Le voyageur-errant

Le voyageur-errant
a le crâne constellé d’étoiles
son coeur bat,
harmonique de l’univers,
poussant ses pas
vers des ailleurs lointains
vers des sommets abrupts
que ne survole aucun oiseau
vers la lisière du monde,
où les buissons sont toujours
ardents
les mers toujours
recommencées,
vague après vague.

Il va vers le vivant
qui a nom instant
et se dérobe au temps,
le temps mangeur d’homme.

Le voyageur-errant
a les yeux brûlants
de soleils flamboyants,
brûle sa vie
brûle son coeur
brûle son âme,
bâtit des villes d’or
au fond des mers noires,
rit d’un monde
qui n’est plus rond
et se moque de la géométrie.

Il veille le jour
et guette la nuit les signes
et continue son errance,
feu follet, il suit les oies sauvages
dans leur mystérieuse migration,
il écoute le vent
à la pointe des arbres bleus
et ferme son coeur
aux terres d’acier
aux hommes de pierre.

Le voyageur-errant
invente la géographie du monde
et prend le maquis de l’âme,
sa boussole tenace
pointe vers d’autres chemins,
le silence l’accompagne,
et la patience.
Sa folie est sa sagesse
et sa sagesse est son voyage,
son désir jamais conquis

Il sait que demain
à jamais
s’inachève,
alors, parfois,
lorsqu’au creux d’un chemin
il rencontre une pierre
caressée de mousse
immobile et sereine,
il a comme une envie soudaine
de s’arrêter,
fermer les yeux
et sourire
à l’éternité.

Très beau texte. Difficile de passer après, comme toujours sur les choses dont la subtilité et la force s'équilibrent, pour former une poésie achevée, même si 'demain s'inachève'.

Avec une belle maîtrise du vers court, utilisé, dans les retours à la ligne et dans l'exposition des mots, avec justesse.

Z.

Le voyageur-errant
a le crâne constellé d’étoiles
son coeur bat,
harmonique de l’univers,

les mers toujours
recommencées,
vague après vague


il écoute le vent
à la pointe des arbres bleus
et ferme son coeur

l sait que demain
à jamais
s’inachève,
aux terres d’acier
aux hommes de pierre.


Quelle belle poésie !!

Chantal Admirative

Sans commentaire qui figerait ce " voyageur "

Un pas après l'autre l'horizon est toujours inaccessible.

Nilo, le pauvre erre.

Encore une belle envolée ! Tout n'est que poésie ici, ça fait du bien !

Le voyageur-errant
invente la géographie du monde
et prend le maquis de l’âme,
sa boussole tenace
pointe vers d’autres chemins,
le silence l’accompagne,
et la patience.
Sa folie est sa sagesse
et sa sagesse est son voyage,
son désir jamais conquis

Ou le mythe du juif errant...

Une belle maitrise de la forme et une profondeur du fond. Trés réussi et à lire et relire...

Swann,

En marche ou en immobilité l'homme est sur un chemin d'éternité.

Cet homme est tout homme qui prend le temps de respirer et de voir...

... et cela est fort bien dit, ici, en poésie !