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Mon vis à vis
4 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Mon vis à vis
Par souci de cohérence, vous pouvez lire la première partie de ce texte ici:
Ce fut un soir d’automne, où la douceur de l’air était particulière, agitant feuilles mortes jusque au fond de l’impasse, que d’un cœur bien léger je décidai enfin de boucler mon bagage.
Jetant sans un regret, et sans plus de façon, inutile déchet, le tableau de mon long célibat.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
Et mon petit train-train, et mes petits tracas, je les laisserai là, à portée de voisins. Ceux-là trouveront bien une autre partenaire afin de compenser mon absence au tripot, stripteasant le poker bien autrement que moi.
Et ma propriétaire, vieille dame arrangeante, conviendra, c’est certain, qu’une autre locataire brasse le jeu de carte en lisant les tarots.
Ce serait à propos.
Il est temps que je parte.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
Ayant abandonné aux ordures tous les objets témoins de mes années perdues, je pliai en vitesse un peu de linge fin, des fichus, des dentelles, et des mouchoirs dont le parfum, brodé aux quatre coins, en disait toute la finesse.
Des tailleurs à la mode nouvelle, qu’une erreur me fit trouver beaux… Il me fallut surseoir à leur destination.
J’hésitai un instant à déposer ensuite un lot de bibelots d’un goût plus que douteux, laissés à l’abandon sur un bout d’étagère. Ils finirent à la poubelle.
Foin des vieilles affaires ! Ne suis-je demoiselle ? L’heure est au renouveau. L’atmosphère s’éclaircit.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
Je m’espérais souvent, parfois m’imaginais, là, arpentant le quai un matin de rupture d’avec mon voisinage, si par un pur hasard je trouvais le courage de me fuir, de songer au futur.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
Il file à toute allure, je ne tiens pas en place.
Je vais à la fenêtre, et j’hume l’air qui vibre, me parle d’être libre, une brume tenace rafraîchissant la mine qu’arbore mon visage.
Je vois alors en songe l’étroit couloir qui mène à mon compartiment.
J’entends mes escarpins claquant de certitude sur le plancher du train qui scelle mon voyage, enfilant ses wagons.
Puis ce salon de train, où s’allonge mon pas, que j’adopte d’emblée pour ma restauration ; ainsi qu’un vis-à-vis m’offrant place et café, charmant et mal rasé, bohème de passage.
Rencontre d’un hasard un peu prémédité, à qui, je vous l’avoue, je me vois bien d’humeur à conter sans compter les déboires de ma vie, mes amours, mes cigares.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
J’aurai, par un rien de prudence, bien soigné ma toilette, chassé la plèbe de mon vocabulaire, ainsi que le grossier des traits de ma figure.
Très peu de maquillage, pour paraître mon âge.
Un cardigan de pur lainage, quelques boutons déboutonnés, mais sans soupçon d’outrage aux mœurs – il fait si chaud dans ce wagon !
Mon bagage bien lourd, et d’un luxe modeste, l’invite, c’est humain, à me donner la main afin de le hisser au dessus de nos têtes, dans le filet où s’ennuie sa valise.
Il n’y a guère d’espace, on ne va pas faire de manières.
On se serre, juste un peu, voilà tout. On s’excuse pourtant, s’amusant de ce jeu.
Après tout, ne sommes nous voisins, assis ainsi, face à face, genou contre genou, pour un bout de trajet ?
On se fera la bise, qui sait, lors d’un prochain arrêt.
À moins qu’un peu d’audace, et moins de retenue, fassent qu’un quai unique soit notre destinée.
Et ce train qui passait si souvent, et si près de chez moi, repartira bientôt pour d’autres aventures, et vers d’autres répliques que nous ne saurons pas.
Quelques pas sur l’asphalte, une halte au café de la ville, une conversation, des mains habiles se frôlant…
Une autre invitation.
Une question enfin.
Un « oui » qui attendait le moment de se dire.
Un logis, un empire, loin de la voie ferrée, pour deux cœurs solitaires, âmes sœurs, qu’une propriétaire attendait de louer.
Et puis quelques voisins.
[b]
Mon voisin
*
Mon vis-à-vis
*
Mon vis-à-vis
Ce fut un soir d’automne, où la douceur de l’air était particulière, agitant feuilles mortes jusque au fond de l’impasse, que d’un cœur bien léger je décidai enfin de boucler mon bagage.
Jetant sans un regret, et sans plus de façon, inutile déchet, le tableau de mon long célibat.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
Et mon petit train-train, et mes petits tracas, je les laisserai là, à portée de voisins. Ceux-là trouveront bien une autre partenaire afin de compenser mon absence au tripot, stripteasant le poker bien autrement que moi.
