Les jointures du brouillard.

Je comme deux ombres
Qui reviennent toujours au pied du même mur
Et qui disent
La dernière fois c’était

Comme deux ombres
Qui jouent à la grenade
On finira bien par faire péter l’usine

Boucher le bon tuyau
Boire le bon détergent
La phrase létale

Nous comme quatre ombres
Qui mélangent les gueuletons de trouille
Et qui disent
Est-ce que tu pourrais

Comme quatre ombres
Qui jouent à la grenade
On finira bien par faire péter le complexe

Et s’ils nous cherchent
On se cachera pour dormir
Dans les jointures du brouillard


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sommes-nous si vieilles
qu’aux mains dénouées de l’ombre
la lumière n’est pas venue

si vieilles encore
qu’à toutes les danses
les cadavres sont immobiles

ils portent des lunettes d’écaille
ils ont les yeux bleus de ma mère
ies joues grises de mon père

les cadavres sont immobiles
aux ombres deux ou quatre
aux farandoles et aux abysses

les cadavres sont immobiles
aux banquets au piano du soir
aux échos imaginaires

les cadavres sont immobiles


Z 05 10 11

Je comme deux ombres
Qui reviennent toujours au pied du même mur

Quelle belle image !
Je ferai attention désormais à ne pas marcher sur les ombres endormies dans un pli du brouillard.

Un très beau texte Z...sur lequel j'ai du mal à dire quelquechose d'autre que: FOrt!

Dire ce que l’on ressent, sans prendre les gens de haut, car morts ou vivants, un corps qui tombe fait un trou dans le sol (après son trou dans l’air) et vaut mieux pas être dessous à ce moment-là.

Dam.

J'avais envie de voir notre propre ombre danser d'un côté alors que nous sommes assis de l'autre.
J'avais envie de voir nos mémoires renfermer des secrets que même nous ignorons.

J'avais envie de voir le futur alors qu'hier est encore là trop présent.

J'avais envie de dire

"Deux qui ne sont que la même personne "Nous" !

Une belle métaphore sur cette dissidence, cette résistance qui commence à s'affirmer dans plusieurs pays du monde occidental. On s'organise dans l'ombre pour mieux exploser en pleine lumière.

Deux en un pour l'espoir.
Deux en un pour le désespoir.
Deux en un pour le doute.
Deux en un pour les certitudes.

Les mots sont ici des miroirs qui renvoient les images des ombres, les vapeurs des mirages, les échos du silence.
Des mots pour dire ce que la lutte déclasse.
Et un titre superbe !

Nilo, dialectique de l'entame.

Les révolutions viennent du peuple 'd’en bas’, mais il y a toujours une implication de l’élite, les intellectuels, les artistes. Un ensemble qui se tient bien...

Dam.

Un texte remarquable, des images saisissantes.