Voyage en solitude

Ce soir la route pèse.

Obstinément,
Mes pieds recrus grignotent ce chemin
Où déjà se prosternent
Quelques ombres confuses.

Je marche dans les herbes
Qui palpitent aux abords du fauve des collines
Où chatoie le brasier du solstice mourant.

Apprivoiser l'instant est mon humble dictame
Ma chétive prière.
Délestée
Je plonge en solitude
J'effleure l'essentiel.

Énigmatiques,
Des châtaigniers s'allongent
Et saupoudrent la brume
Du parfum nonchalant
De leurs fleurs effilées
Aux phalanges d'artiste.

Je hume
J'aime
J'existe
Et s'enroule à mes jambes la tiédeur du sentier.
Mon silence s'ébruite en longs frissons d'argile
Sous mes pieds alanguis.

À petites foulées,
Farouche et attentive
J'arpente mon présent.

Derrière mon dos
Mon pas s'étire en d'immenses racines
- Chimères tourmentées -
Qui hantent mes talons comme un chien trop fidèle.

Tout en bas de mon ciel,
Sous les derniers sanglots du jour,
La plaine sanguine
Déborde ses limites
Se mamelonne
En rouges inconstances.

Ça et là,
Quelques bosquets joufflus
Déjà ensommeillés
Marmonnent et soliloquent
Leurs litanie d'autan
En troubles chuchotis.

Je marche.
La ferveur se dévide en lames sous mes pieds.

Furtive je m'immisce
Dans cet envoûtement.
Je capture les soupirs
Du temps qui se repose.

Mon voyage s'allège
S'imagine
Se délivre
Et me révèle un monde
Qui ne dissone plus.

Oh oui... J'ai aimé celui-là. Je m'y suis accrochée, je l'ai senti, ressenti de toute mon âme.
Une jolie ballade que je veux faire encore, parce qu'il fait bon se balader sous les marronniers un jour de brume.

moi aussi j'ai aimé ce texte tout en douceur et rondeurs, porté par le vent léger sur la tiédeur du sentier.
Et oarticulèrement cette
capture [des] soupirs
Du temps qui se repose

Nilo, marathon man.

Belle balade, que je refais ce matin, pour encore m'imprégner de ces descriptions qui oscillent entre le paysage extérieur et les tourments intérieurs. J'ai apprécié la justesse du mot, et la musicalité. Merci Tinuviel.

Messaline