L'aube d'un jour meilleur

L'aube d'un jour meilleur


Du haut des barricades
Dressées depuis des lustres
A l'abri des lumières
Où festonnent les ombres
En nappes de festins
Sur les tables ouvertes
De ces banquets funèbres
D'après les fusillades
Ils entonnent, macabres,
Des refrains griffonnés
A la poudre à canon
Sur les trottoirs souillés
Des empreintes tragiques
Qu'ont laissés les mensonges
Des viles allégeances
Délestées, pour briller
Au revers des vestons,
Du poids de la conscience.

Les mouchoirs de dentelle
De femmes insipides
Epongent le comptoir
Des souvenirs du front
Qui coulent de leurs joues
Dans le gras de leurs rires
Sur le zinc secourable
Où viennent s'échouer
Des marins improbables
Qui n'ont connu la mer
Que sur un quai de gare
Qu'ils prennent pour le pont
D'un navire accosté
Où ils peuvent vomir
Leur bile et leur ennui
Au prix des quelques restes
D'un solde de tous comptes
Après que des putains
Aux yeux trop grands pour eux
Leur aient fait entrevoir
L'aube d'un jour meilleur.

C'est l'heure du repos
Et de la paix des lâches.


Nilo.

Féroce et horriblement lucide.

"Délestées, pour briller
Au revers des vestons,
Du poids de la conscience."

C'est drôle, ça vous a un petit relent "d'Amsterdam"... j'sais pas si ce sont les marins, les putains et les tables ouvertes sur fond d'hexamètres qui me font ça, mais en tout cas on est vite emporté dans une ronde infernale qui vous prend par les tripes.
On en ressort un peu plus misanthrope encore qu'à l'accoutumée... mais la musique reste en tête.

J'aime beaucoup aussi les putains "aux yeux trop grands pour eux".

Pour moi, ton poème en dit bien plus que la chanson évoquée. Il dit ce que la chanson ne dit pas, justement. Tous ces nom féminins "guerre, médaille, paix, nation, vie, mer... et tous les autres qui en découlent naturellement comme "elles" sont à l'origine du mal. Elles n'en mènent pas large sur les quais de gares, rage !

Dam.

Je trouve ce tableau terriblement humain. Un beau tableau, impressionniste. Je retrouve chez toi cette volonté de dénonciation, qui revient souvent.
Et puis aussi, bien sur, le regret de ne pas entendre une voix, et de la musique. Car, dans la forme, c'est une chanson, à mon avis. T'as pas un cuivre et une guitare qui traine ?

Messaline, aspirante chœurs

De l'avis de Mess : une chanson !
Pourquoi ?
pour le rythme sans doute déjà, la forme et oui quelques mots qui nous ramènent vers d'autres chansons.

Lire, apprécier et se taire !

H.

Que dire ?
Que je ne sais pas chanter.

Nilo, demain peut-être.

Je ne suis pas originale mais je suis d'accord ! Ton texte en chanson serait un beau voyage...
Fort, puissant, imposant, tout en gardant cette finesse de mots ciselés et d'images presque tendres....
Bravo Nilo.

wow! ça c'est du Nilo, retrouvé au fond des ruelles de macadam.