Putain, j'ai une de ces gueule de bois ! (Chronicle)

Putain, j'ai une de ces gueule de bois ! (Chronicle)

Dédé: Salut les gonzesses, c'est Dédé.

Dédé: Putain, j'ai une de ces gueule de bois ! Je vous raconte pas.

Dédé: Ce qu'il faut que je vous raconte en revanche c'est pourquoi.

Dédé: Hier Papy m'avait demandé de rentrer de bonne heure. Alors je suis rentré de bonne heure. Fallait que je prépare le dîner parce qu'il aurait pas le temps. Y prenait des risques mais je m'en suis bien sorti. J'avais fait des œufs au jambon. Papy adore les œufs au jambon. Même qu'y dit qu'au resto y'en a jamais et que des fois il a envie que de ça quand il va au resto avec ses potes. Surtout les lendemains de cuite.

Dédé: Alors comme il devait pas avoir le temps je me suis dit que c'était sûrement parce qu'il était avec ses potes et qu'il risquait de rentrer avec une casquette en béton et que ça lui ferait plaisir de manger des œufs au jambon.

Dédé: Je me suis pas gouré. Il était bien avec ses potes et ça lui a fait plaisir. Mais il avait pas picolé. Ca m'a étonné, je lui ai demandé s'il était pas malade. Parce que moi y a que quand je suis malade que je peux aller voir des potes et pas picoler.

Dédé: Non, il allait bien. On a mangé nos œufs au jambon. Et après y m'a dit "Dédé il faut que je te parle de choses sérieuses".

Dédé: Aïe ! Que je me suis dit. J'avais sûrement fait une connerie, du genre faire trop cuire les œufs. Parce que les conneries c'est assez habituel chez moi. Ca serait plutôt quand j'en fais pas que je suis pas dans mon état normal. Mais là pour avoir à me parler de choses sérieuses j'avais du en faire une vraiment grosse. C'est pour ça qu'en y réfléchissant je me suis dit que ça pouvait pas être les œufs au jambon. Surtout que ça lui avait fait plaisir que je lui en fasse.

Dédé: Alors y m'a dit de faire un café pendant qu'il mettait un disque et qu'il sortait le digestif. C'est comme ça qu'on a bu une poire en écoutant Bob Dylan. Ca c'est deux grands classique à Papy, la poire et Bob Dylan. Même qu'il a filé le virus de la poire à P'pa et celui de Bob Dylan à Maman. Chez eux c'est P'pa qui boit la poire et Maman qu'écoute Bob Dylan.

Dédé: Nous on a fait les deux en même temps. Ca aide à parler de choses sérieuses. Faut dire que Papy il y était pas allé avec le dos de la cuillère sur la poire, et que Bob y gueulait tellement fort que les voisins ont du pouvoir descendre tout le Highway 61 en même temps que nous. C'est pas que ça puisse leur faire du mal aux voisins mais ça a du les changer du rap qu'y nous balancent dans les oreilles tous les samedi soir.

Dédé: Bon, je suis pas là pour vous parler du rap des voisins mais des choses sérieuses que Papy avait à me dire. Et pour être sérieuses elles étaient sérieuses. Parce que Papy il est pas comme moi. Des fois il sait être vachement sérieux. C'est même pour ça que P'pa et Maman m'ont envoyé en punition chez lui. C'est bien simple il a attaqué en me disant qu'il en avait plein le cul de lire des conneries. Je croyais qu'il parlait de mes chronicles mais pas du tout. Non il parlait de ce qu'il lit dans les journaux. Tout y est passé, de la politique au football en passant par l'Europe, l'Europe, l'Europe (c'est comme ça qu'il a dit, j'ai pas compris pourquoi il le disait trois fois), les people et les pseudo poètes.

