L'arbre en plastique

“L’arbre en plastique”

L’olivier de Tunis
Bouture réussie

Corail des Sardinaux
Rouge vermeil
Polypes blancs des nains
À cap Camara


Joyaux de ces rois
Dames des abysses
D'un bleu d'Hébron
Aux mains d'ogre et de fée
Parfois de Fatma
Ramassées torturées

Rabougries tel des ceps
Toujours bien encrées
Pieds en l'air
Vrillés sur la tête
L'auréole lactée
Silence univers
Voile molletonné
Riche nourricier
Des princes et des bêtes.

Au pied du rocher "pain de sucre"
Entouré de gorgones pourpres
majestueuses
Souples et danseuses
Pimprenelle épineuse
fleuries, heureuses
Souplesse immobile des grandes rêveuses...

Un casier abandonné
Perdu,
Dedans, la carcasse d'une langouste
Le squelette d'une roussette
Les restes d'une murène

Posée, immobile, presque invisible
La rascasse mimétique
Victorieuse d'une bataille
En ces lieux de nulle part !

Ensommeillée, les yeux ouverts
Trahie par une infime lueur
La flèche d'une grenouille noire
A vaincu l'animal
Mais la dorsale venimeuse
Vengea l'affront cupide !

Son ultime assaut !

Au palier la main en poire
Stupide, le plongeur stressé
A mal décompressé
Ventrebleu !
Et perdu la mémoire

Chapeau le crapaud !

Planque thon survolté !
Dans l'ombre du Zodiac
Grand nageur solitaire
Dans un banc de sphyrènes voraces
Carnassières de surface

Barracuda !

Le copain le hisse à bord
Boudin brûlant le laisse inerte
Comme il est loin
Son gîte top marin !
Pénéqué niquer lopette
Et rêves de grillades andouillettes

Barbecue... Bigre ! Misèrulysse !

Fini la baraka !


Le mistral s'est levé... Revenons à nos moutons

Tamaris des rochers
Fleurs d'un sang salé

Vieux Chêne de Mambré
Peau fine orangée,
Si lisse
Juvénile éternelle
Et Protectrice
L'antirouille plombé
Au fer de la tonnelle

L'armature en S
de secours
Jette un œil sous elle
Curieux

Et sous le vent,
Son aile de glycine d'ambre
Légère
Sur le carreau vermeil

Posées sur la brique tiède
Sèchent deux branches coupées
D'un rouge vivant
Comme du sang.

Il se souvient
Ce jour...
Se joue la scène encore
Toujours
Du fond de son manoir
Où nichent
L'antenne sonar du homard
La grâce du grand sar
Zébré d'Argent noir

*

Mon pari insensé
De mêler paradis fous
Des fonds non élucidés
Aux terres arides
Des Monts de Judée !


Havre de paix
Au p'tit Paradis
Les lézards, les fourmis
Et les Arts aussi !

Tribus colonies royaumes,
regardent les génoises roses...
et blanches...
Et les branches en plastique
d’une nature oubliée, immobile.
Secrète.
L’écrivaillon
arrache
le bâillon
du moribond.
Ineffable,
l’ancre à jas du galion
accoudée au crépi
fière sans y voir...
l’éléphant du musée
au squelette révélateur
la dorsale du grand Cèdre,
Éternel et serein.
Pour mortel-commun...
Le dédain.

Comme elle...

La jarre aux géraniums, espagnole
Accorde : la Jota triste
La pie dans son graillon...
Et la Villa rigole.

... La loupiote rouge qui coulisse
Sur l’antenne subulée
Du poste allumé
Rivalise mal, avec
Le rouge doré
Du tronc du Grand Cèdre

Il pensait...
“Tremp-la-Plume dans la cendre
Blanche, pour ne plus la voir
Et ne plus savoir...
Où tu vas.
“ Essuie Tout !
... Suis Zoo z’anges."


(Une voix échappée du caisson)
Standard de ta raison
Preuve de ta soumission
Sous mes yeux de bison
Affûtés, démons
Superstition
Scintillants d’Apollon
Constellation
Tu sens bien au fond
Que je suis un grillon.
Le fauve commande au lion...
Prions...
Consternation !

L‘étoile que je suis, Mon ami, tu ne peux pas...


*

Nature,
Le modèle dans mon dos
De peinture
Message dans une flaque
D’or et d’eau

La figure,
De 20

Le titre,
<< Corail luciféreux >>
... des oursins violets
nacrés d’or...

Rage à c't'heure
Du sort, du tort
Qui me tue
D’être tondu :
<< Têtu ce tordu,
au poil dru ! >>

*

Les grandes passions muettes...

On balaie les miettes
On oublie les dettes
Perd sa tête
La gâchette...

*



Dam.

Je suis Heureux de pouvoir le 1er commentaire, et j'espère, que-dis je m'épouvanterais du contraire, que bien d'autres suivront.

c'est E.N.O.R.M.E !

J'y reviendrai, c'est sûr, l'avaler d'une traite c'est bon, mais on sent qu'il en reste à mâcher.

C'est riche, foisonnant, comment dire... ça prend le rythme, ca te prend comme ça et ça te lâche qu'à la fin, quand tu te dis qu'en fait y avait pas assez à manger. Ton esprit devient gourmand, faut dire, ça déflore les papilles, ça glorifie la langue, les langes.

Même s'il me manque pas mal de références, j'ai pris mon pied.

