Le lièvre à la torture

Un jour que passait l’intuition
Sur la route de la raison
La logique, à son habitude
Enfonçait de plates certitudes :

L’intuition la prend à parti
Et lui oppose ses avis.
L’argutie tournant en bataille,
Du haut de sa petite taille
La logique vient à parier
De qui arriverait premier
Tout au sommet de l’éminence
Que l’on devinait à distance.

L’intuition ne s’en laisse dire
Et ne tarde pas à courir.
La logique encore d’un pas lent
Traine sa cuirasse de raison
Que l’intuition est arrivée,
Victoire facile, affaire réglée,
Puis sans attendre sa rivale
Va gouter les trèfles du val.

Une fois terminé son repas,
Retournant alors sur ses pas
L’intuition tranquillement revient
Tandis que la logique, enfin
Passe à son tour l’arrivée,
Fourbue, poussiéreuse, épuisée.
Elle lui déclare fièrement :
«Vous avez divagué un moment,
C’est plus tôt qu’il fallait partir,
Il ne vous sert plus de courir ».

L’intuition n’en croit pas ses oreilles
Arrivée, elle, depuis un bail.
Mais la logique ne veut croire
Rien d’autre que ce qu’elle peut voir :
«Regardez donc sur le chemin
La trace de mes pas, un par un,
Alors que de votre trajet
Il n’est qu’herbe par le vent couchée »

Ainsi se moquait la logique
De la pauvre intuition dépitée,
Honteuse, rageuse et humiliée,
Avec pour seule consolation
La griserie de l’horizon fuyant
La terre qui file, et le bruit du vent.

Voilà un poème qui remet les choses à sa place.

Je ne pourrais dire si la raison est une intuition ou si l'intuition est une raison?

Mais est ce si important?

Ai je raison?

Aller je me laisse portée par mon intuition qui est que je pense.

Fort bien mené!

Trop absorbé par ces rimes voyantes je n'ai pas eu le plaisir de prendre plaisir à ta fable.
Dommage car la bataille, même perdue d'avance valait certainement qu'on y assiste.

Nilo, raison du plus fort.