Dédé: Là je me suis dis que j'avais de la chance de m'en battre les couilles (ça m'a échappé) de la poésie, de la politique et du football. Papy il m'a remis un coup de poire et un autre pour lui. J'ai bien compris que c'était pas le moment de le contrarier alors j'ai bu ma poire en me disant que j'avais de la chance d'être qu'un polète parce qu'il a enchaîné sur les livres en général en me parlant de cette bande de cons qu'écrivent que de la merde (c'est pas comme ça qu'il l'a dit mais c'est ce que ça voulait dire, alors je traduis pour faire simple et que vous compreniez bien son propos) et que tout le monde encense, genre le "Da Vinci code". Je l'ai même pas lu (c'est vrai que j'ai pas lu grand chose, je connais mieux Heffner et "Play Boy" que Rousseau et "Le contrat social"), et y vaut mieux pas il m'a dit en posant sur la table "Le Pendule de Foucault" et en remettant une rasade de poire dans nos verres.

Dédé: Pendant ce temps là Dylan chantait "Hurrycane" et même si je comprends pas l'américain j'ai bien compris que ça allait bien avec sa colère à Papy.

Dédé: Après il a rajouté "quand je pense que Céline est mort sous les quolibets et les injures"… Et il s'est tu quelques instants, comme s'il avait bu sa poire un peu trop vite. J'ai pas osé le reprendre en lui disant que Céline c'était plutôt une gonzesse à mon avis et qu'il faudrait dire "morte" alors j'ai fermé ma gueule sans donner trop de crédit à son assertion.

Dédé: J'étais quand même un peu d'accord avec lui. On lit un paquet de conneries un peu partout, même dans Play Boy et le contrat social. Pour le contrat social c'est P'pa qui me l'a dit. Et P'pa y s'y connaît en contrat social, il a bossé chez Quick, c'est vous dire s'il a fallu qu'il le lise bien son contrat social pour pas se faire entuber avant de mettre ses mains dans la friteuse.

Dédé: Tiens, même moi dans le club de polésie où P'pa et Maman m'avaient inscrit à Paname j'en ai lu et entendu des conneries. Bon d'accord y m'y avaient pas mis pour découvrir le nouveau Umberto Eco, mais quand même. Ah, je l'ai ouverte ma gueule pour dénoncer les niaiseries (j'osais pas dire conneries, ça se fait pas dans un club de polésie) débitées comme du jambon (j'y reviens pour pas que vous perdiez le fil du début de ma chronicle) dans un vide-grenier à Bayonne. C'est pour ça que je me suis fait virer d'ailleurs. Je m'en fous, on peut me punir et me virer de partout je continuerai à l'ouvrir et à être d'accord avec Papy. La poésie ça devrait pas être permis à tout le monde. Qu'aux gens qui savent écrire.

Dédé: Tenez moi par exemple je l'aurai jamais mon permis de poésie, j'ai rien lu, je sais pas écrire, je dis "gonzesse" au lieu de "femme", y me faut un Bescherelle pour pas faire de fautes de conjugaison et un dictionnaire pour écrire les mots que je connais pas. Je suis pas à la veille d'écrire un poème.

Dédé: …

Dédé: Avec Papy on s'emmerde pas quand il a des choses sérieuses à dire. La poire ça aide c'est vrai, mais quand même on s'emmerde pas. Un jour faudra que je lui demande de me parler de la platitude de l'univers. Après je vous raconterai.

Dédé: On a continué à boire en écoutant Bashung. Oui Dylan avait décidé de faire une pause. Je le comprends un peu, à son âge déménager comme ça c'est pas possible. Bashung aussi y faudrait qu'y prenne soin de lui. Je l'ai vu y a pas longtemps à Paris, il avait maigri. Mais putain c'est Rock n' Roll !

Dédé: Après "Vertige de l'amour" Papy y m'a dit "Dédé faut qu'on sorte". Ah pour ça on est sorti. Façon de parler parce qu'on a été plus dedans que dehors. Des bars à putes. Papy il est sorti de temps en temps pour fumer un cigare, mais moi je suis resté tout le temps dedans. Avec les copines de Papy qui lui disaient de pas s'inquiéter, qu'elles allaient prendre soin de moi. Ah, c'est sûr elles ont pris soin de moi ! Mais ça je peux pas vous le raconter.

Dédé: J'ose pas imaginer ce que va être notre tour de France. Déjà que rien que là où on habite j'ai pas reconnu le chemin pour rentrer ce matin je vous dis pas ce que ça va être quand on sera en terre inconnue.

Dédé: Enfin bref tout ça pour vous dire que j'ai une de ces gueule de bois…


Ciao les gonzesses, c'était Dédé.