Viva Zapata ! (Chronicle)

Viva Zapata ! (Chronicle)


Dédé: Salut les gonzesses. C'est Dédé.

Dédé: Viva Zapata.

Dédé: Vous pouvez commencer à chialer si ça vous dit, comme ça vous aurez d'l'avance pour le moment où ça s'ra opportun. Bon d'accord, là y a un peu comme une embrouille pasque j'vous fais un début d'chronicle qu'a rien à voir avec le titre. Ca vous déroute un peu et c'est vrai en même temps qu'ça pourrait vous faire pleurer un peu dans vos chaumières de gonzesses bien nourries et mal pensantes. Mais j'suis pas v'nu pour ça. Cest vrai si j'venais vous voir après si longtemps pour vous faire chialer vous m'en voudriez et j'aimerais pas ça. Remarquez qu'en même temps j'm'en tape que vous m'en vouliez, j'ai d'autres chattes à foutter. Me demandez pas des noms, j'dirai rien.

Dédé: Faut que j'vous fasse une confidence, j'sais bien que tous les relais d'opinion du Monde et de Navarre (ouais d'habitude on dit de France et de Navarre mais j'trouve que maintenant c'est un peu petit pour moi la France, alors j'élargis votre horizon) s'en sont déjà fait l'écho mais quand même c'est mieux si c'est moi qui vous l'dis, comme ça vous pourrez pas m'reprocher d'vous faire des cachotteries. Alors voilà, je suis d'retour de chez Mon Ami le Roi. Ouais, le Roi n'est pas mon cousin mais vu que j'rentre de chez lui avec mes couilles j'ai décidé d'en faire mon Ami. Pasque c'était pas gagné d'avance. Même que papy y m'avait conseillé d'les laisser à la maison avant d'partir. Mais ça m'chagrinait un peu d'partir sans, alors j'les ai prises avec moi. Papy y m'avait dit : "si tu tiens à rentrer avec t'as intérêt à bien fermer ta gueule". Vous m'connaissez, c'est pas gagné de m'faire fermer ma gueule. Surtout qu'avant d'partir j'savais pas vraiment ce que ça voulait dire de fermer ma gueule. J'ai jamais appris. Et ben, croyez moi, au r'tour j'sais toujours pas. Faut vous dire qu'j'ai pas eu beaucoup l'occasion d'la fermer.

Dédé: Vous y êtes déjà allés vous chez Mon Ami le Roi ? Non ! Ben allez-y d'ma part, vous s'rez bien r'çu. Si, j'vous jure. Tiens c'est pas compliqué, vous s'rez r'çu au moins aussi bien qu'si vous v'niez dans mon clandé d'Pigalle. Et pourtant, question accueil c'est c'que j'connais d'mieux mon clandé. Cigarettes, gonzesses, alcool et grenadine à volonté, et même des macarons au pineau (c'est mon grand frère qui les fait, et ils sont super bons, en plus il les vend à un prix qui a fait sa fortune et la mienne alors faut pas vous priver d'en commander) qu'on nous envie dans tous les bistrots de Barbès à Rochechouart. Ouais, ça vous paraît petit mais ça représente quand même la plus grande surface du commerce cosmopolite qu'on puisse imaginer. J'sais bien qu'ça dit pas grand-chose à vos esprits étriqués de poètes franchouillard le marketing et le commerce international mais vendre des macarons au pineau à Pigalle c'est un peu comme faire dans la merguez à Shangaï ou le couscous à Tel-Aviv. C'est mes potes arabes de Barbès qui m'ont appris que l'commerce a pas d'religion. Et depuis mon voyage en Chine j'sais bien qu'y suffit pas d'traquer les Rolex de contrebande à la douane de Roissy pour remettre à l'heure les pendules de l'OMC alors on va pas m'la faire à l'envers avec les oranges d'Israël vendues sous la mosquée de Pantin.

