Eaux troubles (2)

inuvik Mar 25 Mai - 16:51

Malgré la forte et diverse présence policière sur son sol, Washington avait été durement touchée par la violence issue de l'écoulement massif de crack par les cartels colombiens dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Dès lors tristement surnommée la capitale du meurtre, la ville avait ces dernières années mis un effort particulier pour redresser la situation économique de ses quartiers et en éloigner la criminalité, utilisant parfois des moyens radicaux que les honnêtes citoyens considéraient à maints égards comme une violation de leurs droits constitutionnels. Néanmoins, le résultat était sans appel. Bien que les crimes violents soient toujours trois fois plus élevé sur son territoire que la moyenne nationale, la ville était devenue un lieu semble-t-il plus sécuritaire.

Quatre heures après avoir finit une journée déjà trop bien remplie en délits et surtout en formalités administratives harassantes, le lieutenant William Nelson du troisième district de la police métropolitaine, revenait vers sa Ford Taurus grise, un café en main, après une rencontre discrète avec un de ses indics habituels dans le dépanneur d'une station service. Tout était calme, pas de trouble en vue cette nuit. L'orage semblait avoir au-moins eu un effet positif en calmant de manière appréciable les activités illégales grouillant habituellement en surface dès la nuit tombée. Moins de clients, moins de faune, moins de trafic, moins de crimes. La loi de l'offre et la demande accordait une brève pause aux flics de service.

S'asseyant sur le siège conducteur, il allait poser le verre en carton fumant dans un des portes gobelets de la console centrale quand sa radio grésilla. Disant cyniquement adieu à ses espoirs, il donna sa position. Évidemment, il était le plus proche. Se répétant désabusé pour la énième fois que ce qui est trop beau pour durer, ne dure généralement pas, il sortit sa sirène et démarra en trombe vers l'adresse qu'on venait de lui indiquer, retenant d'une main experte son café pour qu'il ne se renverse pas.

Cinq minutes plus tard, il s'arrêta dans un crissement de pneus devant l'immeuble du Washington Post, précédant de quelques secondes deux autos patrouilles appelées en renfort. Grimaçant à l'odeur de caoutchouc qu'ils venaient de générer dans une atmosphère déjà suffisamment lourde, il échangea des salutations polies avec ses collègues en uniformes tout en sortant son arme de service, un Glock modèle 26 et se dirigea d'un pas rapide vers les immenses portes d'entrée vitrées.

Attendant debout nerveusement en faisant les cent pas dans le grand hall, essuyant de ses doigts moites la sueur coulant sur sa nuque et son visage, plaquant désagréablement sa chemise sur son corps malgré l'air climatisé, le gardien, soulagé, retourna rapidement à son bureau pour actionner l'ouverture électronique des portes. Pourquoi cela lui arrivait-il, à lui, alors qu'il était si proche de la retraite? Fébrilement, il leur ouvrit sans tarder le chemin vers les ascenseurs et grimpa avec eux jusqu'au vingt-cinquième étage, les mettant au courant de la macabre découverte qu'avait fait un homme du personnel d'entretien en allant nettoyer un des bureaux.

Attendant les secours dans un état proche de la catatonie, Lisa Keller se récitait mentalement en boucle toutes les commandes unix qu'elle connaissait pour occuper son esprit et ne pas penser au cadavre qui gisait à quelques mètres derrière elle. Le regard accroché à un point invisible sur le mur qui lui faisait face, elle fut brutalement sorti de sa torpeur par l'apparition soudaine d'un visage. Paniquée, son corps réagissant à une commande puissante de survie créée par la peur, elle balança un coup droit dans un mode d'auto-défense qu'elle ne se connaissait pas. Renversant l'homme qui tentait de se relever, elle sorti du bureau en courant après avoir enjamber le corps. Apercevant deux policiers en uniformes s'approcher d'elle, rassurée, elle combla rapidement la distance qui les séparait tout en leur demandant de l'aide. Se retournant brièvement pour leur pointer du doigt le bureau, elle vit, pétrifiée, en sortir l'homme.

- C'est lui! Cria-t-elle aux deux officiers tout en se déplaçant derrière eux en protection.

Ces derniers se regardèrent alors ahuris. Le gardien de sécurité de l'immeuble les avaient prévenu qu'ils avaient peut-être un témoin du meurtre caché sous le bureau plongé dans un état second. Selon la procédure, ils avaient laissé Nelson entrer en premier sur les lieux du crime pour faire une première évaluation, tandis qu'ils prenaient la déposition de l'homme de l'entretien responsable de la découverte et du gardien. Soudainement alertés par un bruit suspect provenant du bureau, ils s'y dirigeaient au moment où Lisa en était sorti brusquement.

Lalou Sam 5 Juin - 11:06

C'est le rattrapage de Mai de Dédé qui me ramène ici.

Juste une petite remarque, par 3 fois tu commences ton paragraphe de la même manière:
S'asseyant sur le siège conducteur,
Attendant..
Attendant..
..mais c'est histoire de chipoter! Very Happy