Xa.

A toi mon cœur, la couleur de mes songes, Rouge.
Fruits de son, pommes à la peau d’ambre et lustrée
Tes cheveux qui m’empêchent de voir (et penser) -
Un Titan au plafond met des lanternes rouges.

Sens-tu le mur d’eau ? Il fait une paroi verte,
Et le songe s’y love, ému, comme un fœtus !
Premier souffle, depuis son énorme sinus
Et sur mon corps épais dorment tes mains expertes.

Corolle vulgivague, ôte-toi de mon suc !
Toi Titan, allume ces lanternes chinoises !
Au son des carillons, une coupe d’Ambroise !
Ton ventre s’est posé, juste au creux de ma nuque.


Hiyay ! C’est le moment du concert maintenant !
Enfumez-moi cet air ! Arrêtez-moi ce temps !
Les corps sont roulés sur le sol comme des renards.
Le goût de tes chaleurs m’étourdit dans le noir…

Enfin ! Que se passe t-il avec exactitude ?
Le Titan met un beau bazar, il est Tombé.
Chimères, tricheurs ! Joueurs de cartes et de dés,
Au pieu ! Il est venu, le temps de l’interlude.


A toi mon cœur, toi et tes hanches qui me giflent !
Notre rond, notre songe, il est tout vert, tout rouge.
Je suis un chiot. Tu as des petits cris de louve.
Les années veulent nous séparer, nous reniflent -

Ne les écoute pas. Tends l’oreille à mes songes,
Ils font chanter les carpes et danser les galets,
Dans un champ d’anémones, elles sont vertes-rouges,
Elles ont des saveurs d’encens, de giroflée.


Je t’entends parfois, quand tu dis « non » dans tes rêves…
Avec ton corps, noir, blanc, bleu, rose... mon silex !
Ton front qui s’est crispé, ta bouche qui se vexe…
Oserons-nous, Amour, oserais-je, oserais-je ?

Le dérégler complètement, le réveil fou ?
Souvent, je m’assieds sur le lit, je vois que bougent
Les aiguilles (tordues) blanches, noires et rouges !
Le dérégler, ce temps qui nous broie les genoux !

Non, ne m’écoute pas. Tends l’oreille à mes songes,
Ils font rire à pleine voix les poignées des portes !
Ils font revenir ceux que le cadran emporte !
Non, ne m’écoute pas, et dors, petite éponge.

Ils ne sont pas pour toi, les mots de mon carquois,
Ils sont pleins d’anicroches, les mots de ma sacoche.
Foutre ! Ramenez-moi le Titan ! Où est-il !
Je vois déjà perler le chagrin à tes cils,

Tes belles paupières, tes vallons, tes yeux pairs…
Ô, ta bouche et ton nez, je les aime beaucoup.
J’aime exercer ma lyre aux accents de ton cou,
Aux palpitations de ton buste pubère,

Tes mains tremblent au vent, délicates élytres !
Tes pieds qui n’ont effleuré jusqu’ici que brises ;
La saveur de ce songe, en vérité, exquise !
Mémoire de tes chairs, un roman - un épître !

Rien n’y fait, je suis un meurtrier phallocrate ;
Je t’ai séduite, avec cette morve d’étoile,
J’ai déchiré en toi les secrets et les voiles
Et mon oeil a griffé tes plus anciennes strates.


Mais mon sexe immigré navigue en eaux nouvelles,
Tel Zeus, coureur de femmes, je vais changer de songe.
Ici, aillleurs, la couleur de mes rêves, Rouge.
Mais les rêves ça meurt. Le temps n’épargne rien.


Z non-daté.

tu l'as retrouvé?
superbe poème, mon Z préféré, dédié à ma Xa préférée ...
Yzaé, "belle-maman" touchée ....

Beau poème ouvré en l'honneur d'une bien jolie jeune fille. J'applaudis aussi bien l'un, que l'autre.

Leocade, De Darcy à Bingley.

P.-S. en parlant de "buste pubère", tu veux dire?

je sens ici ou là des micro-fissures dans la rime,
comme un rêve de liberté, face à des eaux en crue,

comme un désir de désordre primal qui va sans le dire...

mais ça va mieux en le disant alors je le dis

affectueusement

ez (objecteur de conscience)

J'emboîte le pas d'Ez... quant à ces tremblements dans la forme qui jouent, déconcertants, à nous déconcentrer.
Mais te connaissant je ne peux les supposer fortuits, je les prends donc comme l'image de tes hésitations, ton trouble, ta fièvre face à celle que tu décris.

Et je te redis mon plaisir à te lire.

Nilo, rouge aussi.

ps, pour Nilo :
d'accord avec toi, connaissant Z, ça ne peut qu'être volontaire ...
ps, pour Leocade, Darcy et Bingley ...il ne l'a pas lu ...
je lui prêterai ...mais je ne suis pas sûre que ça lui plaira !!!

Et bien moi , pour changer (je sais y'en a marre) , mais j'aime te lire dans cette liberté la, ce petit grain de folie et de fantaisie que t'apporte l'amour de ta belle ...
Ca respire la vie, le désir, le" vivant" et c'est bon !

A Léocade : à ton avis ?

A Ez et Lalou : il est différent, effectivement. Il est venu comme ça.

Merci pour toutes vos traces sur ce texte.

Z.

Date d'Avril 2008 environ. Je suis la seule mémoire quand tu es bien plus.

Xa, touchée.

oui les micro-fissures...

++
Jeoffrey Stiernon

Opération : Je fouille

Un texte qui, en effet pourrait paraitre différent, mais ceci dit, il est chargé de ces images que tu as le don de faire naitre et qui sont bien souvent la clé de mes émotions à la lecture de tes écrits.

Je suis contente d'avoir fouillé et d'avoir eu la main heureuse.

Macadébutant, je découvre ce poème puissant, évocateur, passionné, sensible, émouvant.