De l'eau au moulin

De l'eau au moulin


Face au moulin de pierre,
Le long du chemin qui court sur la digue,
J'ai mesuré l'étendue de ma retenue.
Le trop plein par le bief en dit les mots timides
nécessaires à la survie.
Ils chantent ma ritournelle
Comme le bruit d'une aile l'oiseau
Et le vent la forêt.
Sur le bord de l'étang,
J'ai cueilli quelques brins de saule,
Elle sait en faire des couronnes où piéger les rêves mauvais.
A elle, à elle seulement,
Je montrerai la vanne par où l'eau libérée,
Emportant des taches de ciel limpide
Et les flammes des buissons au soleil rasant,
Viendra éveiller mes rouages endormis,
La meule où moudre le grain.
Le blé sera mon affaire,
Le pain, nous le ferons ensemble
Au fourneau des complicités.
A notre table, enfants, voisins, parents, amis,
mangeront plus que la mie chaude.
Sur les grandes pierres rondes du champ,
Sous les arbres de mousse,
Nous laisserons des offrandes aux oiseaux,
formes tangibles du peuple des bois, des landes et de nos vies d'avant.
Elles leur diront le respect de leur mystère,
L'humble attachement à leur merveilleux,
Notre soin à tresser le fil de la vie
Où encore ils pourront se poser.

Moulin que les Don Quichotte jamais ne viendront assaillir !