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Confusion dans une tasse de thé
3 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Confusion dans une tasse de thé
A aucun moment je n’ai pensé que le possible était probable, ou l’inverse certains jours. Toujours, à l’issue du spectacle un relent en bouche qui remonte insidieusement, un goût très peu aigre mais prégnant, gnangnan car collé à la peau des méfaits secondaires.
Ceci est l’héritage légitime.
Une éducation calibrée sans vergogne, et quand bien même cette dernière fusse venue que les dégâts eussent été les mêmes.
Aussi était né le rire.
De secours.
Petite roue pour véhicule prudent.
J’avance dans la pénombre à tâtons. Avec la petite roue grinçante. Nous grinçons de concert.
Elle devant, moi derrière prête à bondir.
Reculer devrais-je dire.
Bondir en arrière quitte à se briser le cul.
A peine le rideau retombé, le dernier pas retiré de la scène que le dépouillement du sujet vous prend en tenaille.
Quelles ridicules répliques, que de mots lancés sans portée ! Que de relents maigres dans nos échanges, deux trois os en pâture et puis s’en vont.
Je m’enfonce dans les coulisses inertes, sous les cintres éteints, et l’horreur délicate des jours qui passent sans fondement me saute à la gueule.
Bouh !
Me revient une réflexion d’un acteur connu, distingué, vieille France mais pas trop ; à la question vous écrivez ? Il répond sourire aux dents « oui, mais je me relis après » quelque chose de fin et de lucide dans cette phrase délicate.
Ce n’est pas Jean Pierre Marielle, c’est l’autre. Jean Rochefort.
Une réponse qui suspend notre stupidité un instant.
Et toi, tu écris ? « Oui, mais je ne me relis pas » ce qui fait que je me prends pour un écrivain.
Ah !
Tu vois, dès que tu réfléchis sur tes désirs ils cessent brusquement d’être réalité.
Un peu de sang-froid dans les rêves calme les illusions.
Je reviens sur les blessures que les échanges provoquent en nous, les gestes sans portée, les paroles pour le jeu d’esprit et ce qu’ils révèlent de nos profondeurs moites.
M’est venue la « ligne de flottaison » à ne pas dépasser entre les êtres comme si nous allions sombrer si elle se trouvait franchie.
Comme une ligne tendue à ne pas briser sous peine d’être foudroyé.
La tension, l’attention.
Homme méchant.
Nous la distillons cette parure acide de soi à l’autre, de soi à soi, de l’autre à soi, aux autres, aux faibles, aux fragiles, aux incertains, une douce méchanceté qui se termine souvent par « je plaisante voyons ».
Sésame du prêt à tuer.
En soi se lézarde une éthique vacillante, soudain nous élevons le ton, le ton au-dessus du désastre, nous perdons en perles éparpillées , les mots justes, le net, le précis qui rendrait compte proprement de ce que nous éprouvons. Tout se défile. La « ligne » est franchie. Je n’est plus un « autre » il n’est plus rien qu’une sourdine. « Je voulais dire, vous n’avez pas compris ce que je voulais dire, comment dire, euh, merde ! ».
Rideau.
Ou plutôt lent travail d’éloignement, il faut reculer, s’enfouir, prendre de la hauteur au plus profond.
Poser le rire.
Avancer en couinant que ce « n’est pas grave ».
Alors que le branle-bas de combat, l’alerte, viennent de sonner la retraite, l’on avance mécaniquement vers la parade, le paraître, le nécessaire masque de vent.
La brûlure sera pour plus tard, dans la nuit, quand les yeux décollés rougiront de ne pas nous reconnaître parmi les mille et un compromis qui nous auront égarés.
Un court instant nous resterons suspendus dans le vague sans importance, la main au-dessus du vide, flottement dans le silence préparés sans doute, et à notre insu, à transformer l’essai en absence définitive du jeu.
Pesée de nuit blanche vers 3h00 du matin
Egalement en écho aux " pensées" de Zlatko
Ceci est l’héritage légitime.
Une éducation calibrée sans vergogne, et quand bien même cette dernière fusse venue que les dégâts eussent été les mêmes.
Aussi était né le rire.
De secours.
Petite roue pour véhicule prudent.
J’avance dans la pénombre à tâtons. Avec la petite roue grinçante. Nous grinçons de concert.
Elle devant, moi derrière prête à bondir.
Reculer devrais-je dire.
Bondir en arrière quitte à se briser le cul.
A peine le rideau retombé, le dernier pas retiré de la scène que le dépouillement du sujet vous prend en tenaille.
Quelles ridicules répliques, que de mots lancés sans portée ! Que de relents maigres dans nos échanges, deux trois os en pâture et puis s’en vont.
Je m’enfonce dans les coulisses inertes, sous les cintres éteints, et l’horreur délicate des jours qui passent sans fondement me saute à la gueule.
Bouh !
Me revient une réflexion d’un acteur connu, distingué, vieille France mais pas trop ; à la question vous écrivez ? Il répond sourire aux dents « oui, mais je me relis après » quelque chose de fin et de lucide dans cette phrase délicate.
Ce n’est pas Jean Pierre Marielle, c’est l’autre. Jean Rochefort.
Une réponse qui suspend notre stupidité un instant.
Et toi, tu écris ? « Oui, mais je ne me relis pas » ce qui fait que je me prends pour un écrivain.
Ah !
Tu vois, dès que tu réfléchis sur tes désirs ils cessent brusquement d’être réalité.