Dédé: Bref, j'arrive de Marrakech. Oh Putain ! C'était la première fois que j'y allais. Avec Papy et M'man j'y suis parti. Papy y connaît bien Marrakech. M'man aussi elle y était déjà allée une fois. Pour moi c'était une première. Et j'ai pas été déçu. J'vous jure que c'est mieux qu'Barbès. Bon, pour ceux qui connaissent pas Barbès c'est pas facile de comparer mais creusez vous les méninges et faites un effort d'imagination. C'est un peu votre job quand même l'imagination à vous, les poètes. Non ? J'me gourre ? Ah, j'comprends mieux pourquoi on s'comprend mal alors.

Dédé: Alors j'vais vous dire un secret d'Polichinelle, y a plus de gris à Marrakech que sur la dalle de la Courneuve. Et ben si y a un truc dont j'suis sûr c'est pas pasqu'y sont nombreux qu'y sont chiants. Au contraire. Putain, pas une seule fois on s'est fait emmerder avec M'man et Papy. Et pourtant vous savez qu'avec moi c'est pas les occasions d'avoir des emmerdes qui manquent. Faut dire que Papy m'avait prév'nu d'être parcimonieux avec les trucs du genre "travail arabe". Alors j'ai été parcimonieux, c'est pourtant pas l'envie qui m'a manqué pasque j'vous raconte pas comment le boulot il est salopé là-bas. Si t'as tout ton temps tout va bien, pas pour le résultat, seul'ment pour que ce soit fait. Si en plus t'as du pognon c'est mieux, mais ça c'est un peu comme partout alors j'peux pas juger. Mais c'que j'peux juger c'est l'résultat. Oh putain ! Faut pas être difficile. Question qualité des joints d'baignoire vaut mieux prévoir des serpillères à l'étage du d'sous. A part ça y sont vachment sympa les mecs à Marrakech. Les gonzesses j'peux pas trop en parler pasqu'on à pas l'droit d'leur parler. Vous pensez bien qu'ça m'a privé mais j'me suis adapté.

Dédé: En revanche là où c'est pas compliqué c'est pour bouffer un couscous. Ca m'a fait plaisir. Pour Papy surtout, pasque la dernière fois que j'l'avais vu à la chasse au couscous c'était à Paname et il en avait pas trouvé un. Pourtant c'était à La Goutte d'Or, un quartier où c'est quand même pas les Arabes qui manquent, y en a même qui disent qu'y en a trop, c'est vous dire si y doivent être nombreux. Et ben Papy il a pas réussi à bouffer un couscous à la Goutte d'Or, il a fini par se rabattre sur un poulet à la crème chez un algérien d'la rue Caulaincourt, c'est un comble. Alors j'me disais si y trouve pas un couscous à la Goutte d'Or on va bouffer qu'des pizzas au pays des Marrakchi. Ben non, là il en a trouvé du couscous. Remarquez qu'c'est pas les pizzas qui manquent non plus. A croire qu'y a plus de ritals à Marrakech que dans l'quartier latin. C'qui m'étonnerait.

Dédé: Si j'vous parle de pizzas c'est pas complètement un hasard. D'abord c'est vrai qu'y en a beaucoup mais aussi c'est pasqu'on nous a filé la carte d'une pizzeria (c'est juste une parenthèse que j'ouvre cette histoire de pizzeria). Et vous devinerez jamais où. Allez-y, vous pouvez essayer d'deviner, j'vous laisse une demi-s'conde. Pas plus pasque j'sais qu'vous allez perdre vot' temps et m'faire perdre le mien. Vous avez pas trouvé. J'men doutais. Alors j'vous l'dis. Accrochez-vous aux branches pasque ça décoiffe. Ca a rien à voir avec la rue Saint André des Arts, non c'est dans un truc qu'on trouve qu'à Marrakech. Un jardin planté de plein de trucs qui ressemblent à des bites. Si, j'vous jure, Papy il a fait des photos. Des bites énormes. Le Jardin des Majorettes qu'y s'appelle ce jardin, ou quelque chose comme ça. Elles doivent être menées au doigt et à la braguette les majorettes là-bas. Putain des trucs que rien que d's'asseoir dessus ça te fout le feu au cul. Bref, un jardin extraordinaire… Et donc, y a un mec là-bas qui nous a filé la carte d'une pizzeria. C'était juste pour refermer la parenthèse, pasque j'sais que si j'oublie vous allez passer le reste de vot' lecture à vous d'mander où qu'elle est cette putain de fermeture de parenthèse, alors comme je sais qu'vous êtes plus facile à perdre qu'à retrouver j'vous mets des jalons. Ca aide.

