guider vers les souvenirs jaunis passés au tamis des violences et je sens la cire couler sur les clous plantés comme des pieux.

J'y vois, j'y lis, un condensé de mots que tu aimes employer et de thèmes qui te sont chers. Il te va bien ce poéme la, Nilo.

C'est en lisant ce genre de chose que je me rappelle combien j'aime les alexandrins. Sous ta plume, certains ('Nourrissent les rancœurs, les remords, les rancunes', ou 'Que les cris étouffés des damnés en déroute') sont d'une musique et d'une lumière superbes.

D'autant que traduire poétiquement la foi doit être comme dit Lalou un exercice qui te plaît particulièrement.

Z.

Une véritable quête spirituelle en somme.

C’est dans le flot discret des larmes impatientes
Que se fond le mystère au creuset de la foi
Quand la mémoire passe au tamis des violences
Les souvenirs jaunis, écornés, de l’enfance
Et qu’il ne reste plus qu’à entendre les voix
Qui murmurent les cris des âmes innocentes.


Oui c'est bien ça...partout des cris, des plaintes, des délires, des violences...

Nous sommes tout près de la révélation finale, Nilo.

Et j'attends ça avec impatience...

La poésie brille ici

Mais j'ai vraiment eu un coup de coeur pour ce passage:

"C’est la cire qui coule au seuil du repentir
Laissant aux pieds des suppliciés les fines gouttes
D’un cierge sur les clous tombés des croix qu’un Dieu
Plein de miséricorde a planté comme un pieux,
Balisant d’intentions bienveillantes la route
Quand sonne le tocsin douloureux du partir."

Mais là, je peux dire que les rimes sont d'une douceur à tel point que je ne les entends pas !

Peut être que certains devraient te lire et ils comprendraient ce que cela veut dire "douceur " en poésie".

Sylvie

Ah bon...
Merci à toutes et tous en tout cas.
Vous avez vu comment je viens, l'air de rien de vous décliner toutes les combinaisons du "tout" en quelques mots qui veulent dire quelque chose ?

Nilo, comment ça j'en rajoute ?

Y'a pas à dire c'est quand même bon la rime, quand c'est maîtrisé.

J'aime beaucoup le titre...

Et puis, c'est mélodieux. C'est rempli de lumière.
Les mots s'écoulent comme de l'eau, on aimerait que ce flot n'est pas de fin.
Merci pour cet instant de poésie (:

C’est la cire qui coule au seuil du repentir
Laissant aux pieds des suppliciés les fines gouttes
D’un cierge sur les clous tombés des croix qu’un Dieu

J'ai adoré le titre avant de lire le poème, alors...j'adore !!!

Aimer le titre c'est adopter le poème.
A condition que le ramage se rapporte au plumage. Et si c'est le cas j'en suis heureux.

Nilo, affable.

Du fond du labyrinthe où naissent tant de contes...

Merci pour celui-ci.