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"L'après mal"
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spandrell
Dam
6 participants
Macadam :: MacadaTextes :: MacadEpitres
Page 1 sur 1
"L'après mal"
L'après mal
Je viens juste de terminer un portrait que j'appelle "bleu et feu" - un autoportrait. Je ne parvenais pas à dormir (comme la nuit dernière du reste) ; je ne sais pas pourquoi - si c'est la convalescence (difficile) ou le contrecoup du mal (au coup) ? -, toujours est-il que je suis nerveux et rempli de doutes - "aide-toi, le ciel t'aidera" – j'ai quitté mon lit pour la première fois depuis dix jours. Debout en un éclair ! La tête me tourne encore encore... et je vois des paillettes argentées tourbillonner dans le noir. Mais je suis debout, enfin !
Silence, rien ; même Patoune est absent. Je descends lentement, marche après marche, pour voir si la fenêtre de la ruelle était bien ouverte. Ok.
L'escalier mille neuf cent (marches), bizarrement, ne craque pas.
J'évite une fucale des dernières tempêtes, que les Cavaliers de Mai auront amené jusque là. Cette algue brune piquée d'aluminate cristallisé, étringe m'agite grave les méninges et les guiboles suivent - c'est magique ! -, me rassure et m'a même donné faim... je vais prendre un yaourt dans le frigidaire, aux fruits de la passion. La cuillère, je sais, j'en trouverai une là-haut. Ok.
J'en profitai pour fermer la porte d'entrée que le dernier visiteur du soir avait juste tirée sur ma consigne. De toute façon, il ne pouvait en être autrement puisqu'elle était démunie de poignée avec clenche, dotée d'un seul gros verrou intérieur, doré, pour la bloquer. Ok !
J'évitai soigneusement tout contact avec l'algue vivante, à l'allée comme au retour.
Fulminate de ma chance, signe fort comme un heureux présage
Et dans l'état où j'étais, un vrai miracle !
Oh ! que ces silences sont étranges, comme si "on" devait me cacher des choses ? Mais encore une fois, je ne suis sûr de rien, et dans le doute, je choisis d'expliquer mes insomnies par ce bon vieux Jack, le Régal noir. Mais pas ce soir. Pas l'matin, pâle matin...
Au pallier je m'arrête, je regarde mon yaourt. Et je pense :
Pour ce qui est de la phrase de Woody, je ne me considère pas comme un névrosé, mais plutôt comme un passionné de l'expression. Je ne pense pas que cela induise forcément la névrose. Mais il y a problème, oui, véritablement, si je ne parviens pas à m'exprimer (quel qu'en soit la raison) ! Quand je peins, tout va bien.
(Un vulgaire caprice de gosse ?)
J'aime encore mieux ça à toute autre fée rosse...
Un hochement de tête, un sourire pincé, et j'attaque les marches du second palier, qui mènent à l'atelier.
Sur la grande étagère, ma main s'arrête sur un 30 F, débarrassé dès réception de son film plastique.
Un dernier instant de réflexion :
Enfin, je dois l'accepter, puisque les choses sont ainsi. Et je dois faire abstraction, de tout ce qui pourrait me détourner de ma voie. Forcément ! Ha ! la vilaine voix... Et je suis souvent seul tu sais ? D'autant plus que logiquement je ne devrais plus l'être. Mais bon, j'ai confiance, malgré tout. Ces silences...
En attendant, j'essaie de ne pas trop penser, et surtout de travailler le plus possible - car c'est comme cela que je reste au contact du vivant et garde la tête sur les épaules. Il n'y a que dans le travail, mon travail, que je trouve la force d'avancer véritablement. Si cela marche bien, et ça marche je te l'assure, alors je ne vais pas trop mal. Le problème, c'est que j'aspire à mieux, toujours plus, toujours mieux! Comme le chante mon aigle volant dans le dernier dessin du bloc en tulle gras lumière.
Je dois lui donner vie, encore plus d'ampleur, dans une toile de tous les espoirs ! Et avec ça, je ne peux qu'évoluer comme je le souhaiterais, et comme la logique de l'histoire l'impose. Alors patience, et persévérance. Je ne vois pas d'autres solutions pour le moment.