Dédé: J'vous raconte pas dans quel état j'étais en sortant du Jardin des Majorettes, ça m'a filé des idées pour mon clandé d'Pigalle. J'vous raconte pas non plus dans quel état Papy il était. Pas en sortant du jardin, non, en rentrant à Paname. Pasqu'il (j'dis "il" mais M'man pareil) a plus marché à pieds en huit jours su'l'rocher d'Gueliz qu'en un an dans son patelin. Putain y doit avoir des mollets de quart de marathonien. En plus j'les plus vu boire de flotte que dans toute ma vie. Faut dire que chez les Marrakchi si tu veux picoler une bière c'est pas gagné. Y paraît qu'c'est leur religion qui leur interdit. Putain j'ai eu d'la chance que Papy y soit né Gaulliste et catholique pasque j'm'imagine mal pas boire de bière et Papy pas de Château Margaux. Bref il a surtout bu d'la flotte. Et pas qu'un peu pasque figurez-vous qu'y fait plutôt chaud dans ce pays et que M'man et Papy y marchaient toujours en plein cagnard.

Dédé: J'exagère à peine. Mais un peu quand même. Des fois y s'mettaient à l'ombre. Pour aller faire leurs courses. Dans une espèce de supermarché bordélique pire que ma chambre. Un vrai souk, avec des allées pas plus larges que l'espace entre deux tables dans mon clandé. Mais bien climatisé. Ouais, sauf aux rayons viandes et poissons. Putain, j'vous raconte pas les mouches. A part ça c'est plutôt sympa comme endroit, et puis y a du choix. Mieux qu'chez Auchan. Et moins cher aussi. Pourtant j'vous jure qu'on arrive encore à discuter les prix, c'que personne fait chez Auchan, enfin moi j'l'ai jamais vu faire en tout cas.

Dédé: C'est marrant, y a plein d'gens bien d'chez nous qu'achètent plein d'trucs qui leurs serviront jamais à rien mais qu'achètent aussi des fausses Cartier que rien qu'à les regarder tu sais qu'elles sont fausses (j'vous parle même pas du prix) et des faux sacs Vuitton tellement grossiers qu'c'est une atteinte aux bonne mœurs douanières que d'oser rentrer au pays avec ça à la main. Ah les cons ! J'en ai même vu en train de marchander des Nike et des Adidas. Ah les cons ! Bref, j'vais pas m'étendre sur les cons pasque j'suis bien trop p'tit pour cacher toute la connerie du monde.

Dédé: Ah quand même y a un truc qu'y faut que j'vous dise. Si vous aimez pas les greffiers y allez pas à Marrakech, pasque y a plus de greffiers qu'de souris. C'est p't'être la preuve qu'y font bien leur boulot, mais putain, qu'est ce qu'y en a. Et qu'est ce qu'y sont crades. Papy il a fait plein de photos d'greffiers indigènes pour montrer à la greffière à M'man comment elle a la belle vie. Pasque question bouffe pour eux c'est pas régime Sheba, non plutôt têtes de poulets. Quand y z'ont fini y reste que l'bec et les plumes. Moi qui suis un peu délicat j'préférais rentrer becqueter à l'hôtel avec M'man et Papy.