Et ma propriétaire, vieille dame arrangeante, conviendra, c’est certain, qu’une autre locataire brasse le jeu de carte en lisant les tarots.
Ce serait à propos.
Il est temps que je parte.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
Ayant abandonné aux ordures tous les objets témoins de mes années perdues, je pliai en vitesse un peu de linge fin, des fichus, des dentelles, et des mouchoirs dont le parfum, brodé aux quatre coins, en disait toute la finesse.
Des tailleurs à la mode nouvelle, qu’une erreur me fit trouver beaux… Il me fallut surseoir à leur destination.
J’hésitai un instant à déposer ensuite un lot de bibelots d’un goût plus que douteux, laissés à l’abandon sur un bout d’étagère. Ils finirent à la poubelle.
Foin des vieilles affaires ! Ne suis-je demoiselle ? L’heure est au renouveau. L’atmosphère s’éclaircit.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
Je m’espérais souvent, parfois m’imaginais, là, arpentant le quai un matin de rupture d’avec mon voisinage, si par un pur hasard je trouvais le courage de me fuir, de songer au futur.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
Il file à toute allure, je ne tiens pas en place.
Je vais à la fenêtre, et j’hume l’air qui vibre, me parle d’être libre, une brume tenace rafraîchissant la mine qu’arbore mon visage.
Je vois alors en songe l’étroit couloir qui mène à mon compartiment.
J’entends mes escarpins claquant de certitude sur le plancher du train qui scelle mon voyage, enfilant ses wagons.
Puis ce salon de train, où s’allonge mon pas, que j’adopte d’emblée pour ma restauration ; ainsi qu’un vis-à-vis m’offrant place et café, charmant et mal rasé, bohème de passage.
Rencontre d’un hasard un peu prémédité, à qui, je vous l’avoue, je me vois bien d’humeur à conter sans compter les déboires de ma vie, mes amours, mes cigares.
Et ce train que j’entends depuis longtemps passer près de chez moi sera celui de l’aventure.
J’aurai, par un rien de prudence, bien soigné ma toilette, chassé la plèbe de mon vocabulaire, ainsi que le grossier des traits de ma figure.
Très peu de maquillage, pour paraître mon âge.
Un cardigan de pur lainage, quelques boutons déboutonnés, mais sans soupçon d’outrage aux mœurs – il fait si chaud dans ce wagon !
Mon bagage bien lourd, et d’un luxe modeste, l’invite, c’est humain, à me donner la main afin de le hisser au dessus de nos têtes, dans le filet où s’ennuie sa valise.
Il n’y a guère d’espace, on ne va pas faire de manières.
On se serre, juste un peu, voilà tout. On s’excuse pourtant, s’amusant de ce jeu.
Après tout, ne sommes nous voisins, assis ainsi, face à face, genou contre genou, pour un bout de trajet ?
On se fera la bise, qui sait, lors d’un prochain arrêt.
À moins qu’un peu d’audace, et moins de retenue, fassent qu’un quai unique soit notre destinée.
Et ce train qui passait si souvent, et si près de chez moi, repartira bientôt pour d’autres aventures, et vers d’autres répliques que nous ne saurons pas.
Quelques pas sur l’asphalte, une halte au café de la ville, une conversation, des mains habiles se frôlant…
Une autre invitation.
Une question enfin.
Un « oui » qui attendait le moment de se dire.
Un logis, un empire, loin de la voie ferrée, pour deux cœurs solitaires, âmes sœurs, qu’une propriétaire attendait de louer.
Et puis quelques voisins.
[b]
Messaline- MacadAccro
- Messages : 635
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 65
Localisation : Dans une étagère
Re: Mon vis à vis
J'ai bien aimé le début de ce " départ " le rappel du train qui passe porteur " d'aventures".
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Mon vis à vis
Moi aussi j'ai bien aimé ce leitmotiv.
Et cette fin
Un « oui » qui attendait le moment de se dire.
Nilo, il faudrait que je pense à prendre le train.
Et cette fin
Un « oui » qui attendait le moment de se dire.
Nilo, il faudrait que je pense à prendre le train.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Mon vis à vis
oui comme mes camarades (macadarades??)...et ton ecriture singulière me transporte !
Vive les voyages en train. La c'est du 1ere classe!
Vive les voyages en train. La c'est du 1ere classe!
_________________
LaLou
Re: Mon vis à vis
Désolée de n'avoir pas plus tôt réagi. Merci pour vos lectures. Ce doit être mon premier happy end !
Messaline, en progrès
Messaline, en progrès
Messaline- MacadAccro
- Messages : 635
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 65
Localisation : Dans une étagère
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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