Je te dirai ce qu'il en est au prochain numéro, c'est à dire très bientôt. Je t'embrasse,
Dam du jour finissant
Ton frérot.
Nuit tombante
Merci de ton mot et de ton attention bienveillante, car ça aide. Je te rassure tout de suite, le mal est parti. J'espère pour toujours. Ma toile aussi... Je vais mieux d'ailleurs dans l'ensemble, comme il est vrai que depuis mon opération (et l'anesthésie surtout), j'étais tout le temps mal en point. J'ai repris la peinture depuis hier soir, avec des portraits. Un que j'appelle "bleu et feu", l'autre "Visage fuchsia-doré". Ils sont lumineux et bien expressifs, juste comme il faut et comme je voulais. Ils témoignent d'un renouveau et d'une renaissance - un peu comme le calme et la sérénité d'un paysage au lendemain d'une terrible tempête. Fraîcheur et silence ; je me sens d'attaque après ce grand bol d'air. Un peu livide mais d'attaque. La peinture seule permet cela pour moi ; et je découvre encore aujourd'hui, après quinze ans d'exercice des vertus cachées, secrètes, que je ne soupçonnais pas, forcément.
C'est à la fois la rançon de l'effort et le prix du danger (de l'inconnue) - le bien n'allant pas sans le mal, ne signifiant rien, il faut en passer par là pour le révéler. Mais je ne m'étendrai pas sur le sujet du mal. Juste ceci : accepter la souffrance, ne pas se dérober en somnolant sur ses acquis, campant sur ses illusions, les gravillons gris-blancs d'un idéal... ou s'asseoir sur des dons hypothétiques qui provoquent l'admiration de soi ou des autres - l'admiration de soi pour soi, l'idolâtrie (l'autre rit) ou la chienlit du star système - l'affreuse suffisance... accepter la souffrance, donc, et s'affirmer sans infirmer, vaincu (en dépit des apparences), parce qu'on n'est jamais arrivé.
Mais saisir sa chance au vol comme un signe du ciel, un ordre sacré, et répondre présent à l'appel du large.
Cela implique : une perpétuelle remise en cause sans se perdre en route, voilà ce qui est difficile. Un vrai risque. Un vrai danger.
Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin.
Bien à toi, ton frérot, vivant au demeurant et humain pour demain
Dam.
Je viens juste de terminer un portrait que j'appelle "bleu et feu" - un autoportrait. Je ne parvenais pas à dormir (comme la nuit dernière du reste) ; je ne sais pas pourquoi - si c'est la convalescence (difficile) ou le contrecoup du mal (au coup) ? -, toujours est-il que je suis nerveux et rempli de doutes - "aide-toi, le ciel t'aidera" – j'ai quitté mon lit pour la première fois depuis dix jours. Debout en un éclair ! La tête me tourne encore encore... et je vois des paillettes argentées tourbillonner dans le noir. Mais je suis debout, enfin !
Silence, rien ; même Patoune est absent. Je descends lentement, marche après marche, pour voir si la fenêtre de la ruelle était bien ouverte. Ok.
L'escalier mille neuf cent (marches), bizarrement, ne craque pas.
J'évite une fucale des dernières tempêtes, que les Cavaliers de Mai auront amené jusque là. Cette algue brune piquée d'aluminate cristallisé, étringe m'agite grave les méninges et les guiboles suivent - c'est magique ! -, me rassure et m'a même donné faim... je vais prendre un yaourt dans le frigidaire, aux fruits de la passion. La cuillère, je sais, j'en trouverai une là-haut. Ok.
J'en profitai pour fermer la porte d'entrée que le dernier visiteur du soir avait juste tirée sur ma consigne. De toute façon, il ne pouvait en être autrement puisqu'elle était démunie de poignée avec clenche, dotée d'un seul gros verrou intérieur, doré, pour la bloquer. Ok !
J'évitai soigneusement tout contact avec l'algue vivante, à l'allée comme au retour.
Fulminate de ma chance, signe fort comme un heureux présage
Et dans l'état où j'étais, un vrai miracle !
Oh ! que ces silences sont étranges, comme si "on" devait me cacher des choses ? Mais encore une fois, je ne suis sûr de rien, et dans le doute, je choisis d'expliquer mes insomnies par ce bon vieux Jack, le Régal noir. Mais pas ce soir. Pas l'matin, pâle matin...
