Le rugissement du Lion

Il l'a trainée dans la boue, jusqu'à ce qu'elle en aie plein les dents, que son sourire se fige au sol et que ses yeux se ferment pour de bon. Il en avait sans doute marre de ses regards de rapace qui voient tout ce qu'il désirait cacher. Elle n'y pouvait rien, et ça , il ne l'a jamais vu; bien trop occupé à prendre soin de sa petite paranoïa, de l'alimenter de rumeurs, d'illusions, de remords.Trop omnibulé par ses comptes bancaires,la manière dont il allait les faire pousser jusqu'à leurs majorités et manipuler habilement ces petites mains pour nourrir du bon grain ses terres, ses propriétés; son royaume.
Son aveuglement était sans doute dû aussi à un long séjour contraint dans la boue; tâché par quelqu'un d'autre. "Il" c'est eux; mais comme ils se ressemblent, elle les appelle "il"; même patrie, mêmes actions.
"Il" cherche la proie idéale; et "elle", c'est eux aussi mais version victimes ; même désolation, mêmes autodestructions. Il et elle se trouvent, s'entretuent ou s'usent.
Elle avait aimé un de ces "il", et la chute dans l'étang de miasmes n'était que plus brutale encore. Il lui avait dessiné des voiles étoilés sous les paupières et elle les avait pris pour des nuits colorées; des promesses acquises. Ses confidences rimaient aux siennes; il aurait pu être son frère.Il savait si bien jouer de cet instrument à vents qu'elle n'avait pas entendu que ce n'était qu'une sirène qui lui chantait sa perte.Et elle, inconsciente, s'attachait à croire envers et contre tous, qu'il était différent des autres "il"...

Pendant qu'elle se lave la bouche à l'eau de javel et qu'elle cligne des yeux pour tenter de regarder le jour sans que des larmes ne se mettent à couler ; "il" s'affaire, brasse de l'air, gesticule, mange l'espace pour éviter que l'espace ne le mange.
"Il" aime donner l'exemple, "elle" finira par aimer aussi.
Elle s'est réveillée un matin avec la sensation d'avoir plongé son corps dans un goudron épais et collant. Tétanisée, éclatée sur le bord d'une route qu'elle avait pris pour sa voie; elle se pinçait la joue pour sentir la douleur et sortir du cauchemar. Anesthésiée, elle ne se réveillait pas mais le cauchemar d'une vie brisée injustement restait bien vivant.
Elle ne dormait plus, confondait nuit & jour, ne mangeait plus que quelques encas imposés, fixait le plafond, n'écoutait plus personne; morte au-dedans, morte au-dehors. Elle voyait le défilé d'amis chez elle comme on regarde des proches faire leurs adieux à un défunt.

Mais le sang de ses veines n'avait pas dit son dernier mot, il affluait la pompe lui insufflant de se battre, à chaque battement, un souffle de feu la ranimait. Un jour plus jour que les autres, elle se réveilla avec un seul mot en tête " Victoire!" . Victoire sur elle et sur les "il".
Parce que "elle" n'est pas victime, parce que "elle" a décidé que "il" n'était pas bourreau; elle va reprendre les fausses notes, lui faire entendre chaque son strident les uns après les autres et elle lui demandera si "il" aime ça. "Il" finira sourd, aveugle ou libre. Qu'importe mais aujourd'hui, parce qu'il y a trop de "elle" ou de "il" victimisés et trop de "il" qui croient que pour la gloire ou l'argent, tout les coups sont permis: Elle montrera un autre exemple; celui que le pot de fer ne vaincra jamais un pot de terre armé d'un courage de mille.

Une Coma en colère (on a l'habitude). Mais d'une colère calme
Qui dit, sans un mot plus haut que l'autre.
Et c'est ce qui fait la force de ce texte. Il est "posé".

Nilo, entre les lignes.

Terrible !

et ce qui ne nous tue pas ........

Malheureusement, ton texte m'a vraiment trop parlé...mais je confirme ta chute:
"le pot de fer ne vaincra jamais un pot de terre armé d'un courage de mille."

La colère peut être saine; dénoncer, témoigner est aussi une forme de combat.-
Einstein a dit " Le monde est dangereux à vivre. Non pas tant à cause du mal qui y règne mais par ceux qui regardent et laissent faire"
La première des injustices est d'accepter qu'on vous manque de respect.

Merci Nilo pour ton regard et Lalou pour ta solidarité. Bises mes poètes

Un texte vrai qui me laisse sans voix.