Sagesse

Je ne suis plus en guerre. Je n’ai plus de grandes colères. Désormais, je sais à quoi m’en tenir, au sujet des hommes et de la marche du monde. Avec les Idéaux et les dernières naïvetés, ma colère s’est enfuie, et ma créativité aussi. Déserteurs ! -On écrit toujours contre -mais maintenant je ne suis plus contre personne, ni contre rien… je m’en fous. Et c’est ce qui me mine, ce qui me tétanise. La tranquillité à laquelle j’aspirais est une sape, sournoise, comme toutes les sapes. Ma sérénité de putain de vache sacrée me paralyse, me tue à petit feu plus sûrement que le cancer, je me survis à moi-même comme un ravi de la crèche. Je me dégoûte bien un peu, mais je me comprends surtout. Comment m’en vouloir ? Mon apparente bienveillance devrait au minimum me faire baver de rage… En place de quoi je me satisfais de mes petits arrangements avec la société, de mes petits agencements avec la famille, de mes petites compromissions amicales… Je suis un type sociable… qui se contente de, qui fait avec, ersatz, palliatifs, pilules du lendemain pour aujourd’hui, et demain on en rachètera…

Mais je ne veux pas finir stérile ou pire, à composer des haïkus sur les oies sauvages ou à peindre des aquarelles du dimanche… La trentaine m’a apporté l’affreux rire de l’idiot. Je dois immédiatement retrouver la clef de ma rage ancienne où je reprendrais peut-être goût à la haine.

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Deux paragraphes poussifs, pas un cahot, pas une envolée, mais où tremper mon verbe pour le durcir à nouveau comme une trique ?

Je suis devenu tellement convenu, tellement lisse, que je dois résister, je suis même tenté de justifier la première partie, qu’elle présente bien au moins…

Est-ce le confort ou la survie ? Ai-je déjà laissé ma peau quelque part ?

L’aurais-je vendu sur le chemin de l’emploi, de l’insertion ? à moins que je ne l’ai oubliée dans un bobinard ?

Et ma langue de sourd mort-né, d’handicapé ? collée sous une semelle ? coincée dans un rectum ?

J’enfile les images convenues, comme d’autres enfilent des perles…

Mûr pour un club d’écriture !

MAIS QUE QUELQU’UN ME TRANCHE LA GORGE, BORDEL !

AU MOINS, LE GARGOUILLIS SERA UN PEU PLUS RICHE QUE ÇA !

Je songe à une Guerre de droit ou de force, de logique bien imprévue.
C'est aussi simple qu'une phrase musicale.

A.Rimbaud

Cette Guerre totale est à nos portes. Nous allons devoir choisir notre camp sans compromis. Ce sera le choix de la Vie ou celui de la Mort...

On peut asseoir La Beauté sur ses genoux, d'accord. Encore faut-il - en tant que poète- commencer par la rechercher. A te lire, Soomiz.

Qui parle de Beauté ?
Certes, Rimbaud, même s'il donne à celle-ci un sens bien particulier, plus particulier encore que celui de Baudelaire...
Qui prétend que le poète doit rechercher ceci ou cela ?
Qui est poète ? Qui ne l'est pas ?

La seule chose qui m’intéresse, c'est la langue et ses effets. Le sens et la performance.
Pour le reste...
Avouons-le, ce texte n'est pas terrible, il tente maladroitement de renouer avec un passé.
Propos auto-réflexifs, mélancolie d'une époque ou la perception du monde m'était insupportable.
Le pire de tout, c'est l'indifférence.

Ce qui m'a vraiment plus dans ton texte, c'est cette façon d'employer des images
pour décrire ce que l'on choisit de traiter.

Le passage de la personne "haineuse" à la personne "qui s'en fout"
et bien j'aime parce que justement, je fais partie des gens qui s'en foutent.

" Mon apparente bienveillance devrait au minimum me faire baver de rage"
"Je dois immédiatement retrouver la clef de ma rage ancienne où je reprendrais peut-être goût à la haine."

Aller se prendre la tête pour des choses auquelles on est impuissant
et ben ça rien à rien ( c'est pour ça que je n'ai plus de TV depuis 10 ans)

Mais il y a aussi l'écriture qui est mise en valeur
Cette écriture qui parfois est automatique ( ce que j'aime bien)
et qui NOUS dévoile parfois dans un domaine où on a du
mal à se reconnaitre.

J'ai toujours + aimé les textes "coléreux" que les textes "d'amour"
parce qu'un amour c'est dur à partager voir même impossible
Je veux dire par là que l'amour que l'on ressent ne sera jamais
facile à décrire. Il m'a toujours été difficile d'entrer dans un poème
d'amour.

Par contre , la haine se lit mieux, s'exprime mieux, se partage mieux.

Je ne suis pas une coléreuse, je n'aime pas la haine, mais
si un texte fait monter la colère jusqu'à la haine, j'entre dedans
avec moins de difficultés.

Et y a aussi "les gros mots" je sais, c'est pas bien
mais qu'est ce que j'aime ces gros mots

Bien contente de t'avoir lu(e)

Quelque part, l'écriture doit déranger (en cela je salue ce texte).
Parfois, elle vient pour secouer la torpeur, qui est la pire des choses qui puisse arriver à l'homme, car elle l'éloigne du mouvement de la vie.
Parfois, elle vient pour dissiper un chagrin...
Et quand elle chante l'amour, dans l'authenticité du vécu, ce n'est pas banal et jamais vulgaire.
L'aquarelle du dimanche, je n'aime pas... pas plus que la peinture à l'huile ou l'acrylique traitée de façon insipide...
Il faut toujours se mettre dans une situation instable, quoi que l'on choisisse de faire. Cette instabilité peut se vivre dans la création... et j'aurais bien des choses à dire à ce sujet. On a dit récemment que la diversité de ce que je présente, révèle d'un esprit d'ouverture et de pratique non figé — ce qui est, m'a-t-on précisé, assez peu courant. Ah, mais c'est que si ça devait être figé, je ne le ferais plus ! D'accord, je ne vends rien, mais je suis dans une dynamique de création que je revendique et que je ne connaissais pas à 30 ans, je ne connaissais alors que le don de moi.
À plusieurs moments dans la vie on éprouve le besoin de bousculer l'habitude qui nous menace... Bousculons ! On ne sait pas exactement ce vers quoi nous devons tendre, mais de coup de rage en coup de rage les choses se précisent... je le sais plus maintenant qu'à cinquante ans... alors bon courage !
(en matière d'écriture mon éditeur de poésie m'a dit récemment qu'il aimerait que je creuse... mais cela ne me correspond pas... je donne des coups de pieds dans la fourmilière de mes anciens écrits dans l'espoir de découvrir autre chose... à la recherche du neuf, de l'insolite)

Une méditation intéressante, et chargée d'émotions.

J'ai déjà répondu génialement ailleurs... Je vais quand même pas me répéter!!