Dédé: R'marquez qu'à l'hôtel question délicatesse j'étais pas forcément au top pasque les cons qu'achètent des fausses Cartier et des Adidas de contrefaçon y sont aussi grossiers avec la bouffe que leur manque de goût pour les belles choses peut le laisser supposer. Des vrais des gougnafiers ! Putain, ça fait peur de voir comment y s'tiennent sous prétexte que c'est à volonté. Encore une fois j'vais pas m'étendre pasque là en plus ça pue autant la bêtise qu'le poisson pas frais devant certaines poissonneries dans les souks. Mais c'est moins grave pour le poisson pas frais.

Dédé: Bon, maint'nant qu'j'ai étrillé ces cons de touristes (j'allais pas m'gêner quand même) j'vais pouvoir finir sur une note sensible comme vous attendez tant que j'en fasse. Ouais, j'vais vous parler de la beauté de cette putain de ville que si elle existait pas y faudrait l'inventer. Moi j'comprends qu'Papy y soit tombé amoureux des villes du Sud pasqu'en plus quand on tombe dedans tout p'tit comme lui y a pas grand-chose qui peut paraître plus beau qu'un lever de soleil blanc sur une ville rose, à part peut-être un coucher de soleil rose sur une ville rose.

Dédé: Houlà j'ai failli oublier d'vous parler d'la prétentieuse. Ouais c'est comme ça que j'l'ai baptisée. Enfin, baptisée, faut que j'fasse attention à c'que j'dis pasque pour parler de la Koutoubia j'suis pas sûr qu'le mot soit bien approprié. Mais tant pis maint'nant qu'il est lâché j'vais pas l'reprendre pasqu'y a plus d'place dans ma culotte (j'vous rappelle que j'suis rentré avec mes couilles). La prétentieuse donc. Mais faut dire qu'elle a les moyens de l'être. Si, j'vous jure ! Elle est belle comme tout. Toute droite et fière au dessus d'une ville "à plat". Vieille et belle comme une cathédrale. Allez savoir pourquoi j'dis ça comme ça. P't'être à cause de Papy qui m'en a fait voir beaucoup des cathédrales et qu'hésite pas à aller voir des mosquées. Même qu'il a fait une photo d'une église et une mosquée côte à côte dans une même rue. Ouais, ça existe l'œcuménisme…

Dédé: A part ça, et avant d'finir faut quand même que j'vous dise que j'suis allé faire un tour au cazingue avec M'man et Papy mais on pouvait pas y faire de photos alors vous pourrez pas m'voir en train d'faire sauter la banque. Dommage.

Dédé: Puis après j'suis allé poser mes fesses dans l'fauteuil à Churchill (c'est vous dire si j'avais d'quoi m'vautrer) au bar de la Mamounia. Ah PUTAIN, y savent vivre les Marrakchi, j'en aurais pissé du sang et des larmes. Et pour moins cher qu'dans un bistro du Trocadéro. Les Droits de l'Homme et des ours en peluche où ça va s'nicher quand même.

Dédé: Vous savez qu'vous m'étonnez les gonzesses. Y en a pas encore une qu'a osé m'demander c'que l'titre de ma chronicle il avait à voir avec c'que j'vous racontais. Soit vous êtes devenues timides en mon absence, soit vous avez pas lu l'titre (ou la chronicle, allez savoir), soir vous étiez tellement captivées qu'vous vous souveniez pas qu'j'vous avez prévenues qu'y avait une embrouille. Ou p't'être un peu des trois.

Dédé: Alors j'vais vous l'dire puisque vous d'mandez pas. Dans trois s'maines j'me barre au Mexique. Ouais j'suis l'ours en peluche le plus globe-trotter of the world.

Dédé: Et Viva Zapata.


Ciao les gonzesses, c'était Dédé.