Dessine moi un printemps

Les rouages glacés sont au point de rupture
Quand le miroir du ciel ne porte plus le deuil
D’un hiver sans geôlier serviteur de pâture
A la saison pressée de refranchir son seuil.

La châtaigne brûlante a déserté la rue,
Souvenir hivernal des frimas de Nivôse,
Elle n’est plus de mise et son troc incongru
A passé le relais au commerce des roses

Quand le baiser du vent inocule sa fièvre
A la terre plissant son manteau de sillons
Où il vient s’abreuver effleurant de sa lèvre
Le sifflement festif fredonnant sa chanson.

Je sais sur les versants le retour du berger
L’églantier strip-teaseur éclatant ses bourgeons
Les temps d’obscurité enfin désagrégés
Et l’accueil du clocher au couple de pigeons.

Les neiges éternelles écoulent des montagnes
Ces torrents bondissant leur lit tumultueux
Où viennent s’abreuver les troupeaux de Cerdagne.
L’ombre glisse au soleil l’accord d’un pas de deux

La lame de l’orage frappe à coups redoublés
L’arc-en-ciel où s’assoit la rondeur des collines
Et la pluie qui chantonne fera mûrir le blé
Accrochant des claquettes à son pas ballerine.

Jonquille tend la lèvre au baiser de l’abeille
Exquise volupté seyant aux fleurs rebelles
Portant en caraco la cape du soleil
Tordant son cou gracile aux neiges éternelles.

La belle de minuit, papillon du Dimanche
Cœur chevillé au corps s’envole à perdre haleine
Au trop plein d’insomnie où l’heure sera blanche
Aux bulles d’embellie s’emplissant d’oxygène.

L’amour vient à nouveau au bal du clair de lune
Sécher les yeux amants aux gouttes de rosée,
Cogner au fond du cœur des blondes et des brunes
Un soupçon d’érotisme et de lenteurs osées

Qui s’en vont musarder où le désir les mène
Aux confins du couloir de minuit, or qu’importe
Le printemps est un jeu pénétrant les arènes
Des clameurs attendues sur le pas de nos portes

Quand la prunelle s’offre aux éclats que paillette
Le foyer rougeoyant où dansent les flambeaux
D’une soif de plaisirs où nos yeux se reflètent
A la vague léchant l’étrave et l’étambot
Où je vais divaguant.

JLB.

Tout y est et quelle maitrise !
On ne sent pas l'effort et rien n'est trituré, ça coule et ça illumine.
et que d'images !! A rendre jaloux!

Oui, très beau.
Vivement l'été pour que tu nous en parles.

Nilo, thermidor.

J'ai bien aimé ce dessin et cette balade au coeur du printemps...

Il a un peu de mal à s'installer ces temps ci chez moi...mais y a la poésie pour remonter les T°...heureusement.

Et comme les autres, j'attends aussi ton été.

Sylvie

De jolies choses dans ce texte !
Plaisir à le lire

H.