Aussi fade soit-il.

Sans masques antonymes
Sans érection de l’œil et des sens
Sans folklore maboul

Lovée
Dans la simplicité vulgaire de cette chair qui tremble

Je suis la lueur des faubourgs
Aux premières nuits de Décembre
L’exploration minutieuse d’un gouffre

Hosannah pour les simples
Pour la tristesse éternelle des pierres
Ils gisent grands
Dans cette chambre noire où dansent les songes
Dans la fécondité abstraite

J’y tends le filin de leur Œil

Pour lui
J’invente la traversée amorphe
La persistance d’un souffle dans la glace
Le continuum agité d’une parade
Le paradis vraisemblable

Pour lui
Presque nue et bientôt femme
J’ouvre quelque chose d’un double-être
Le simulacre d’un orifice
L’exploitation d’un arpège

Hosannah encore pour les justes
Le verbe suranné du Beau

Comme il voyait mourir ses frères
Et s’était vu mourir, avant eux
J’invente l’éternel paradoxe
La persistance rétinienne du cri

Je suis encore
L’antichambre de toutes les postures
L’alpha railleur de la bêtise
L’oméga narquois de leurs gloires

Lovée
Dans la simplicité vulgaire de cet homme
L’âcreté du tabac qu’il expulse
Le cheminement lourd de ses hargnes
La bassesse innée de son chant

Démence raisonnable

Et s’il n’en restait moins qu’une ombre
Moins que le néant qu’il n’en reste
Comme au premier tas d’ordures
J’y serais Reine et phare pour les navires

Je ferais briller ses absences
Gronder les vacuités du monde

Hosannah encore pour les faibles
Les approchants de fin de règne
Qui n’ont que ma voix pour rêver
Ils gisent grands
Car je me tiens lovée
Au hamac creusé de leurs cernes

Sans masques antonymes
Sans érection de l’œil et des sens
Sans folklore maboul

Amorphes ensorcelés

Et je le garderai vivant
Aussi laid qu’il fût
Aussi laid qu’il sera
Aussi fade soit-il



Z 29 12 11

Une construction évocatrice, non dépourvue d'un certain charme baroque.

Un poème teinté de mystères... On retient encore une fois ce souffle inépuisable et cette voix qui en veut toujours plus. La vision est domptée comme il se doit, elle convainc aisément. Les images ondulent, les métaphores opèrent. Quelques scènes intrusives permettent une visualisation sauvage de l'évènement. Aussi fade soit-il certes mais quelle évasion ! A relire absolument !

Hosannah encore pour les faibles
Les approchants de fin de règne
Qui n’ont que ma voix pour rêver
Ils gisent grands
Car je me tiens lovée
Au hamac creusé de leurs cernes

Au hamac creusé de leurs cernes

Une fois de plus j'aime. Toujours cette écriture puissante, évocatrice et pourtant facile à lire...

Je l'avais lu des que tu l'avais posté...
mais comme souvent, je laisse murir ce qu'il m'evoque.

Un sentiment que l'ogre est toujours la, plus que jamais.

Et je le garderai vivant
Aussi laid qu’il fût
Aussi laid qu’il sera
Aussi fade soit-il

Un poème fort, philosophique, qui veut voir l’être vrai, sans ses effets, et qui s’en défend :
"La poésie et la physiologie sont les deux pôles de l'amour. »

Dam.

une lecture bien trop paranoïaque pour moi
mais c'est mon problème
il est très agréable de lire a ces heures
5.42

Bien construit en effet.
Et fort également.
Mais Dieu que c'est froid !
Je te préfère dans d'autres registres. Mais au moins as-tu l'avantage de tenter des choses nouvelles.

Nilo, ainsi soit-il.

J'avais l'impression, en lisant ton poème, que je rentrais dans un monde, un monde qui t'appartient et qu tu définis avec des mots précieux qui ne seront probablement pas interprétés comme il se doit.

Mais la qualité est bien là et peu importe le sens que la lecture nous dévoile, il faut juste se laisser porter dans le sombre pour y voir une lumière qui peut aussi être très intéressante.

Ce poème, au premier abord m'a paru compliqué mais à la relecture j'y ai trouvé ce petit + que j'aime et qui n'est autre que le voyage que je me suis construit.

Merci pour vos traces. Ce poème semble vous avoir un peu déroutés, mais l'explication est toute simple : il s'agit de la poésie qui s'adresse à celui qui la pratique. Je trouvais intéressant de la faire parler, et qu'elle revendique son interprète, alors que c'est généralement l'interprète qui la revendique.

Et elle dit : malgré sa fadeur, sa bassesse ou son pathétique, je lui serai fidèle, sans autre raison que mon bon-vouloir.

Z.