Le prisonnier

Un homme sur la rive et dans la brume

Posé, les pieds sur l'herbe mouillée

S'enfonce tendrement, terriblement

Ecume le doute digne des grandes marées




Le doute est une feuille devenue brune

Tombant de son arbre, livide et asséchée

La descente est longue sans prévenir l'instant

Et enveloppe la terre d'un amour asexué




Il attend son bateau comme un chien fidèle

Assis au crépuscule attendrait une caresse

Il l'imagine majestueux avec de grandes voiles

S'imposant des Bermudes au détroit de Gibraltar




Que le vent finlandais porte ce drakkar sensuel

A cet ombre pâle, enivrée par l'ivresse

Ses yeux fixes, utopistes agrandissent le canal

Le héron argenté lui adresse un signal du regard




Son vaisseau approche à travers l'horizon

C'est le même qu'il avait espéré, c'est lui.

Au moment de bouger pour partir enfin

Son mouvement s'arrête net dans un frisson glacial




Sa longue attente immobile, indécise position

Alors que la nature avançait l'emprisonnant ici

Ligoté par les pieds en face de son destin

Qu'il regarde passer, se dissoudre dans le canal

J'aime beaucoup et je sais que ce n'est pas une critique.
Un personnage romantique qui se fond dans le paysage ; tout est bien rendu avec force et beauté. Je n'en dirai pas plus, mais je voyage avec cet homme pour le délier de son inaction, et de la nature qui était prête à l'accueillir. (la vie est mouvement, elle absorbe dans son mouvement l'immobilisme - une façon de le porter en l'intégrant)

J'aime l'idée, l'intention mais pour moi la forme n'est pas vraiment aboutie.
Par exemple, ici :

Sa longue attente immobile, indécise position

Alors que la nature avançait l'emprisonnant ici

Ligoté par les pieds en face de son destin

Qu'il regarde passer, se dissoudre dans le canal

ce alors que appelle une phrase complémentaire qui ne vient pas , "l'emprisonnant ici" etc ne répondant pas au " alors que".

C'est tellement bon de te suivre dans ce voyage la..en dehors du temps et de tout , sans vraiment savoir pourquoi ni comment tu nous y emmenes, on y va..
et c'est de plus, très original à mon sens!

bref, j'aime !

Voilà, on reste en mer et dans le grand voyage impossible à écrire.

Je n'irai pas à la pêche orthographique comme Coline Dé, mais de-ci, de-là quelques petites choses me gênent : "drakkar sensuel", "enivrée par l'ivresse"...
Mais ce texte est aussi plein d'une quiétude et d'un souffle agréables.

Z.

Il aurait été très "sage" de t'aventurer d'avantage dans ton texte car ça le vaut bien.

De belles images qui rappellent combien le doute peut être une prison à vie.

Sylvie

Se fondre dans son destin comme une feuille morte dans le sol humide... Belle image. On voudrait prendre son vol et on ne sait que perdre de l'altitude, inexorablement.