Le teint profond du temps

le ciel se déchire cet été
et les étoiles telles la mémoire
se posent sur nos mains

je viens cueillir les souvenirs
les myosotis de tes yeux
séchés dans nos poèmes
j’ouvre toutes les portes
jusqu’à celles des placards
où se reflète le monde et tresse mon silence
l’écho de mes mots laisse le sillage de couleurs
sur la toile - naissent des émotions
cueillies sur l’arbre d’incertitude

qui bercent les mots chargés de l’été ?
je ne suis plus une image lancée au vent
rugissant telle une bête indomptée
dans ce paysage peint en noir
je hisse la muraille d’étonnements
personne ne prend garde
aux faux souvenirs qui s’enroulent
comme des feuilles desséchées

remodèle-moi
ma nervure bien dessinée
le corps de monticules
la paresse des pensées

nous marchons trop vite vers le soleil
qui croque les ombres mouvantes
laissant le sable du poème
l’esprit déchainé disperse l’ardeur
dans un lent mouvement du temps
qui redonne un coup d’aile pour ma plume

j’étale mes heures sauvées d’oubli
l’ombre de mes lettres réveillées
au son de tes mots hardis
la longue route s’évanouit dans la nuit
le jour s’assied au bord de l’Evre
déclinant l’obscurité qui ferme les yeux sur moi
la porte s’ouvre sur l’absence qui aboie

30/08/2011 LGC

Très belle plume. Malgré ma méfiance permanente des vers libres, ceux-ci sonnent et résonnent justes, 'vrais', comme j'aimerais que chaque mot soit.

Avec des fulgurances, notamment ce

'remodèle-moi'

qui m'a sauté au visage, et ce dernier

'la porte s’ouvre sur l’absence qui aboie'

qui me parle comme si tu me l'avais ôté de la bouche.

Z.
[rajout après lecture du post de Carmen: l'absence de négation m'a aussi dérangé.]

Oh putain !
Un grand moment de lecture de ce grand moment d'écriture, avec des choses comme
je viens cueillir les souvenirs
les myosotis de tes yeux
séchés dans nos poèmes
ou
j’étale mes heures sauvées d’oubli
l’ombre de mes lettres réveillées
qui me laisseront définitivement un goût d'achevé.

Nilo, enfin.

..."Je hisse la muraille d'étonnements"...
..."la porte s'ouvre sur l'absence qui aboie."
Pour ne relever que ces deux vers qui me marquent particulièrement...mais il y a d'autres trésors dans ce poème !
J'ai été gênée par la négation manquante dans : "Personne prend garde"

J'en suis à ma cinquième lecture et je n'en suis pas encore revenu. Mise à par cette négation manquée-Personne prend garde-ou peut-être voulue par l'auteur, ce poème est envoûtant de bout en bout, rythmé, avec des séquences d'une rare beauté :

nous marchons trop vite vers le soleil
qui croque les ombres mouvantes
laissant le sable du poème
l’esprit déchainé disperse l’ardeur
dans un lent mouvement du temps
qui redonne un coup d’aile pour ma plume

Heureux de te relire ici.

Du bonheur de te relire Solweig !

Comme mes amis, sous le charme , un peu envoutant, de tes mots.

Re-bienvenue chez toi.

En très peu de mots EXCELLENT et encore une fois excellent !!! Sans doute un des meilleurs que tu aies pu nous offrir. Un bien belle résurgence de la rivière poétique captive qui jaillit telle un geyser...J'aime et j'admire ton talent qui ne s'est en rien émoussé...ENCORE ET ENCORE !!! ENCORE ET TOUJOURS ...Mille compliments - LOUP.

Je rejoins l'avis de mes petits camarades.
Et j'en profite pour te dire que c'est un vrai plaisir que de te relire ici.

Des images sublimes comme tu nous y a déjà habitué.
Mais avec comme un petit supplément, encore, comme si c'était possible.

Quelques heures sauvées d'oubli, un petit trésor.

Je suis tombée amoureuse du titre et maintenant je n'en suis qu'à la seconde lecture;je tombée en amour avec les mots....

Je reviens après ma X ième lecture, lesquels je choisirai, à moins que je ne choisisse tout; voilà  comment j 'aimerais écrire ! Merci !

Chantal