J'ai juste bloqué sur cette strophe :

(Une voix échappée du caisson)
Standard de ta raison
Preuve de ta soumission
Sous mes yeux de bison
Affûtés, démons
Superstition
Scintillants d’Apollon
Constellation
Tu sens bien au fond
Que je suis un grillon.
Le fauve commande au lion...
Prions...
Consternation !

wow wow wow...
Bon je suis toujours passé voir tes écrits, les appréciant, mais souvent ne sachant pas quoi en dire... mais là...je ne sais toujours pas quoi en dire mais faut que je dise quelque chose^^. Il y a ces couleurs, ses odeurs en rafale, les images et les sons et tout ça coule en harmonie en toute liberté.
*****Ceci est de la poésie*******la source
Je reviendrai dans cette mine d'or.

"L'arbre en plastique"

*

Merci à vous deux.
Lc,
Cette strophe, c'est l'esprit du plongeur cupide échappé du caisson de décompression (perd sa tête = perça tête). C'est aussi pour moi une autre façon de parler DU problème (comme il ne t'aura pas échappé que j'évoque autre chose qu'une plongée sous marine, scaphandre autonome dite "sans câble").

J'ai retrouvé un livre au bout d'une étagère ; je me souviens des images, ne l'ayant jamais lu (seulement les légendes)... En voici quelques passages, pour le plaisir de ma découverte et, certainement, la votre aussi.

Ils ont mâché l'algue amère,
l'herbe à Circé...

"CABLES

"On pourrait écrire un livre, ou mieux un opéra, intitulé Câbles et y faire tenir le destin de l'homme.
Car celui-ci est exactement le géant de Swift, couché sur la terre de Lilliput. Mille liens l'y tiennent entravé, grossiers ou ténus. Il y a ceux qui laissent la marque du collier, et les autres, tant d'autres que l'on ne voit pas, tissés par l'usage, l'ignorance ou la peur.
Qu'un bûcheron surgisse et coupe un de ces câbles, et le prisonnier se lève, son corps, son esprit plus libres de se mouvoir, dans plus d'espace.
A chaque cordon de chair rompu au ventre de la mère, un enfant nu pousse le cri de vie.
A chaque amarre larguée, un navire appareille.
A présent, des plongeurs ont tranché leurs câbles aux scaphandres et aux bathyscaphes, tous deux bateaux de l'homme.
Ils ont lancé pour longtemps cet homme ébloui dans l'épaisseur vierge des mers."

[...]
"LA MER QUE TOUS OUBLIENT
"Car c'est un programme de grands travaux qu'annonce à présent, et signifie, le chant des sirènes.
Oui, que celles-ci prennent garde, et aussi les hommes... Quelqu'un a crevé nos tympans de cire, quelqu'un a tranché les cables, l'assaut de la mer a été donné.
Sur la masse entière, gigantesque des eaux, l'épervier du plongeur plane et projette une ombre sinistre. Les sirènes l'ont vu, et les dieux, et les mythes, ils commencent à fuir entre les mailles, à se rassembler aux derniers creux de l'abîme.
La mer aux trois dimensions, aux milliards de milliards de mètres cubes, aux milliards de tonnes de cellules vivantes, la mer, à son tour, va être mesurée, dénombrée, exploitée dans ses moindres replis.
Mer des hommes, mer de l'Illiade et de l'Odyssée, mer des poètes, mer de Saint-Exupéry, mer de Valéry et de Jung, des philosophes et des mystiques, des physiologistes et des psychiatres, des savants et des ignares. Mer, à présent retranchée de nos corps, mais chargée des mêmes sels, et qui pulse toujours en notre sang. Mer de nos âmes, dernier abîme insondé. Mer des chrétiens, des premiers chrétiens qui dessinaient d'un doigt tremblant, aux murs des catacombes, l'Ichtys, le signe muet de son Poisson."

"Le soir approche, et voici qu'à mon tour, après tant d'autres, je me sens comme un étranger parmi les formes dansantes de la vie, au milieu des pièges immobiles de la matière. Je suis las et j'ai soif. Ce plateau de rochers calcinés et sonores où mes pas m'ont porté, on m'a dit qu'il a été, depuis la naissance du monde, grève, rivage, fond de mer. Et sur les cailloux que mon pied heurte, naïves cartes, portulans du ciel, les coquillages déroulent encore la spirale pure des nébuleuses."
[...]
"La nuit monte, l'enfant me tire par le bras. Je sais, il faut partir.
Plongeur, avance aux bords de ta caverne, avance encore un peu, nage de tous tes membres, regarde sur les parois, parmi les ombres qui passent, si l'une d'elles s'accorde avec ton destin.
Regarde. Un homme marche vers la mer. Il se penche sur elle, mains jointes, il puise et se redresse, et l'eau fuit quand même entre ses doigts serrés. Il la regarde couler dans la lumière."

Capitaine de Frégate Philippe Tailliez (1954)
*

Plongeur comme eux, c'est mon témoignage...

Dam, dix tirs en bic !

Le corail rouge, la plongée, les toiles, les tamaris, tu nous offres la une bien belle plongée dans ton monde à toi.
J'ai cru y reconnaitre certaines toiles de toi.

Dense, très dense.
Je reviendrai.

Nilo, avec les loups.

Je rellirai.
La densité du poème et le milieu de la plongée que je ne peux qu'imaginer, rendent de multiples lectures nécessaires.
Les derniers vers terminent ce poème d'une façon qui me parle - beaucoup.

Dans le cadre de ma promotion des Morceaux de l'An 1 je fais grimper chacun des titres en haut de l'affiche.

Nilo, charité bien ordonnée.

Une belle chanson !