Le temps se fait discret

Le temps se fait discret


La moleskine grise
Aux bistros de quartier
Recueille éclats de rire
Et larmes dérisoires.

De rencontres fortuites
En ruptures brutales
Elle garde les traces
De douces confidences
Ou grands éclats de voix.

Et les coupes brisées,
Et les cafés brûlants,
Gravent au jour le jour
Les souvenirs du temps
Laissés en pièces jointes
Aux alcools renversés
Qui débordent des verres
Aux heures d'au revoir.

Accoudé au comptoir,
Le regard dans la bière,
Le temps se fait discret
Même aux heures de pointe.

La mémoire du vent
Dessine les contours
D'un silence prégnant
Du fond de ses risées.

La forme d'une croix
Hypothèque l'absence
Qui retourne à sa place
Sur la table bancale
De la prochaine cuite.

Dehors c'est la nuit noire.

Et si rien n'était pire
Que d'être le dernier
Quand le miroir se brise ?


Nilo.

rien n'est pire en effet que de n'avoir plus personne à qui parler, surtout bourré!
Belle atmosphère. Il ne manque que les lumières blafardes, la rue dans le noir de suie et les bruits de tables qu'on range...en espérant qu'à la maison, il reste un peu de feu dans l'âtre.

tout un univers que tu décris ici encore avec grand talent.

Je l'ai tellement fréquenté...
C'est bien la moindre des choses que je lui doive.

Nilo, ne dites rien à ma mère.

J'adore !
"Qui retourne à sa place
Sur la table bancale"

j'ai trouvé très fort le "retourne à sa place".

Le ? final m'a dérangé un peu, suis-je invité à répondre à la question ? Peut-être suis-je dérangé car je n'ai pas envie de connaître la réponse...

encore un superbe poème ...dédié aux bistrots !
qui va plaire à Dédé !!!
Yzaé

Merci à vous deux.

Nilo, discret.

Un bistrot comme le notre...
pas vraiment mais qu'importe !
Nilo c'est son domaine et le mur lui a redonné pignon sur rue.

Merci au mur alors, je lui dois bien ça. Surtout que je fais en sorte de ne jamais lui tourner le dos et que ce n'est pas toujours facile dans un bistro.

Nilo, debout au comptoir.