Au pallier je m'arrête, je regarde mon yaourt. Et je pense :
Pour ce qui est de la phrase de Woody, je ne me considère pas comme un névrosé, mais plutôt comme un passionné de l'expression. Je ne pense pas que cela induise forcément la névrose. Mais il y a problème, oui, véritablement, si je ne parviens pas à m'exprimer (quel qu'en soit la raison) ! Quand je peins, tout va bien.
(Un vulgaire caprice de gosse ?)
J'aime encore mieux ça à toute autre fée rosse...
Un hochement de tête, un sourire pincé, et j'attaque les marches du second palier, qui mènent à l'atelier.
Sur la grande étagère, ma main s'arrête sur un 30 F, débarrassé dès réception de son film plastique.
Un dernier instant de réflexion :
Enfin, je dois l'accepter, puisque les choses sont ainsi. Et je dois faire abstraction, de tout ce qui pourrait me détourner de ma voie. Forcément ! Ha ! la vilaine voix... Et je suis souvent seul tu sais ? D'autant plus que logiquement je ne devrais plus l'être. Mais bon, j'ai confiance, malgré tout. Ces silences...
*
En attendant, j'essaie de ne pas trop penser, et surtout de travailler le plus possible - car c'est comme cela que je reste au contact du vivant et garde la tête sur les épaules. Il n'y a que dans le travail, mon travail, que je trouve la force d'avancer véritablement. Si cela marche bien, et ça marche je te l'assure, alors je ne vais pas trop mal. Le problème, c'est que j'aspire à mieux, toujours plus, toujours mieux! Comme le chante mon aigle volant dans le dernier dessin du bloc en tulle gras lumière.
Je dois lui donner vie, encore plus d'ampleur, dans une toile de tous les espoirs ! Et avec ça, je ne peux qu'évoluer comme je le souhaiterais, et comme la logique de l'histoire l'impose. Alors patience, et persévérance. Je ne vois pas d'autres solutions pour le moment.
Je te dirai ce qu'il en est au prochain numéro, c'est à dire très bientôt. Je t'embrasse,
Dam du jour finissant
Ton frérot.
Nuit tombante
Merci de ton mot et de ton attention bienveillante, car ça aide. Je te rassure tout de suite, le mal est parti. J'espère pour toujours. Ma toile aussi... Je vais mieux d'ailleurs dans l'ensemble, comme il est vrai que depuis mon opération (et l'anesthésie surtout), j'étais tout le temps mal en point. J'ai repris la peinture depuis hier soir, avec des portraits. Un que j'appelle "bleu et feu", l'autre "Visage fuchsia-doré". Ils sont lumineux et bien expressifs, juste comme il faut et comme je voulais. Ils témoignent d'un renouveau et d'une renaissance - un peu comme le calme et la sérénité d'un paysage au lendemain d'une terrible tempête. Fraîcheur et silence ; je me sens d'attaque après ce grand bol d'air. Un peu livide mais d'attaque. La peinture seule permet cela pour moi ; et je découvre encore aujourd'hui, après quinze ans d'exercice des vertus cachées, secrètes, que je ne soupçonnais pas, forcément.
C'est à la fois la rançon de l'effort et le prix du danger (de l'inconnue) - le bien n'allant pas sans le mal, ne signifiant rien, il faut en passer par là pour le révéler. Mais je ne m'étendrai pas sur le sujet du mal. Juste ceci : accepter la souffrance, ne pas se dérober en somnolant sur ses acquis, campant sur ses illusions, les gravillons gris-blancs d'un idéal... ou s'asseoir sur des dons hypothétiques qui provoquent l'admiration de soi ou des autres - l'admiration de soi pour soi, l'idolâtrie (l'autre rit) ou la chienlit du star système - l'affreuse suffisance... accepter la souffrance, donc, et s'affirmer sans infirmer, vaincu (en dépit des apparences), parce qu'on n'est jamais arrivé.
Mais saisir sa chance au vol comme un signe du ciel, un ordre sacré, et répondre présent à l'appel du large.
Cela implique : une perpétuelle remise en cause sans se perdre en route, voilà ce qui est difficile. Un vrai risque. Un vrai danger.
Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin.
Bien à toi, ton frérot, vivant au demeurant et humain pour demain
Dam.
Re: "L'après mal"
Superbe Dam!
ta lettre est remplie de détails, de profondeur tu dis des choses tellement bien exprimées.
Ce qui me vient c'est : ta lettre est belle, mais pas dans le côté minimaliste.
La peinture et l'écriture vont vraiment bien ensemble et tu nous en fait une belle démonstration.
tout en retenue dans une atmoshère un peu surréaliste non? (je en suis pas très expert mais je le ressens comme ça).
A une prochaine lecture.
ta lettre est remplie de détails, de profondeur tu dis des choses tellement bien exprimées.
Ce qui me vient c'est : ta lettre est belle, mais pas dans le côté minimaliste.
La peinture et l'écriture vont vraiment bien ensemble et tu nous en fait une belle démonstration.
tout en retenue dans une atmoshère un peu surréaliste non? (je en suis pas très expert mais je le ressens comme ça).
A une prochaine lecture.
spandrell- MacadAccro
- Messages : 573
Date d'inscription : 14/09/2009
Re: "L'après mal"
Oui Spandrell, le surréalisme, ou fantastique, ou ce que j'appelle aussi plus largement "l'autre monde" est présent comme une apparition dans mes textes et dans la peinture aussi, c'est "l'inconscient qui travaille". Je ne le fais jamais sciemment et exprès, disons volontairement pour développer un genre plutôt qu'un autre. Disons que c'est naturel et je n'oppose pas de barrières, question de confiance et surtout de ne pas compliquer inutilement les choses. J'avance ainsi c'est vrai, sans me retourner.
Sans regret surtout, car j'en tire une excitation curieuse de ces curiosités voire même de l'exaltation !
J'observe et je note, comme l'occasion m'en est donnée, que ce qui est dit n'est plus à dire, et que les choses continuent de s'exprimer en perpétuel et naturel renouvellement.
J'observe aussi que dans cette continuité, cette ligne expressive au plus près de moi-même et des réalités vécues, il y a eu des ruptures, des cassures, voulues ou imposées, et que cela est un tout assumé qui porte un nom : évolution.
Dam, humble par la force des choses.
Sans regret surtout, car j'en tire une excitation curieuse de ces curiosités voire même de l'exaltation !
J'observe et je note, comme l'occasion m'en est donnée, que ce qui est dit n'est plus à dire, et que les choses continuent de s'exprimer en perpétuel et naturel renouvellement.
J'observe aussi que dans cette continuité, cette ligne expressive au plus près de moi-même et des réalités vécues, il y a eu des ruptures, des cassures, voulues ou imposées, et que cela est un tout assumé qui porte un nom : évolution.
Dam, humble par la force des choses.
Re: "L'après mal"
une "tranquillité" du style qui cache ?, qui ne cache pas ? oui cela m'a plut. je referai une lecture
marc- MacadAccro
- Messages : 787
Date d'inscription : 03/09/2009
Re: "L'après mal"
Oui Marc, je devais être un peu dérangé. Je le suis toujours, je te rassure ; la seule différence maintenant c'est que j'en suis bien conscient. Ce qui ne change jamais c'est que ça continue...
Dam.
Dam.
Re: "L'après mal"
Je ne m'étais pas arrêté ici en son temps, et d'autres avec moi ont raté cette étape. Cette opération Missing me permet une halte, et une belle lecture.
Nilo, Figures dans le Paysage...
Nilo, Figures dans le Paysage...
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: "L'après mal"
Oui, une belle lettre et quelle lettre ! pas des moindres, celle d'un peintre avant tout.
_________________
LaLou
Re: "L'après mal"
Merci Lalou de le dire et de me le rappeler. Quand tu me disais sur un poème "c'est maintenant !" et bien, c'est maintenant "maintenant" ! Tu vois comme c'est long ?
Dam.
Dam.
Re: "L'après mal"
J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Sixième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
Re: "L'après mal"
Faire remonter ça, moi, ça m’aide. Car je me lis parfois mais ce n’est pas pour moi. Et je n’ai pas honte de le dire. Merci Nilo.
Dam.
Dam.
Macadam :: MacadaTextes :: MacadEpitres
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