Un peu de sang-froid dans les rêves calme les illusions.
Je reviens sur les blessures que les échanges provoquent en nous, les gestes sans portée, les paroles pour le jeu d’esprit et ce qu’ils révèlent de nos profondeurs moites.
M’est venue la « ligne de flottaison » à ne pas dépasser entre les êtres comme si nous allions sombrer si elle se trouvait franchie.
Comme une ligne tendue à ne pas briser sous peine d’être foudroyé.
La tension, l’attention.
Homme méchant.
Nous la distillons cette parure acide de soi à l’autre, de soi à soi, de l’autre à soi, aux autres, aux faibles, aux fragiles, aux incertains, une douce méchanceté qui se termine souvent par « je plaisante voyons ».
Sésame du prêt à tuer.
En soi se lézarde une éthique vacillante, soudain nous élevons le ton, le ton au-dessus du désastre, nous perdons en perles éparpillées , les mots justes, le net, le précis qui rendrait compte proprement de ce que nous éprouvons. Tout se défile. La « ligne » est franchie. Je n’est plus un « autre » il n’est plus rien qu’une sourdine. « Je voulais dire, vous n’avez pas compris ce que je voulais dire, comment dire, euh, merde ! ».
Rideau.
Ou plutôt lent travail d’éloignement, il faut reculer, s’enfouir, prendre de la hauteur au plus profond.
Poser le rire.
Avancer en couinant que ce « n’est pas grave ».
Alors que le branle-bas de combat, l’alerte, viennent de sonner la retraite, l’on avance mécaniquement vers la parade, le paraître, le nécessaire masque de vent.
La brûlure sera pour plus tard, dans la nuit, quand les yeux décollés rougiront de ne pas nous reconnaître parmi les mille et un compromis qui nous auront égarés.
Un court instant nous resterons suspendus dans le vague sans importance, la main au-dessus du vide, flottement dans le silence préparés sans doute, et à notre insu, à transformer l’essai en absence définitive du jeu.
Pesée de nuit blanche vers 3h00 du matin
Egalement en écho aux " pensées" de Zlatko
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Confusion dans une tasse de thé
La pertinence du propos de Ratoune que je trouve assez bien résumée dans ce
à la question : vous écrivez ? Il répond sourire aux dents « oui, mais je me relis après »
me fait penser à la précision chirurgicale de ce bon docteur Destouches, dans ce qu'on a pu lui reprocher de plus abject : l'horreur du propos. Et pourtant, dieu que souvent le propos était juste. Mais dérangeant.
Les artistes en général, les écrivains en particulier, dans l'immédiate compréhension sensitive dont l'écriture seule est capable, ont la faiblesse de toucher les cordes sensibles. Ceux qui n'ont pas la faiblesse de s'y tenir pêchent par conviction. C'est ce qu'on leur reproche. Car avoir des convictions est un luxe que les artistes peuvent de permettre. Mais rares sont les artistes.
Nombre de ceux qui pensent l'être n'ont jamais pensé rien qui s'approche de l'être.
Le véritable luxe ce n'est pas d'exhiber une Rolex, c'est de savoir la porter sans qu'on la remarque.
Nilo, qu'elle heure est-il ?
à la question : vous écrivez ? Il répond sourire aux dents « oui, mais je me relis après »
me fait penser à la précision chirurgicale de ce bon docteur Destouches, dans ce qu'on a pu lui reprocher de plus abject : l'horreur du propos. Et pourtant, dieu que souvent le propos était juste. Mais dérangeant.
Les artistes en général, les écrivains en particulier, dans l'immédiate compréhension sensitive dont l'écriture seule est capable, ont la faiblesse de toucher les cordes sensibles. Ceux qui n'ont pas la faiblesse de s'y tenir pêchent par conviction. C'est ce qu'on leur reproche. Car avoir des convictions est un luxe que les artistes peuvent de permettre. Mais rares sont les artistes.
Nombre de ceux qui pensent l'être n'ont jamais pensé rien qui s'approche de l'être.
Le véritable luxe ce n'est pas d'exhiber une Rolex, c'est de savoir la porter sans qu'on la remarque.
Nilo, qu'elle heure est-il ?
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Confusion dans une tasse de thé
Au dela des questionnements propres à l'artiste, la compléxité des échanges humains, tous ces non-dits, mal-dits, faussement dits, toutes ces vérités l qui rendent l'edifice tellement fragile, à reconstruire tout le temps..
et cette difficulté la, oui, nous isole finalement chaque fois un peu plus, nous fait réaliser à quel point nous sommes seuls dans nos petits mobiles, si seuls!
L'ecriture serait peut être alors une manière de projeter tout ça vers l'exterieur, comme une tentative de communion , jamais pleinement aboutie certes, avec l'autre, les autres, avec ce qui n'est pas soi.
Elle est toute proche, à côté, pas loin, de notre besoin viscéral d'être aimé.
et cette difficulté la, oui, nous isole finalement chaque fois un peu plus, nous fait réaliser à quel point nous sommes seuls dans nos petits mobiles, si seuls!
L'ecriture serait peut être alors une manière de projeter tout ça vers l'exterieur, comme une tentative de communion , jamais pleinement aboutie certes, avec l'autre, les autres, avec ce qui n'est pas soi.
Elle est toute proche, à côté, pas loin, de notre besoin viscéral d'être aimé.
_________________
LaLou
Re: Confusion dans une tasse de thé
Egalement le besoin de toucher quelque chose de plus haut en poil de rêve.
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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