Les gris du ciel d'Ostende

Les gris du ciel d'Ostende


Et pourquoi faudrait-il
Ignorer mes errances
Et taire mes erreurs,
Mes longues nuits d'alcool
Et de femmes trop belles,
Mes mensonges tissés
De vérités défaites,
Mes mots jetés en l'air
Ballons rouges de gosse,
Miroirs aux alouettes,
Coups de pieds à la lune
Et caresses au soleil ?

J'ai connu des gens bien
Qui n'en avaient pas l'air,
Des poètes maudits,
Des ivrognes aussi sages
Qu'ils étaient indécents,
Des bandits, des voyous
Et des enfants perdus
Avec qui j'ai joué
A des jeux interdits
Où mes ailes brûlaient
Dans le feu des enfers.

Je me suis embarqué
Sur des coques de noix
Pour braver l'océan
Des amours sans partage.
J'ai ramé le désert
Des pétales de roses
Pour trouver dans le sable,
Orpaillant l'impossible,
Les restes oubliés
Par les trafiquants d'armes
De diamants improbables
Et brassé tant de vent
Au chevet des tempêtes
Que j'ai gardé le goût
Sur ma langue meurtrie
Des sels qui cicatrisent
Et torturent à la fois.

A la cire perdue
De mes ailes d'Icare
J'ai coulé les statues
De tant de Commandeurs
Que j'ignore toujours
Le prix de mes victoires,
Et celui des défaites.

Je n'ai su rapporter
De tous ces grands voyages
Que quelques grains de sable
Et des gueules de bois
Mais j'ai des souvenirs
Pour quelques vies encore,
Les mots dits, les sanglots
Des poètes d'alcôves,
Les poèmes d'alcools
Des voleurs d'émeraudes
Aux yeux cernés des filles
Accoudées au comptoir
De mes nuits Rock n' Roll.

Et puis dans mes yeux verts,
Qui voient de l'intérieur
Les gris du ciel d'Ostende,
Viennent se refléter
Tant de rires d'enfant.


Nilo.

Et pourquoi faudrait-il ..... ?

en effet, pourquoi....surtout lorsque tu nous le dis ainsi Nilo et que...

.." dans mes yeux verts,
Qui voient de l'intérieur
Les gris du ciel d'Ostende,
Viennent se refléter
Tant de rires d'enfant."


Franchement puissant!

Ce cri poétique, aux accents de rédemption, teinte à mes tempes et me parle vraiment.
Dam salue l'Artiste !

Ce texte a du être un plaisir à écrire, en tout cas à la lecture, c'est un régal, de la mélancolie chargée d'énergie, voilà, c'est ça qu'on veut!
ça donne envie d'ouvrir une bière et de relire...d'ailleurs...

C'est beau et... poignant !

ils ont tout dit, ceux qui t'ont lu avant moi ...
encore un grand moment de plaisir
merci
Yzaé

Lalou,
Et pourquoi faudrait-il ..... ?
Pour rien.
C'est une question comme une autre à laquelle j'avais une réponse toute faite que je vous ai livrée.
Merci à vous.

Nilo, l'absence de fin justifie aussi les moyens.

Du pur Nilo que j'ai fait tomber du mur !

C'est mon matin Nilo apparemment. ( et je ne choisis pas...c'est le hasard)

Mais sans regret...

Sylvie

lu et aimé
c'est tout
ça se passe d'explication

Merci à vous deux.

Nilo, Et au Mur.

C'est ça un vrai poète pour moi,
les tripes remuées
l'émotion qui saisit, instantanée,
comme des miettes de parmesan sur le bout de la langue.

J'ai pas juste aimé... ça m'a scotché, et laissé sur le macadam..

.
à Ostende, j'aime Gibraltar
Ces rochers qui s'ingénient
A me faire du plat....

Un très bon poème. Les derniers vers sont magnifiques.
Un poète qui "voyage" sait nous retranscrire le monde avec tant de force et de sensibilité.
Un grand merci.

Comme d’habitude un parchemin déroulé d’un morceau de vie, peuplé - et comment peuplé ! – des passages, des rencontres et des souvenirs

J'ignore toujours
Le prix de mes victoires,
Et celui des défaites.

Un aveu très déterminé par sa franchise.

Solweig, loin d'Ostende

Je suis confus, et m'en retourne dans les brouillards des bistros du port.

Nilo, sur la pointe des pieds.

Pas pour longtemps Nilo car tu le sais, on ne prête qu'aux riches et de la richesse la il y en a !
Je n'ajouterais rien à mon premier commentaire a part que je relis tous ces textes avec vraiment grand plaisir.

Et voila, celui là, je l'avais lu et relu sans mettre un mot...Et dire qu'il méritait mieux!

Swann,

Certainement beaucoup de travail et de recherche et de réécriture pour arriver à ce texte épuré, mais comme dans un tableau fini, on ne voit plus les ébauches ni les reprises, la trame disparait et ne reste que le beau !

Et puis dans mes yeux verts,
Qui voient de l'intérieur
Les gris du ciel d'Ostende,
Viennent se refléter
Tant de rires d'enfant.

Comme c'est doux ce passage qui sert de fin à une histoire où les nuits rock and roll se mêlent aux vérités défaites...

Impressionnante construction.

Quel plaisir de le relire!
Swann,

oui, pourquoi ne faudrait-il pas l'écrire, qu'a Ostende  aussi on bande, quand les mots sont sous son ciel très beaux

Ce  poème est tellement "beau" que  je ne sais comment le qualifier, je l'adore serait le terme que je choisis  momentanément...